Les résultats finaux de l’élection présidentielle, tenue dimanche 23 novembre, sont les suivants: Béji Caïd Essebs : 39,4%, Moncef Marzouki, 33,4%, Hamma Hammami, 7,8%, Slim Riahi, 5,8% et Hechmi Hamdi 5,8%.
La montée subite de Marzouki, surprenante? Non pour ceux qui connaissent les liens étroits qu’il entretient avec la confrérie islamique. Ennahdha a besoin de Marzouki à la tête de la présidence de la République, Marzouki a besoin d’Ennahdha pour se maintenir à son poste. Le secret de cette liaison dangereuse? Des intérêts communs à préserver ou de lourds secrets qu’ils supportent ensemble…
N’est-ce pas le mouvement islamiste Ennahdha qui a désigné Marzouki président en 2011 avec tout juste 7.000 voix! Lui qui a insulté les Tunisiens, les traitant d’ignares et d’inconscients quant à leur appartenance africaine, lui qui a accueilli les bandits des grands chemins LPR et Co au Palais présidentiel, lui qui a désacralisé Carthage et qui a traîné dans la boue l’image de la Tunisie à l’international commettant impair sur impair, se retrouve aujourd’hui favori pour de nouveau occuper et cette fois-ci pour de bon le Palais de Carthage.
Le provisoire qui a trop duré (presque 4 ans) durant lesquels, il n’a fait que des bêtises, pourrait se retrouver aujourd’hui élu pendant 5 ans et Dieu sait ce qui pourrait arriver à notre Tunisie pendant ce temps. Imed Dghij pourrait peut-être devenir son conseiller sécuritaire et la journaliste d’Al Moutawassit (qui a menacé la Tunisie d’un bain de sang s’il n’est pas élu président) pourrait être sa conseillère en communication!
Que s’est-il passé? Qu’est-ce qui a changé les donnes entre les élections parlementaires et celle présidentielle? Ce sont peut-être les fausses promesses d’une Faculté de Médecine à Médenine, d’une clinique pour le traitement du cancer à la «Hamma» ou encore des projets gaziers à Tataouine! Du leurre, rien que du leurre et la logique du troc qui est, paraît-il, culturelle, chez certains: «Si vous m’accordez vos voix, je vous promets que je pèserais de tout mon poids en tant que président pour implanter des mégaprojets dans vos régions». Si ce n’est que Marzouki avait déjà promis et n’a rien réalisé. Il avait consacré son séjour carthaginois à écrire des ouvrages et à détériorer la politique étrangère de la Tunisie.
Pire, les votants ne savent pas que la réalisation des projets en question ne relève pas des prérogatives du président de la République mais plutôt de celles du gouvernement où BCE détient la majorité.
Le candidat CPRiste offrent du rêve comme il l’avait fait auparavant. Un rêve qui s’est transformé en un cauchemar appelé terrorisme, soldats brûlés vifs et attentats! Ce qui a eu des conséquences graves sur l’économie et l’arrêt de tout investissement national ou international.
Pendant son exercice, M. Marzouki n’a pas été rassurant mais alors là pas rassurant du tout et les Tunisiens ne pourraient pas se nourrir ou nourrir leurs familles du commerce des droits de l’homme! Mais ils votent quand même Monsieur Droits de l’homme. Bizarre!
On n’a pas voté Marzouki, c’est Ennahdha qui a été votée!
Mais il n’a pas été seul dans cette bataille présidentielle car il a été soutenu jusqu’au bout par les islamistes. Selon certains témoignages de personnes qui avaient surveillé l’élection présidentielle, les observateurs d’Ennahdha lors des élections parlementaires sont devenus ceux de Marzouki cette fois-ci! Ceci était attendu. Les pratiques de la confrérie ne changeront jamais, ils sont passés maîtres dans le jeu de l’hypnose, du double langage et de l’hypocrisie politique. Dans leur culture n’y a-t-il pas des justifications vertueuses à leurs pratiques amorales? «Al harbou khid3a» (La félonie et la ruse sont halal en temps de guerre). Le subterfuge a bien eu lieu. Contrairement à ce qu’avaient cru des milliers de Tunisiens quant à la neutralité du parti islamistes, il n’en avait été rien dans la réalité. Le mouvement Ennahdha, fin stratège, a procédé de la même manière qu’en 2011 en dispersant les voix. Parmi les candidats à la présidentielle, nombreux sont ceux qui entretiennent avec le parti de bonnes relations basées sur l’échange de bons procédés. Nous ne citerons pas leurs noms mais nous espérons qu’ils n’ont pas vendu la Tunisie pour pas cher!
