Goethe avait écrit dans son journal de voyage en Italie: «Quoi qu’on dise, quoi qu’on raconte ou qu’on dépeigne, Naples dépasse tout: la rive, la baie, le golfe, le Vésuve, la ville, les campagnes voisines, les châteaux, les promenades… J’excuse tous ceux à qui la vue de Naples fait perdre les sens».
Quoi de plus vrai! A Naples tout est sens, émotion, beauté et sentiments. Et c’est sur ce foisonnement de sensations et les dimensions esthétique et artistique que le réalisateur italien Gianluca Migliarotti a tissé la toile de fond de son du film documentaire “E POI C’E’ NAPOLI” (Et puis, il y a Naples). Soit un hommage à la tradition de l’école napolitaine de la mode pour hommes présenté par Riccardo Maria Monti, président de l’ICE (Agence italienne du commerce) lors d’une soirée dédiée au made in Italy à Naples et destinée aux représentants de la presse et aux opérateurs privés venus de Tunisie, Russie, Japon, Liban, Emirats arabes unis et d’autres pays.
Le prêt-à-porter pour Homme raconté dans un documentaire conçu dans la pure tradition du cinéma néoréaliste italien et tout au long duquel nous suivons les créateurs, les designers et les promoteurs dans leur quotidien. Le film exprime, par l’image et le son, le grand amour que les gens de mode portent à leur vocation. Il révèle aussi la splendeur de l’art de vivre italien.
Un film documentaire dont les protagonistes ne sont autres que les gens du métier. Ceux qui évoluent dans le milieu de la mode masculine. Point de scénario, rien que des témoignages romançant la vraie vie de ces personnes qui se sont consacrées à l’inventivité et l’art créant des pièces uniques destinées à des marchés niches comme c’est le cas du maroquinier Tramontano installé à Naples depuis 1865. Héritier d’un savoir-faire centenaire, il a allié l’artisanat, la tradition, le sur-mesure et la qualité. Ses œuvres sacrent la fusion de la beauté du raffinement et la robustesse, renvoyant à Hermès dans sa finesse et se plaçant au-dessus des autres grandes marques internationales quant aux styles des clients et des marchés.
A Naples, on ne baisse pas les bras, on se reconvertit
«Barba Napoli», c’est une autre histoire. Ce self made man ratisse beaucoup plus large sans pour autant que la qualité des produits en souffre. Spécialisé dans l’habillement et principalement les chemises pour hommes, ses créations ne datent pas de près de deux siècles mais se distinguent par leur originalité et leur finition. Elles portent le nom du créateur héritier issu d’une lignée de tailleurs et de vendeurs de pyjamas anéantis par la mondialisation: «Nous risquions la faillite, j’ai dit à mon père: “on achète un ou deux pyjamas par an, convertissons nos activités dans le secteur du prêt-à-porter masculin et principalement les chemises“. Aujourd’hui, nous sommes leaders dans le secteur et, fait important, 90% de nos matières premières sont de Naples et les 10% restants proviennent de coins situés à 300 m autour de Naples».
Quelle meilleure réponse à la mondialisation rampante qui a mis en faillite nombre de pays en Europe! La chemiserie de Barba 100% coton se caractérise par la qualité des tissus et pour le soin apporté par des ouvriers hautement qualifiés dans l’exécution des différentes phases de fabrication. «Il y a des coupes avec des finitions faites à la main comprenant les ourlets et les boutonnières, et il y a des coupes faites grâce à des machines très perfectionnées. Lorsque je négocie avec mes clients, je tiens à préciser quels sont les produits faits mains et ceux où il y a eu usage de dispositifs industriels. Il s’agit d’être honnête». A Naples, on ne baisse pas les bras, on se reconvertit.
Dans ce documentaire où le réalisateur a intégré toutes les valeurs prônées par les créateurs italiens du Sud dont l’harmonie et le sens du détail, on raconte la vie d’un article d’habillement depuis sa création et jusqu’à son accomplissement. C’est le fait main narré. Comment une étoffe se transforme en un beau costume par la maîtrise et l’amour de leur métier des découpeurs et les doigts de fées des couturiers (e) ou encore un bout de cuir se métamorphosant en un superbe sac et des chaussures magnifiques.
Tout cela associé à l’histoire, à l’art et au talent oh combien riches de Naples. Naples, avec ses palais et des villas surplombant la Méditerranée, cathédrales et églises et les capitoles romains transformés des fois en des lieux de résidence. Naples où l’on sent au plus profond de nous-mêmes cette relation intime entre les sens et la matière, entre l’art et la nature, entre l’histoire et l’architecture.
Il faut sentir Naples avant de la comprendre, c’est ainsi que les princes de l’élégance font à Naples, ils touchent pour découvrir la qualité de l’étoffe et cette sensation nourrit leur imagination pour que leurs créations soient uniques.
A Naples, les créateurs imprégnés de leur grande civilisation suspendent le temps, se ressourcent dans leurs traditions, leur patrimoine, avant de métamorphoser la chenille en une chrysalide puis en un papillon…
La tradition les inspire, la modernité enrichit leur douce folie de la beauté de l’art et de la création. «Il y a une philosophie de la création des costumes napolitains que nous sommes fiers d’exporter, c’est un art de vivre. Nous adaptons ce que nous créons aux humeurs de nos clients, nous remettons le tissage artisanal au goût du jour. Nous réinventons continuellement l’âme napolitaine».
Entre réalité et fantaisie, art et artisanat, histoire et modernité, les couturiers, maroquiniers et créateurs italiens traversent le temps, mettent le ton et dessinent les tendances.
Quoi de plus naturel lorsque l’on a initié la renaissance et l’éveil de l’Europe à la lumière après avoir été longtemps dans les ténèbres! .