à la trace les joueurs sur un terrain de foot (Photo : Tobias Schwarz) |
[07/12/2014 09:19:52] Paris (AFP) Premier capteur optique, premier boîtier miniaturisé, e-textile, raquette connectée: les Français sont en pointe dans le secteur des nouvelles technologies appliquées au sport et n’ont rien à envier à leurs concurrents américains ou australiens, beaucoup plus prolixes dès qu’il s’agit de faire leur promotion.
Qui sait aujourd’hui qu’Amisco, la référence mondiale en matière d’analyse de la performance, est une entreprise niçoise créée en 1995 par Antoine David, inventeur d’un capteur optique permettant de suivre à la trace les joueurs sur un terrain de foot?
Ou que Cityzen Sciences, jeune société lyonnaise, a été choisie par le Japonais Asics pour connecter ses tee-shirts avec une méthode unique au monde qui intègre totalement les fils et capteurs électriques au textile?
“En France, on a la culture du secret”, note Thomas Otton, directeur de la communication de Babolat, marque innovante qui a lancé en 2012 la première raquette connectée permettant notamment de renvoyer des informations sur la puissance de frappe.
“C’est une culture industrielle où l’ingénieur est roi. On a peur de la concurrence, de l’échec. C’est à l’opposé du principe du +test and learn+ (tester et apprendre) en vigueur dans le secteur des nouvelles technologies. Chez nous, tant que les produits ne sont pas parfaitement finalisés, on n’en parle pas, on ne les lance pas. Mais si on ne prend pas de risque, on n’innove pas”, assure-t-il.
Babolat a rompu ce dogme en communiquant dès janvier 2012 sur l’arrivée prochaine de sa raquette, soit deux ans et demi avant son lancement. “Nos ingénieurs n’étaient pas très à l’aise, reprend Thomas Otton. Mais c’était pour impliquer nos joueurs, faire de la co-construction.”
Depuis six mois, le succès de la raquette intelligente justifie cette stratégie. 5.000 unités ont été vendues sur des marchés tests et de nombreux concurrents se sont engouffrés dans la niche.
– ‘Changer une 4e place en médaille’ –
Plus modeste que Babolat, l’entreprise Mac-Lloyd, start up parisienne de 15 salariés et d’à peine deux ans de vie, est déjà sous contrat avec quasiment toutes les fédérations olympiques françaises mais aussi des clubs de foot, de rugby et de handball.
Pour se faire une place au soleil, Mac-Lloyd a repris les technologies existantes en matière de mesures mais a optimisé leur précision et les a miniaturisées. Son boitier de 30g est vendu entre 2 et 3.000 euros avec la formation ad hoc.
Programmable à l’infini selon les besoins, l’engin peut mesurer les mouvements, les déplacements, l’accélération, les vitesses angulaires, les déséquilibres droite/gauche, le temps de contact du pied avec le sol (un bon révélateur du niveau de fatigue), la synchronisation des joueurs entrant en mêlée, l’alignement d’une défense, le mouvement impulsé à l’adversaire par un judoka, etc…
Cette technologie “peut permettre de faire la petite différence qui va changer une 4e place en médaille olympique”, selon le patron de Mac-Lloyd, Pierre-Arnaud Coquelin, à qui les fédérations françaises clientes ont fait signer un contrat d’exclusivité.
“En haltérophilie par exemple, il faut que la barre soit le plus près possible du corps lors de la levée, poursuit-il. Auparavant, il n’y avait pas d’instrument pour mesurer ce genre de choses.” Certains, pourtant, hésitent à franchir le pas.
Si Mac-Lloyd équipe l’OL ou le Racing Metro, Pierre Arnaud Coquelin reconnaît que le principe du “sport tracking” peine encore à se faire admettre. “En France, dit-il, ce n’est pas encore trop dans les habitudes. Un entraîneur va préférer dépenser 200.000 euros sur un joueur que sur un système de ce genre. On ne se gargarise jamais d’avoir gagné grâce à la technologie mais plus grâce à une stratégie.”