écialisé dans les produits chimiques pour les bâtiments (Photo : Eric Piermont) |
[08/12/2014 09:25:37] Paris (AFP) Le fabricant et distributeur de matériaux de construction Saint-Gobain a l’intention de prendre le contrôle du Suisse Sika, sans pour autant lancer une offre sur l’intégralité de son capital, provoquant l’ire de ce groupe spécialisé dans les produits chimiques pour les bâtiments.
Saint-Gobain va débourser 2,75 milliards de francs suisses (environ 2,3 milliards d?euros) pour acquérir 16,1% du capital de Sika auprès de la famille Schenker Winkler, selon un communiqué du groupe français.
L’opération lui permettra d’acquérir 52,4% des droits de vote et lui donnera le contrôle de Sika sans avoir à lancer une offre publique d’achat (OPA) qui aurait considérablement renchéri le coût de l’opération.
Saint-Gobain espère boucler l’opération, négociée dans le plus grand secret, au second semestre 2015.
“Il s’agit d’un mouvement majeur pour la mise en oeuvre de la stratégie et du renforcement de notre groupe”, a affirmé lundi le PDG de Saint-Gobain, Pierre-André de Chalendar, lors d’une conférence téléphonique.
Sika, qui emploie 16.000 personnes dans le monde, a réalisé l’an dernier un chiffre d?affaires de 5,1 milliards de francs suisses (4,3 milliards d?euros).
Saint-Gobain le présente comme le “leader mondial de la chimie de la construction et le numéro deux mondial des adhésifs et joints pour ses applications industrielles”.
Le groupe français est très clair sur le fait qu’il n’a pas “l?intention de procéder à une offre sur la totalité du capital de Sika”, en dépit du changement de contrôle de l’entreprise. La législation suisse le lui permet, contrairement à ce qui serait la règle dans de nombreux pays, dont la France.
L’acquisition de l’ensemble du groupe lui aurait coûté beaucoup plus cher dans la mesure où celui-ci vaut en Bourse 8,3 milliards de francs suisses (6,9 milliards d’euros).
L’initiative de Saint-Gobain n’a pas été appréciée du conseil d’administration de Sika, qui a rejeté son offre car n’y voyant pas “de logique industrielle”.
– ‘Eléments émotionnels’ –
Dans un communiqué, le conseil d’administration du groupe suisse indique n’avoir été informé de l’opération que vendredi soir et précise que Saint-Gobain a l’intention de le remplacer si l’opération devait aboutir.
M. de Chalendar s’est déclaré “extrêmement surpris” par cette prise de position.
“A ce stade, je ne me l’explique pas. Il doit y avoir des éléments émotionnels que je ne maîtrise pas”, a affirmé le PDG, en évoquant “un revirement d’attitude au cours du week-end que nous avons appris hier (NDLR: dimanche)”.
“La famille a décidé de vendre sa participation et a établi, pour ce faire, un processus qui était à la fois concurrentiel et confidentiel”, a expliqué le patron du groupe français.
A partir du moment où “la famille a informé le conseil et le management de la décision qu’elle avait prise”, Saint-Gobain a eu des “réunions constructives (…) en début de week-end sur le projet industriel que nous pourrions avoir en commun”, notamment avec le directeur général Jan Jenisch et le président Paul Hälg.
Mais dimanche soir, quelques heures avant l’annonce de l’opération, le conseil d’administration a fait connaître son rejet de l’opération.
Saint-Gobain s’est pourtant engagé à garder l’équipe en place et M. de Chalendar espère encore la convaincre d’ici la finalisation de l’opération, qui doit encore recevoir le feu vert des autorités de la concurrence.
Le groupe français pourra intégrer Sika “dans ses comptes avec un impact positif sur le résultat net dès la première année”, a-t-il précisé.
“L?opération devrait générer un montant de synergies de 100 millions d?euros dès la deuxième année (2017), augmenté à 180 millions d?euros par an à compter de 2019”, a assuré Saint-Gobain qui se dit convaincu qu’elle “sera créatrice de valeur à partir de la quatrième année”.
– La Bourse n’apprécie pas –
Parallèlement, le groupe français a relancé le processus de désengagement de Verallia, sa filiale d’emballage en verre, sous forme d’une cession pure et simple.
Il avait déjà finalisé en avril la cession de la branche nord-américaine de Verallia à l’irlandais Ardagh pour 1,275 milliard d’euros.
“Un processus formel et concurrentiel sera lancé sur la base des résultats du deuxième semestre, en nette progression par rapport au premier semestre, avec pour objectif de trouver, après consultation des instances représentatives du personnel, un accord avec un acheteur avant l?été 2015”, a expliqué le groupe.
“Nous avons reçu de nombreuses marques d’intérêt et nous pensons que le moment est venu”, a expliqué M. de Chalendar, qui a l’intention de céder “l’ensemble de Verallia en un seul bloc”.
Saint-Gobain avait renoncé in extremis en juin 2011 à l’introduction en Bourse de Verallia, alors que tout était prêt, en raison du gros temps qui secouait alors les marchés mondiaux.
Ces deux annonces simultanées étaient mal reçues à la Bourse de Paris où le titre Saint-Gobain perdait près de 4% dans les premiers échanges, à 35,77 euros, dans un marché en léger recul.
L’action de Sika chutait à la Bourse suisse de 11,71% vers 09H30 (08H30 GMT), dans un marché en baisse de 0,19%.