Tunisie – Tourisme : Chébika, un coin de paradis

Par : TAP

chebika_tunisie.jpgMême
si elle est délaissée par les touristes habitués de la région, Chebika, située
dans le gouvernorat de Tozeur (sud ouest), demeure toujours aux yeux de ses
habitants, «un coin paradisiaque à la féérie continue». L’espoir est grand
d’assister au retour «des amoureux de la région venant de tous les pays du
monde» et à «la fin de la crise conjoncturelle qui a touché toutes les personnes
actives dans le secteur touristique», affirme Kamel, employé dans une agence de
voyage de la région.

Il explique cet espoir par «la réussite imminente du processus démocratique
devant aboutir à l’édification d’un Etat stable et garant de la liberté et de la
sécurité”, ce qui, a-t-il dit, ne manquera pas d’encourager les touristes à
revenir nombreux à Chébika ». Et de rappeler que «la moyenne journalière de
touristes visitant l’oasis nichée dans la montagne est passée de 600 à 60
touristes seulement au cours de cette période considérée comme la haute saison
touristique dans la région ». «Même si Chébika peut assurer sa propre promotion
en tant que site unique au niveau mondial, les craintes d’ordre sécuritaire,
forcent les touristes à changer de destination et à se diriger vers d’autres
contrées», selon Kamel.

Les impacts directs se sont faits ressentir, a-t-il dit, à travers la régression
du nombre de touristes durant les trois dernières années et la hausse du nombre
d’habitants qui ont du changer d’activités (employés d’hôtels, d’agences de
voyage et guides touristiques) en raison de la détérioration de leurs revenus.

Le type de clientèle, cause de la régression des revenus

Apportant son témoignage sur la régression de l’activité touristique à Chébika,
Mustapha Ben Ibrahim, guide touristique, affirme : «actuellement, nous
constatons rarement la présence de clients venant des marchés traditionnels
comme la France, l’Italie et l’Allemagne. Nous accueillons plutôt des touristes
arrivant de la Pologne, de Russie, de la Croatie et de Roumanie qui dépensent
beaucoup moins». Mustapha considère que ce changement, au niveau de la
clientèle, a causé une baisse du revenu quotidien des guides touristiques
opérant dans la région, lequel (revenu) est passé de 50 dinars par jour en 2010,
à 20 dinars actuellement », a-t-il fait savoir.

Des rumeurs derrière la récession du secteur touristique

Par ailleurs, Mustapha a fait remarquer que l’Etat tunisien a contribué
amplement à la récession de l’activité touristique en ce sens «qu’il n’a pas
établi une stratégie cohérente pour dissiper les rumeurs et la fausse image
véhiculée sur la Tunisie, durant plus de trois ans, sur l’insécurité et autres
informations erronées”. L’orateur a évoqué, dans ce contexte, la réticence des
touristes japonais et chinois à visiter la région, alors qu’ils étaient nombreux
à s’y rendre pendant la saison hivernale, en consacrant des montants importants
pour faire leur voyage vers la région. Il a expliqué cette réticence par la
crainte de la propagation de la maladie « Ebola » en l’Afrique du nord. Les
efforts déployés pour améliorer l’image du pays et rassurer les touristes tant
sur les plans sanitaire que sécuritaire “sont infimes”, selon lui.

Am Hammouda, artisan dans la région de Chébika ne cesse de diversifier ses
produits artisanaux en utilisant des matières traditionnelles (palmier du Jerid,
JONC…) malgré la régression du nombre de clients et la diminution des
bénéfices. Il dit s’évertuer à diversifier ses produits, même après 15 ans de
métier, pour mieux se mettre au goût du jour et répondre aux exigences de la
mode. Son gain quotidien se situe actuellement «entre 10 et 20 dinars» alors
qu’il était proche de 100 dinars auparavant. Côté perspectives, Am Hammouda
affirme : je n’abandonne pas et ne change pas mon métier…j’ai un grand espoir de
voir l’activité touristique reprendre dans la région voire tout le territoire.

Les initiatives personnelles sont un must pour la reprise

Les habitants de Chbika n’ont pas imputé la responsabilité de la récession de
l’activité touristique aux gouvernements post-révolution seulement, mais
critiqué également, le manque d’initiatives privées dans la région, notamment
celles des personnes exerçant dans le domaine touristique. Mustapha Ben Brahim a
ainsi évoqué, à titre d’exemple, la création d’une page sur le réseau social
consacrée à la promotion de la région de Chébika et à la mise en exergue de la
stabilité qui prévaut notamment dans le Jérid tunisien et en Tunisie, de manière
générale. Il a affirmé que cette page a donné des résultats car “plusieurs amis
étrangers l’ont apprécié”, se sont montrés disposés à venir à Tozeur et promis
de convaincre leurs amis et proches de visiter la région.

L’orateur a appelé les personnes actives dans le secteur à innover au niveau de
leurs méthodes de présentation de la véritable situation sécuritaire qui prévaut
en Tunisie et à encourager les touristes à choisir la destination tunisienne.
Ben Brahim a recommandé aux autorités locales et centrales d’encourager les
jeunes à créer des projets touristiques et à donner un nouveau souffle au
secteur, soulignant qu’un projet qu’il comptait réaliser depuis des années ne
l’a pas encore été bien que répondant à toutes les conditions.

Pour le guide touristique Kamel, le nouveau gouvernement, devra accorder le plus
grand intérêt au secteur touristique qui constitue un pilier important de
l’économie tunisienne. Pour ce faire, a-t-il dit, il est impératif de promouvoir
la destination Tunisie et d’encourager tous les intervenants, outre la nécessité
pour l’aéroport international Tozeur-Nefta d’assurer à nouveau les vols directs
internationaux.