une semaine de mobilisation des trois grandes organisations patronales (Photo : Jacques Demarthon) |
[28/11/2014 14:25:51] Paris (AFP) Phénomène rare, une partie des patrons descendra dans la rue lundi, premier jour d’une semaine de mobilisation des trois grandes organisations patronales décidée en commun mais menée séparément contre “30 années” d’une politique qui a, selon elles, “bridé” l’économie.
“Notre économie va mal. Elle est bridée par 30 années d’une politique qui a progressivement étouffé les entreprises de toutes tailles par une accumulation de charges, de contraintes, de taxes et de sanctions”, ont expliqué le Medef, la CGPME et l’organisation représentative des artisans et commerçants de proximité, UPA, en annonçant leur mouvement à la mi-novembre.
Les trois organisations, qui parlent rarement à l’unisson, affichaient en une phrase par ce “de toutes tailles” une volonté d’unité et, par “30 ans”, celle d’éviter que leur mouvement ne soit considéré comme politiquement marqué.
Les méthodes choisies pour se faire entendre sont en revanche très différentes et la semaine sera ouverte par la confédération des petites et moyennes entreprises, la CGPME, avec un défilé lundi à partir de 10H00, à Paris pour ceux de la moitié nord, et à Toulouse pour les entrepreneurs du sud de la France. Du jamais vu de la part de cette confédération depuis l’introduction de la semaine de 35 heures de travail au tout début des années 2000.
étaire général de la CGPME, Jean-Eudes du Mesnil, le 4 juillet 2013 à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
Ce mode d’expression est décrié par le Medef et exclu par l’Union professionnelle artisanale (UPA), à l’exception pour cette dernière de quelques rassemblements (sans défilés) dans plusieurs grandes villes.
La CGPME a choisi un langage imagé en adoptant le slogan “PME/TPE CadenASSEZ! Libérez nos entreprises!” et en demandant aux manifestants de se munir d’un cadenas. “Les cadenas, c’est à la fois une déclaration d’amour et en même temps un moyen, quand vous êtes liés, de ne pas pouvoir s’en sortir”, a expliqué à l’AFP le secrétaire général de la CGPME, Jean-Eudes du Mesnil, dans une allusion au “j’aime l’entreprise” du Premier ministre Manuel Valls.
“On apportera les clés pour montrer qu’on a les clés pour sortir des difficultés que connaissent les entreprises”, a-t-il ajouté, des propos que tient régulièrement le président du Medef Pierre Gattaz pour signifier que croissance et emplois viendront des entreprises.
-Marche sur Bercy-
ésident de la CGPME, Jean-François Roubaud, le 26 août 2013 à Paris (Photo : Bertrand Guay) |
Le cortège de Paris, pour lequel la CGPME attend entre 2.000 et 3.000 personnes, dont 35 autocars de province, partira de la place Félix Eboué, dans le 12e arrondissement pour s’arrêter environ un kilomètre plus loin devant “Bercy”, la gigantesque forteresse de béton qui abrite au bord de la Seine les ministères chargés de l’économie. Là, le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, “dûment cadenassé par nos soins”, prendra la parole, prévient l’organisation.
A Toulouse, où 1.500 personnes et 35 cars sont attendus, le cortège quittera la place du Salin pour se rendre à la Préfecture.
L’enchevêtrement des fédérations professionnelles est tel en France que, de fait, un nombre important de grandes organisations professionnelles adhérentes au Medef seront dans la marche, car membres aussi de la CGPME.
à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
“Il y a une exaspération des chefs d’entreprise et une souffrance face à une situation économique très difficile”, explique M. du Mesnil qui insiste sur trois points: “le compte pénibilité, l’interdiction d’embaucher quelqu’un moins de 24 heures par semaine et l’obligation d’informer les salariés en cas de cession d’entreprise”. “On ne sait pas les appliquer”, dit-il.
L’UPA écrira une lettre ouverte au président François Hollande le 2 décembre et fera faire un tour de France à un autocar bariolé de ses couleurs bleu, rouge et jaune et portant le slogan +la croissance et l’emploi c’est nous!+”. “Il y a une baisse d’activité depuis le premier trimestre 2012 dans tous nos secteurs” et “une angoisse de l’avenir chez nos chefs d’entreprise, qui ont mis leurs propres deniers pour construire l’entreprise et verront leurs biens disparaître avec elle, si elle disparaît, sans avoir le filet de sécurité de l’assurance chômage”, a déclaré à l’AFP le secrétaire général de l’UPA, Pierre Burban.
Le Medef prône “une mobilisation qui se veut à la fois positive, républicaine et pédagogique” avec des réunions de militants, des témoignages vidéo sur un site dédié et une campagne sur les réseaux sociaux.