Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, s’inquiète de l’absence de visibilité politique dans notre pays et qui se traduit sur terrain en une paralysie économique. Aucun investissement à l’échelle nationale et/ou internationale, aucune certitude quant à la fin d’une transition qui n’a que trop duré. Les préoccupations de la présidente du patronat semblent être des plus légitimes dans un contexte où l’instabilité sociale le dispute aux risques sécuritaires et à une récession économique.
Entretien :
WMC : Vous avez déclaré récemment que le second tour de la présidentielle devrait être avancé car l’incertitude est en train de nuire à l’économie. Pourquoi cette déclaration?
Wided Bouchamaoui : Je l’ai toujours dit et je le répète: il est temps de se remettre au travail… Notre pays a besoin de tourner la page des élections et de se concentrer beaucoup plus sur les dossiers urgents encore en instance, dont bien évidemment l’économie.
Certes je me réjouis, comme tous les Tunisiens, de la réussite des élections législatives et du premier tour de l’élection présidentielle, mais je crois que les échéances électorales ne doivent pas durer encore longtemps.
Le parachèvement de ces échéances dans les plus brefs délais permettra, en fait, de passer au plus vite à l’action au niveau de l’instauration des nouvelles institutions, le démarrage du redressement économique, et aussi le lancement des réformes tant attendues dans les différents domaines.
Quelles sont les conséquences de ce manque de visibilité politique sur l’économie?
Eh bien c’est simple. Il suffit de faire un petit clin d’œil sur la Bourse de Tunis par exemple pour s’en apercevoir.
On ne peut concrétiser la relance de l’économie nationale en l’absence d’une visibilité sur l’avenir politique du pays. Et pour être sincère, on ne peut pas demander aux investisseurs étrangers de venir investir et s’installer chez nous alors qu’ils n’ont pas encore une idée claire sur cet avenir politique. On a beau leur parler des différents avantages économiques de la Tunisie, cela n’est pas suffisant.
Quel rôle pourrait jouer l’UTICA pour préserver le tissu entrepreneurial loin des joutes politiques?
A l’UTICA, nous n’avons cessé de répéter que nous sommes apolitiques, mais la politique nous intéresse compte tenu de son impact direct et immédiat sur l’économie.
En tant que représentante des chefs d’entreprise, l’UTICA a toujours veillé à transmettre les doléances de l’entreprise aux hommes politiques. Et c’est d’ailleurs à cette même fin que nous avons reçu les principaux partis politiques avant l’ouverture de la campagne électorale.
Nous gardons la même distance de tous les partis politiques, et nous avons de bonnes relations avec toute la classe politique, car nous nous considérons comme une force de proposition, et nous n’épargnons aucun effort pour contribuer activement à la relance et au développement de l’économie nationale.