Quant au déroulement des opérations ce dimanche, eh bien, il était clair que les militants nahdhaouis devaient se tenir prêts à réagir dès que les tendances commenceraient à se dessiner. Le parti canapé, rassuré et convaincu par les déclarations tonitruantes des leaders de Nidaa Tounes, a préféré se la couler douce pendant la journée. Les premiers indices donnant BCE pour presque gagnant, Ennahdha a sorti son artillerie et ses activistes ont commencé à remplir les bureaux de vote à partir de 15h.
Si les tendances avaient favorisé Marzouki pendant les premières heures, Ennahdha n’aurait pas eu à jouer la comédie vaudevillesque de la neutralité. Les chiffres et les zones de vote prouvent que ceux qui ont choisi Marzouki ont été tous des nahdhaouis. Maintenant Marzouki sait que c’est grâce aux consignes du parti islamiste qu’il a aussi bien progressé. Ennahdha le tient à mort! Elle pourra faire de lui ce qu’elle veut, il est son otage!
Mais le plus malheureux dans ce face-à -face Béji Caïd Essebsi/Marzouki est le trop d’assurance, d’arrogance et de suffisance affichées par certaines figures de Nidaa Tounes qui sont tombés dans le triomphalisme facile. Tout comme la campagne présidentielle BC/BG menée sans accorder trop d’intérêt aux quartiers populaires et au peuple. Ce peuple qui a besoin de voir son futur président lui parler, le rassurer et le convaincre.
Ils ont également sous-estimé leur principal rival et sont tombés dans les déclarations au coup par coup.
Le peuple tunisien, fatigué de plus de trois ans de joutes politiques, est devenu allergique aux vaniteux. Il fallait se montrer modeste et mettre en avant les enjeux socio-économiques et les risques sécuritaires pour secouer les neutres politiquement et les indifférents. Car la Tunisie risque gros, sur tous ces fronts si ce combat pour la présidence continue. Et c’est ce qui vient d’arriver grâce à ceux qui préfèrent les allégeances aux personnes à celles à la patrie!
Le mouvement Ennahdha aurait même distribué, selon Tunisie Secret qui a recueilli l’information sur le journal Mondafrique, une circulaire interne appelant ses disciples à voter en faveur du président provisoire sortant, Moncef Marzouki. Nous pouvons y lire: «Des révélations de René Naba, notre ami chroniqueur et animateur du site “Madaniya.info“, publie cette circulaire secrète. Notre confrère Mondafrique se l’est procurée». Il y serait stipulé: «En dépit des périls qui planent sur lui, le mouvement se voit contraint de donner des instructions à ses membres engagés en vue d’orienter SECRETEMENT les partisans, dans un sens qui sert les intérêts du pays et les serviteurs de Dieu. Conformément aux prescriptions des Oulémas qui nous commandent de VOTER EN FAVEUR DU CANDIDAT MONCEF MARZOUKI, de le soutenir et de lui accorder notre plein appui en vue d’emporter le siège de la présidence, en surmontant les différends dans l’intérêt supérieur des musulmans et de la Tunisie… Le devoir d’obéissance commande de mettre en application ce qui a été décidé, en veillant à MAINTENIR SECRETE CETTE INSTRUCTION, de mettre en relief la position publique du mouvement, de considérer cette obligation comme un IMPERATIF DE SURVIE, de ne pas s’abstenir de voter et de s’abstenir totalement de répliquer à toute déclaration émanant de son entourage (ils parlent du CPR) contre le mouvement. Le sujet a été étudié et des frères sont en rapport avec lui. Le bureau central des élections publiera ultérieurement des instructions au titre de l’orientation et de l’organisation et il incombe à tous de s’y conformer dans l’intérêt supérieur du mouvement et du pays».
Finalement BCE est en tête du peloton mais les véritables gagnants de ce premier tour sont Ennahdha et Marzouki. Le parti islamiste entrera-t-il dans le jeu des enchères?
Rien d’étonnant. Le mouvement Ennahdha s’est servi de la religion pour s’emparer du pouvoir. Le respect de ses engagements pour la préservation des hauts intérêts de la Tunisie n’a jamais représenté un souci majeur pour lui. En témoigne son passage catastrophique au pouvoir où les Tunisiens ont, pour la première fois, vécu les horreurs du terrorisme, de l’insécurité, de la division, de la désunion et de la haine. Mais il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut rien voir et de pire sourd que celui qui ne veut rien entendre.