Royaume-Uni : le déficit public persiste malgré la croissance

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à Bruxelles le 7 novembre 2014 (Photo : Emmanuel Dunand)

[03/12/2014 16:33:55] Londres (AFP) Le gouvernement conservateur britannique a dû reconnaître mercredi son échec à annihiler le déficit public, mais a assuré que le pays en pleine croissance était en grande forme économique à six mois d’élections particulièrement serrées.

Le ministre des Finances, George Osborne, a présenté à la chambre des Communes sa “déclaration d’automne”, un exercice budgétaire annuel rendu très politique cette fois-ci par la proximité des joutes électorales avec l’opposition travailliste, actuellement légèrement en tête dans les sondages.

Un dernier budget sera présenté en mars par l’équipe sortante, mais les analystes politiques s’accordaient à présenter le discours de mercredi comme la dernière occasion pour le pouvoir de prendre des initiatives économiques d’ampleur.

M. Osborne y a claironné les succès récents du Royaume-Uni, qui connaît “la croissance la plus forte parmi toutes les grandes économies avancées”, avec 3% attendus cette année quand les grands pays de la zone euro essayent d’échapper à la stagnation et à la déflation, et encore 2,4% espérés en 2015.

Il a martelé que ce dynamisme avait permis une forte réduction du chômage, actuellement mesuré à 6%.

Sur le front du déficit public, M. Osborne a en revanche dû se prêter à un véritable exercice de contorsionniste, pour expliquer en quoi sa politique d’austérité fonctionnait malgré son échec à faire disparaître le déficit public en 2015. Une promesse formulée par les conservateurs à leur retour au pouvoir en 2010.

“Le déficit a été réduit de moitié par rapport à la situation dont nous avons héritée”, a rappelé le chancelier de l’Echiquier.

En 2010, le déficit public dépassait les 10%, gonflé par des mesures exceptionnelles prises par les travaillistes alors au pouvoir face à la crise financière internationale.

Pendant l’exercice en cours (avril 2014 à mars 2015), il atteindra encore 5,0%, a néanmoins dû reconnaître M. Osborne. Le chef des travaillistes, Ed Miliband, y a immédiatement vu la preuve que les conservateurs avaient “transformé la rupture des promesses en art à part entière”.

“A mesure que les élections approchent, les Britanniques savent que lorsque le Premier ministre (David Cameron) dit quelque chose, il ne le pense pas”, a dénoncé M. Miliband, en ajoutant l’échec du pouvoir à endiguer l’immigration à la liste des engagements non tenus.

– Cadeaux fiscaux –

Stagnation de la zone euro voisine, baisse des revenus des gisements pétroliers de la mer du Nord à cause de la chute des cours de l’or noir, ralentissement du marché immobilier… les raisons avancées par le pouvoir sont légions pour justifier son échec à annihiler le déficit. Mais les travaillistes pointent avant tout une montée du travail “low cost”, accusée d’entraîner une baisse d’ensemble du pouvoir d’achat et de saper les recettes fiscales.

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à Londres le 2 décembre 2014 (Photo : Justin Tallis)

En terme de déséquilibres des comptes, le Royaume-Uni figure plutôt parmi les mauvais élèves. Dans ses dernières prévisions de déficit budgétaire publiées début octobre, le Fonds monétaire international avait estimé à 5,3% celui du Royaume-Uni pour 2014, contre 4,4% pour la France. L’Allemagne pourrait dégager un excédent budgétaire de 0,3%.

M. Osborne a donc insisté sur la nécessité de réduire davantage les dépenses de l’Etat, laissant augurer la poursuite de la politique d’austérité.

Mais il a aussi évoqué quelques recettes nouvelles, notamment une taxe de 25% sur les multinationales qui cherchent actuellement à échapper à l’impôt avec des montages fiscaux complexes. Un projet surnommé “Google tax” en référence au géant de la Silicon Valley expert en la matière.

Cette nouvelle taxe doit rapporter un milliard de livres (environ 1,26 milliards d’euros) sur cinq ans, tandis que les banques devront payer 4 milliards de livres supplémentaires pendant la même période dans le cadre d’un changement de leur règles fiscales.

A quelques encablures des élections, M. Osborne a néanmoins aussi détaillé plusieurs coups de pouce fiscaux, dont un plan d’investissement dans le réseau routier, des fonds d’urgence pour le service de santé public (NHS), des aides aux petites et moyennes entreprises et un changement de la taxation sur les transactions immobilières censée aidées les aspirants à la propriété.