Le “made in France” appelle le gouvernement à ne pas laisser tomber la marinière

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ésente un modèle de sous-vêtements fabriqués en France au salon du MIF le 16 novembre 2014 à Paris (Photo : Eric Feferberg)

[06/12/2014 15:06:30] Paris (AFP) Les industriels du “made in France” appellent le gouvernement à maintenir son soutien après le départ de leur emblématique ministre de tutelle Arnaud Montebourg pour donner de la visibilité à une production tricolore qui séduit aussi à l’international.

“On peut changer de cheval, mais l’attelage reste le même”, assure André Bousquet le directeur général de Meljac, une société spécialisée dans les interrupteurs et les prises haut de gamme. Selon lui, l’engouement pour le “made in France” survivra à Montebourg et à ses coups médiatiques – comme lorsqu’il avait posé pour des photos, vêtu d’un pull marinière fabriqué dans l’hexagone – car “ce n’est pas un phénomène de mode”.

Même opinion pour le PDG des meubles Gautier, David Soulard, qui perçoit même une tendance récente auprès des consommateurs. “Les clients sont devenus méfiants, car il y a eu des abus. Désormais, ils ne se contentent plus du label +made in France+. Ils veulent savoir exactement où nous fabriquons nos meubles et d’où provient le bois”, explique-t-il à l’AFP.

“Nous sommes dans une nouvelle étape d’affirmation du lieu de fabrication”, constate ce dirigeant qui s’est empressé de localiser la Vendée sur les cartes de ses magasins afin de situer ses usines qui emploient 930 personnes et qui se fournissent – assure-t-il – en bois français.

A l’approche de Noël, les jouets français font aussi de la résistance face à l’avalanche de concurrents chinois, comme le confirme Franck Mathais, porte-parole des magasins La grande récrée, enseigne qui a pris l’habitude de mettre en avant les produits hexagonaux.

“Les jouets français ont représenté l’an dernier 6% de nos ventes et nous avons la même tendance cette année”, souligne-t-il. Pour lui, “les ventes sont stables, car ce sont des produits classiques qui ne subissent pas les effets de la mode”.

Pour Fabienne Delahay, la fondatrice du salon du “made in France” dont la troisième édition s’est tenue récemment à Paris, il n’y a pas de doute: “Oui, le phénomène résiste au départ de Montebourg”, assure-t-elle, en précisant: “nous avons eu cette année 300 exposants contre 200 l’an dernier et le nombre de visiteurs est passé de 30.000 à 35.000”.

– “Visibilité moins forte” –

Il est vrai que certains participants au salon se sont sentis tout de même “un peu orphelins” après le départ du ministre. “Ils se sont aperçus qu’il était le seul à s’exprimer ainsi au sein du gouvernement”, raconte-t-elle.

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à Paris, le 16 novembre 2014 (Photo : Eric Feferberg)

“La visibilité a été moins forte cette année du fait d’avoir perdu Montebourg”, confirme M. Soulard, en regrettant que son successeur Emmanuel Macron n’ait pas le fait le déplacement à la Porte de Versailles.

“Nous avons besoin d’un porte-drapeau”, insiste-t-il. Un appel relayé également par M. Bousquet: “Il faut que le gouvernement continue!”.

Car le label “made in France” ne permet pas seulement aux industriels français de se faire connaître dans l’Hexagone, il ouvre aussi des portes à l’étranger. “C’est un argument de tout premier ordre qui fait la différence à l’export”, assure le patron de Meljac.

“Nous gagnons actuellement 13% à l’exportation”, se félicite M. Soulard, dont la satisfaction contraste avec la morosité ambiante dans le secteur du meuble. “La marque France est peut-être sous-estimée chez nous, mais elle a pourtant une portée extraordinaire” à l’étranger, dit-il.

Un avantage qui n’a pas échappé à la société américaine Kohler, spécialisée dans les sanitaires. Propriétaire de la marque française Jacob Delafon depuis les années 80, elle produit depuis l’été des baignoires “made in France” dans son usine de Troyes (Aube) où elle emploie une cinquantaine de personnes.

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ère Made in France (Photo : Thomas Coex)

“Pour nous, le label +origine France garantie+ était important pour signifier notre ancrage (…) et donner des gages de qualité pour le consommateur en France mais aussi en Russie ou au Proche-Orient”, affirme Alberto Morgando, directeur marketing Europe.

Une décision qui s’avère payante pour le groupe américain, qui dispose de deux autres sites dans le Jura. “Nous connaissons une croissance sur le segment des baignoires de 4 à 5% dans un contexte pourtant difficile”.

Même si cette croissance n’est pas attribuable exclusivement au “made in France”, elle conforte Kohler dans ses choix. “Si les résultats sont positifs, comme il s’avère qu’ils le sont en ce moment, on va envisager de poursuivre cette démarche”, promet M. Morgando.