Le ministère des Affaires étrangères vient d’annuler l’obligation de visa pour les ressortissants africains des Iles Comores, Cap Vert, Guinée Equatoriale, Guinée Bissau, Namibie, Gabon, Afrique du Sud. C’est donc une révolution dans la diplomatie tunisienne depuis l’ère Bourguiba. Cependant, on ne sait pas si la règle de réciprocité est respectée. Et on se demande également pourquoi le Tchad, le Nigeria, le Cameroun et le Ghana n’en font pas partie. Pour l’instant, même si l’on ignore la logique du ministère tunisien des Affaires étrangères, il faut tout de même avouer que c’est un grand pas pour la Tunisie envers l’Afrique.
Il faut savoir que la politique des visas n’émane pas en Tunisie du ministère des Affaires étrangères ni de celui de la président de la République, mais plutôt du ministère de l’Intérieur, et ce par une approche administrative, dont les fondements datent de 1967 et qui n’ont pas été changés ou remis à jour jusqu’à aujourd’hui. Nous l’avons ici même écrit à plusieurs reprises, notamment depuis la révolution du 14 janvier 2011.
D’ailleurs on s’attendait, à l’occasion de l’installation de la BAD en Tunisie, il y a 15 ans, la levée -du moins partielle- de ces visas. Or rien n’a été fait depuis et même la venue d’un président pro-africain à Carthage pendant 3 ans n’a rien changé dans la pratique, et ce malgré, il faut l’avouer, un discours pro-africain et une tournée en Afrique réussie en juin 2014.
On reste dans les paroles et le discours et rarement dans la pratique et l’action. Sinon comment explique que la Tunisie impose le visa à des pays avancés et ne présentant aucun risque politique ou sécuritaire, comme la Chine, l’Inde, Hong Kong, ou Singapour?
Or, pour certains de ces pays, il n’existe pas une restriction de visa pour les Tunisiens, à l’instar de Macao ou Hong Kong? Allez comprendre la logique de la diplomatie tunisienne.
Mais ce qui fait rire davantage dans cette histoire, c’est l’absence d’informations précises au ministère des Affaires étrangères sur leur portail.
En ce lundi 1er décembre 2014, nous avons essayé de les contacter afin d’avoir des réponses sur deux questions: s’agit-il d’une levée de visa pour les diplomates ou les simples voyageurs? Y a-t-il une réciprocité pour les voyageurs tunisiens?
Nous sommes tombés sur le responsable du Département Afrique au MAE qui nous a répondu ne pas avoir les réponses à nos deux questions.
Alors, on lui a demandé à qui faut-il s’adresser donc: au ministre en personne ou à la présidence de la République? La personne ignore.
Alors, nous avons tenté de joindre quelques ambassades africaines accréditées en Tunisie pour en savoir plus. La réponse de l’ambassade du Gabon, à titre d’exemple, a été claire et nette : «le visa est toujours nécessaire pour tout Tunisien souhaitant se rendre au Gabon, mais sa levée est en cours d’étude».
Qui peut nous dire plus?