L’ancien ministre du Transport et de l’Economie dans le –deuxième- gouvernement de transition dirigé par Mohamed Ghannouchi, et président du parti Afek Tounes, trouve «normal» que «l’Etat ait été dirigiste après l’indépendance». Mais pour lui, il est aujourd’hui grand temps de changer de cap.
«Notre économie est dans un autre temps. Elle est trop protectionniste». Ayant établi ce constat, du haut de la tribune du Forum d’affaires Diamed, organisé jeudi 27 novembre 2014, par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT), présidée par Tarek Chérif, et l’Agence pour la Coopération internationale et le développement locale en Méditerranée (ACIM, basée à Marseille), Yassine Brahim recommande de «libérer l’économie».
Ce politicien –récemment élu à l’Assemblée du Peuple-, doublé d’un homme d’affaires et d’un nageur (il a été champion de Tunisie et du Maghreb dans les années 80), se désole que la Tunisie se soit, au cours des dix dernières années, «engouffrée davantage dans le protectionnisme», alors que d’autres pays, y compris dans notre région, aient «su profiter de la mondialisation» pour croître fortement sur le plan économique.
Avant le 14 janvier 2011, «on a soigné les apparences; mais on n’a pas libéré le pays et l’économie», analyse le président d’Afek Tounes. Car le système en place avait pour but de «protéger la kleptocratie». Mais «ce système est tombé». Et «il est grand temps de se libérer du joug du protectionnisme» pour «libérer les énergies».
Pour ce faire, le service public «doit passer à l’esprit de la liste négative» selon lequel «tout ce qui n’est pas interdit est autorisé». Car «les autorisations finissent par démobiliser les initiateurs de projets».
Selon Yassine Brahim, la liste négative présente l’avantage de «faire passer la pression du bon côté, de l’administration qui est là pour servir».
Mais pour que ce nouveau système puisse réussir, il faut d’abord, averti le président d’Afek Tounes, «être rigoureux dans le contrôle et ferme dans les sanctions. L’administration n’est là que pour appliquer la loi».
Ensuite, le pays doit disposer d’une infrastructure de qualité. Or, dans ce domaine, la rapidité de réalisation n’est pas au rendez-vous, regrette l’ancien ministre. «Dans la logistique, par exemple, nous avons des projets, mais trois ans après rien de démarré». Et s’il admet que les difficultés des trois années écoulées sont imputables, en partie, à l’instabilité politique, Yassine Brahim pointe du doigt également l’«incompétence dans l’exécution qu’on ne doit plus vivre».