à Paris (Photo : Martin Bureau) |
[26/11/2014 07:45:47] Paris (AFP) “Apprendre en faisant”, telle pourrait être la devise de l’école 42, créée il y a un an par Xavier Niel, qui souhaite “former les Bill Gates de demain” dans son établissement parisien, aux antipodes du système éducatif français.
Le patron de l’opérateur Free et 9e fortune de France, a investi plus de 60 millions d’euros pour créer une école informatique, qui accueille gratuitement près de 1.700 élèves.
Situé dans le XVIIe arrondissement de Paris, le bâtiment de 4.200 m2, dont les murs sont décorés d??uvres de “street art”, ressemble à une start-up avec son architecture moderne et épurée.
Le but de Xavier Niel ? Pallier le manque de développeurs informatiques et “sortir près de 1.000 jeunes par an de la galère en leur donnant les outils pour devenir des superstars de l’informatique”, explique-t-il à l’AFP, tout sourire devant ses étudiants.
Près de 25% des élèves n’ont pas le bac, comme Adrien, 29 ans, vêtu d’un pantalon troué et d’un pull à capuche, qui a “décroché du système scolaire en première” mais a “toujours rêvé de reprendre des études”.
érence de presse à Paris (Photo : Lionel Bonaventure) |
L’école est ouverte 7 jours sur 7 et 24 h/24. Elle se répartit sur trois grandes salles, les “clusters”, où les étudiants travaillent dans une atmosphère décontractée et organisent leur emploi du temps comme ils le souhaitent.
Ici, pas de pions, de cours théoriques, ni de professeurs, mais une équipe pédagogique de 40 personnes, réunie dans le “bocal”, grande pièce en verre, qui dispose “même de matelas pour faire une sieste”, ironise Xavier Niel, que tous saluent avec simplicité.
Des rires fusent de la salle de jeux vidéos tandis qu’un groupe discute au calme sur la terrasse de la cafétéria aux chaises colorées.
“Nous ne sommes pas là pour transmettre du savoir, les étudiants apprennent à coder tout seuls, en faisant des erreurs”, insiste Kwame Yamgnane, le directeur général adjoint de l’école, arborant un T-shirt noir estampillé 42.
Les étudiants doivent résoudre des problèmes seuls ou en groupe, ils se notent entre eux et leur scolarité dure entre deux et cinq ans “en fonction de leur progression”, ajoute-t-il dans l’ascenseur qui ressemble à une discothèque tant la musique y est assourdissante.
– Êtes-vous nés pour coder ? –
La seule exigence pour intégrer l’école 42: avoir entre 18 et 30 ans… et être “born to code” (né pour coder), comme on peut lire sur le site de l’école.
Les candidats (15.000 cette année) passent un premier test en ligne, puis vient le redoutable test de “la piscine”, le grand bain du codage: pendant quatre semaines ils travaillent 15h par jour pour résoudre des problèmes. Au final, 900 d’entre eux seront sélectionnés.
“Avec du recul, c’était une belle épreuve”, se souvient Marie, 29 ans, une des rares jeunes femmes de l’école. “Il fallait s’entraider et ceux qui étaient trop +perso+ n’ont pas été retenus”.
En sortant de l’école, les élèves espèrent décrocher des postes de chefs de projet informatique, de développeurs web ou créer leur propre entreprise.
C’est le cas d’Eliott, 24 ans, lunettes de soleil sur le nez, qui souhaite créer sa “boîte dans le social marketing d’ici trois ans”.
Ombre au tableau, l’école n’est pas reconnue par l’Etat.
“Nous sommes loin du modèle classique et si nous devions délivrer un diplôme nous aurions beaucoup de contraintes”, explique Xavier Niel.
Un écueuil qui inquiète Luc Naceur, directeur de l’école d’informatique concurrente Eni. “C’est très bien de donner sa chance à tout le monde, mais pour intégrer les grands groupes, un diplôme est indispensable”, indique-t-il à l’AFP.
Mais l’argument est vite balayé par Xavier Niel qui assure que “beaucoup d’entreprises ont déjà manifesté leur intérêt” pour ses étudiants. “Certaines veulent même garder nos élèves actuellement en stage”, glisse-t-il avec fierté.
Cela pose aussi un problème financier car les étudiants ne sont pas éligibles aux bourses d’Etat et certains, comme Eliott, originaire de Marseille, doivent travailler à côté.
Les élèves, eux, ne semblent pas préoccupés et misent, à l’instar d’Adrien, “sur le réseau de l’école pour trouver du boulot”.