ésident de la Commission européenne Jean-Claude Juncker devant le Parlement européen, le 26 novembre 2014 à Strasbourg (Photo : Frederick Florin) |
[27/11/2014 12:16:24] Strasbourg (AFP) Le Parlement européen a massivement rejeté jeudi une motion de censure contre la nouvelle Commission présidée par Jean-Claude Juncker, déposée par les élus europhobes après les révélations sur le scandale d’évasion fiscale LuxLeaks.
La motion, présentée par le groupe EFDD (Europe de la liberté et de la démocratie directe) du leader de l’Ukip britannique Nigel Farage, a recueilli 101 voix, contre 461 et 88 abstentions.
Ce score est meilleur que celui recueilli par M. Juncker lors de l’investiture de son équipe par le Parlement européen, le 22 octobre. La Commission avait alors été investie par 423 voix, contre 209 et 67 abstentions.
La censure, que soutenaient également les élus du Front national français et les Italiens du “Mouvement Cinq Etoiles”, n’avait pratiquement aucune chance d’être adoptée: les europhobes ne disposent que d’une centaine de sièges sur 751, loin de la double majorité nécessaire (376 voix représentant au moins les deux tiers des suffrages exprimés).
Lors du débat lundi, M. Juncker, ancien Premier ministre du Luxembourg, s’était de nouveau engagé à ce que son équipe lutte contre l’évasion et la fraude fiscales. Il avait également appelé les europhobes à cesser de l'”insulter”.
Moins de quatre semaines après son entrée en fonction, la Commission Juncker a donc passé avec succès un premier écueil symbolique, grâce au soutien des conservateurs, des socialistes et des libéraux. Cette offensive a toutefois permis aux europhobes – qui ont effectué une nette percée lors des dernières élections européennes en mai dernier – de montrer leur capacité à se fédérer.
-“pétard mouillé” –
M. Farage et la présidente du FN français Marine Le Pen “révèlent finalement leur relation cachée et le fait qu’ils suivent la même stratégie populiste”, a fustigé le leader des élus libéraux Guy Verhofstadt.
Cette motion “n’était qu’un pétard mouillé”, a commenté après le vote l’eurodéputé conservateur français Philippe Juvin, dénonçant un “vulgaire coup politique” orchestré “à des fins démagogiques” par des “partis populistes”.
Cet épisode démontre que “les eurosceptiques sont inutiles”, puisqu’ils ne proposent “que la destruction de l’Europe au mépris des citoyens”, a analysé de son côté le socialiste belge Marc Tarabella. Pour lui, les europhobes veulent “prouver que l?Europe est ingouvernable, ingouvernabilité qu’ils auront eux-mêmes générée afin de s’en nourrir électoralement”.
L’extrême gauche, qui avait un temps également tenté de déposer une motion de censure contre la Commission Juncker, n’a finalement pas voté le texte, afin de ne pas associer ses voix à celles de l’extrême droite.
Il s’agissait de la 8e motion de censure contre la Commission européenne soumise au vote des eurodéputés depuis 1990. Toutes ont été rejetées.
En mars 1999, la Commission présidée par le Luxembourgeois Jacques Santer, mise en cause dans un scandale impliquant la commissaire française Edith Cresson, avait préféré démissionner devant la menace d’une censure par le Parlement.