Un paquebot de luxe en contruction sur les chantiers navals de Saint-Nazaire, en avril 2013 (Photo : Frank Perry) |
[05/12/2014 06:53:47] Saint-Nazaire (AFP) Poursuivant leur remontée après un passage difficile en 2012, les chantiers navals STX France à Saint-Nazaire viennent de signer une lettre d’intention de commande de 1,2 milliard d’euros pour deux nouveaux navires destinés à un armateur américain, lui assurant du travail jusqu’en 2020.
Ces deux nouveaux navires doivent être livrés à la filiale de l’armateur américain Royal Caribbean Cruises Ltd (RCCL) respectivement à l’automne 2018 et début 2020, si le financement de la commande est bouclé “d’ici deux ou trois mois”, a précisé à l’AFP le directeur général des chantiers STX France, Laurent Castaing.
Destinés à la filiale Celebrity Cruises de RCCL, ils feront 300 m de long et pourront accueillir dans leurs 1.450 cabines quelque 2.900 passagers. “Ils pourront être exploités sur toutes les mers du globe”, précise un communiqué de STX France. “Bateaux d’un très haut niveau de luxe”, ils représentent onze millions d’heures de travail, a précisé M. Castaing.
STX construit déjà pour une autre filiale de RCCL deux navires de la classe “Oasis”, les plus grands paquebots du monde: quelque 8.000 passagers et membres d’équipages, un milliard d’euros et onze millions d’heures de travail chacun.
en construction aux chantiers navals de Saint-Nazaire, en mai 2014 (Photo : Jean-Sebastien Evrard) |
La commande du premier Oasis, enregistrée en décembre 2012, alors que le chômage partiel touchait une part importante du personnel avec un carnet de commandes dangereusement vide, a marqué le retour des heures fastes des chantiers STX France, nouveau nom des légendaires “Chantiers de l’Atlantique” depuis leur rachat par les Coréens du groupe STX en 2008.
Elle marquait aussi le retour à Saint-Nazaire de Royal Caribbean Cruises, ancien client “historique” des chantiers qui avaient construit douze de leurs navires dans les années 80 et 90. Cette nouvelle lettre d’intention conforte ce retour.
Depuis fin 2012, les bonnes nouvelles n’ont cessé de s’accumuler.
Outre la levée de l’option sur le second Oasis en mai 2014, les chantiers ont enregistré en mars de la même année la commande, par l’italo-suisse MSC Croisières, autre client historique des chantiers, de deux gros paquebots, pour 1,5 milliard d’euros, assortis d’une option sur deux autres navires.
– Embauches –
Pour parvenir à ce résultat, STX France s’est notamment doté d’un nouveau portique géant qui lui permet de construire les paquebots géants de la classe “Oasis” mais aussi plusieurs paquebots plus petits en même temps.
En outre, après des mois de négociations, la direction et une partie des syndicats ont signé début 2014 un “accord de compétitivité” crucial pour remporter les commandes.
“Le carnet de commandes est bien rempli, jusqu’à 2019-2020 suivant les métiers”, a précisé M. Castaing. “On n’a pas arrêté d’embaucher depuis deux ans: 250 personnes, encore 50 dans le tuyau et a priori on va continuer”, a-t-il ajouté.
Les effectifs actuels des chantiers STX France sont de 2.400 personnes, a-t-il indiqué. La sous-traitance à pleine charge des chantiers fait en outre travailler, en plus de leurs salariés, quelque 4.000 personnes.
, en construction aux chantiers navals de Saint-Nazaire (Photo : Jean-Sebastien Evrard) |
“Entre les commandes actuelles et celle-là, ça nous assure une charge de travail pendant six ans. Une telle visibilité ne nous était pas arrivée depuis très longtemps. En septembre, on venait de clore une période de chômage partiel de 28 mois”, a déclaré à l’AFP Nathalie Durand-Prinborgne, déléguée syndicale FO des chantiers.
Joël Cadoret, de la CGT, syndicat majoritaire, a lui appelé à “rester prudent”, en attendant “des informations plus complètes”, notamment sur l’emploi.
Les chantiers sont en outre sous-traitants de DCNS pour la réalisation de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type “Mistral” vendus aux Russes, dont la livraison est suspendue en raison de la crise ukrainienne.
STX France est détenu à 66,6% par STX Europe (filiale du sud-coréen STX) et à 33,3% par l?État.
En mai 2014, la Korea Development Bank (KDB), qui avait l’intention de céder les filiales européennes du groupe sud-coréen STX en difficulté, a fait réaliser une plaquette pour démarcher des investisseurs. Néanmoins, “pour le moment nous n’avons pas eu de visite” d’acheteurs potentiels, a précisé M. Castaing à ce sujet jeudi.
“Pour nous, maintenant, la grande bataille qui continue, ce sont les énergies marines”, a-t-il souligné. “Les commandes à venir ce seront des commandes énergies marines”.