étrolière à Orinoco (Vénezuela) 28 juillet 2011 (Photo : Ramon Sahmkow) |
[03/12/2014 08:01:42] Caracas (AFP) Ils ont du pétrole, mais pas les finances des pays du Golfe pour résister à une chute des cours : Venezuela, Nigeria, Russie et Iran sont les parents pauvres de la production de brut, fragilisés dès que les prix baissent.
Si l’Opep a décidé de maintenir sa production, entraînant une nouvelle dégringolade du baril, c’est uniquement sous la pression de ses puissants membres du Golfe, qui veulent enrayer l’essor du pétrole de schiste.
Les autres producteurs souhaitaient faire repartir les cours car leurs budgets sont entièrement construits autour de cette matière première et, à l’inverse des pays du Golfe, ils n’ont en général pas de fonds souverains pour amortir les variations des prix.
La décision de l’Opep “augmente les risques de troubles dans les pays membres qui n’ont pas les réserves financières nécessaires pour résister à cette guerre des prix”, observe James Williams, économiste spécialisé dans l’énergie chez WRTG Economics, et “c’est clairement un désastre pour le Venezuela”.
“Les exportateurs de pétrole comme le Venezuela et le Nigeria ont besoin d’un cours supérieur à 100 dollars par baril pour que leur budget national soit équilibré”, précise la maison de courtage Xzarnikov.
Mais le baril, à Londres comme à New York, est passé sous les 70 dollars.
– Risque de défaut –
Le Venezuela, perçu comme le plus fragile des producteurs de pétrole, a annoncé dès vendredi des coupes budgétaires.
Même s’il abrite les plus importantes réserves de brut au monde, ses finances sont en piteux état car il dépend fortement de ses revenus pétroliers, qui apportent 96% de ses devises.
“La chute des prix du pétrole rapproche encore plus le Venezuela du défaut de paiement”, juge David Rees, analyste de Capital Economics, car “le gouvernement n’a pas d’économies provenant du boom des prix du pétrole dans la dernière décennie”.
étrole dans le delta du Niger le 22 mars 2013 (Photo : Pius Utomi Ekpei) |
Même inquiétude de la part d’Oliver Jacob, analyste chez Pétromatrix : “Venezuela est le plus faible maillon de la chaîne et les possibilités de désordre civil dans ce pays en 2015 augmentent”.
“J’ai l’impression qu’il va y avoir plus de conflictivité sociale, car il y aura plus de récession, plus d’inflation, plus de pénurie”, renchérit José Guerra, ancien cadre de la Banque centrale du Venezuela.
Autre pays en première ligne, le Nigeria. “Le gouvernement a pris des mesures dans la panique, dont une forte dévaluation du naira”, la monnaie locale, outil aussi utilisé au Venezuela avec le bolivar, raconte à l’AFP le professeur Peter Ozo-Eson, secrétaire général du Congrès du travail nigérian.
“La leçon, pour les producteurs de pétrole, c’est qu’il n’est pas très sage de dépendre d’une seule matière première pour survivre”, note l’ancien banquier Abolaji Oladimej Odumesi.
– Secours de la Chine –
L’Iran a commencé à suivre ce conseil, augmentant ses exportations non-pétrolières, dont une partie provient de produits pétrochimiques et de condensats de gaz.
“Le budget est de moins en moins dépendant du pétrole”, expliquait récemment à l’AFP l’analyste Saïd Leylaz, assurant que “le pays pourrait supporter même un baril à 75 dollars”.
Mais selon un autre analyste, interrogé par le quotidien iranien Financial Tribune, avec cette double dépendance, pétrolière et pétrochimique, le pays reste soumis à la fluctuation des prix du brut.
Le gouvernement a annoncé mi-décembre son “intention d’adopter une politique monétaire d’austérité pour l’année prochaine et augmenter l’impôt sur le revenu”.
Il semble aussi chercher du secours du côté de la Chine, qui vient d’annoncer un doublement de ses investissements. Une stratégie employée au Venezuela où, dès vendredi, une visite du ministre de l’Economie en Chine a été programmée pour “approfondir les accords économiques et financiers” existants, afin de compenser “le manque à gagner des recettes pétrolières en baisse”.
En Russie, pays non-membre de l’Opep, le pétrole apporte la moitié des rentrées budgétaires. Dès l’annonce de jeudi, le rouble a accéléré sa chute, alors qu’il a déjà perdu depuis le début de l’année plus de 40% de sa valeur face à l’euro et plus de 60% face au dollar.
Afin de réduire l’offre sur le marché, pour stimuler une hausse des prix, le ministère russe veut diminuer de 5 millions de tonnes ses exportations pétrolières.
“Avec la chute des prix de pétrole et la dette de 60 milliards de dollars du groupe pétrolier Rosneft, contrôlé par l’Etat, l’impact sur l’économie russe pourrait être lourd et entamer son potentiel d’expansion mondiale”, estime Petra Kuraliova, de la maison de courtage TradeNext.