ève générale le 8 décembre 2014 (Photo : Nicolas Marterlinck) |
[08/12/2014 16:56:03] Bruxelles (AFP) La Belgique a connu lundi une nouvelle journée de grève qui a très fortement perturbé l’activité économique et les transports, notamment internationaux, dans le cadre d’un mouvement de protestation contre l’austérité qui culminera la semaine prochaine.
La tension est de plus en plus forte entre le nouveau gouvernement marqué à droite, entré en fonction début octobre, et la gauche politique et syndicale.
Les syndicats dénoncent un programme de réformes visant à réaliser 11 milliards d’euros d’économies en cinq ans, qui prévoit notamment de reculer l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans, contre 65 aujourd’hui, à partir de 2030.
Ils demandent aussi l’abandon du “saut d’index” prévu pour 2015, avec pour conséquence que les salaires ne s’aligneront plus automatiquement sur l’augmentation du coût de la vie.
Les partis de gauche, Parti socialiste en tête, appuient avec force les revendications syndicales. Ils reprochent en outre à plusieurs ministres membres de la N-VA, le parti nationaliste flamand qui domine la coalition, des liens avec l’extrême droite, ce qui renforce la polarisation droite-gauche dans un pays habitué au consensus.
La mobilisation avait commencé début novembre par une grande manifestation ayant rassemblé 120.000 personnes à Bruxelles, mais marquée par des incidents au cours desquels une centaine de policiers avaient été blessés.
Des grèves “tournantes” de 24 heures ont ensuite touché plusieurs provinces. Ce lundi, le mouvement concernait le Brabant flamand et le Brabant wallon, les deux provinces autour de Bruxelles, ainsi que la capitale belge.
Lundi prochain, c’est l’ensemble du royaume qui devrait tourner au ralenti en raison d’une grève “nationale”. Mais de nouvelles actions pourraient être organisées dès janvier “si le gouvernement met les syndicats devant le fait accompli”, a prévenu le chef du syndicat socialiste FGTB, Rudy De Leeuw.
éroport de Bruxelles le 8 décembre 2014 (Photo : John Thys) |
Lundi, près de 300 vols ont été annulés au départ et à l’arrivée de Bruxelles, soit 48% du trafic prévu, en raison notamment d’une grève des bagagistes.
Le trafic ferroviaire était également extrêmement affecté. Tous les Thalys reliant la France à la Belgique, aux Pays-Bas et à l’Allemagne ont été supprimés. Les Eurostar au départ de Londres s’arrêtaient à Lille.
– ‘Concertation’ ou ‘leurre’ ? –
“Je vais avoir quelques problèmes”, a expliqué à l’AFP un touriste italien surpris à la gare du Midi à Bruxelles. “Quelqu’un m’a dit ‘peut-être que ce serait mieux si vous attendiez demain’, mais demain, je dois travailler et je ne veux pas payer une autre nuit d’hôtel”.
“On peut comprendre que certains touristes soient un peu égarés, mais cela fait des semaines déjà que le calendrier d’action est connu”, s’est justifiée une responsable syndicale, Marianne Lerouge.
Aucun train ne circulait à Bruxelles ni dans les deux provinces. Et le mouvement devrait faire sentir ses effets jusqu’à mardi matin. Dans la capitale, tous les transports publics — métro, tram et bus– étaient à l’arrêt.
L’action a aussi perturbé la vie économique. Les grévistes avaient installé des “piquets” pour bloquer l’accès aux zones industrielles et organisé des barrages bloquants ou filtrants aux entrées de Bruxelles. Écoles et services publics étaient également affectés.
ées de Bruxelles le 8 décembre 2014 (Photo : John Thys) |
“A Bruxelles, on n’a jamais vu une telle mobilisation depuis 20 ans. Des entreprises ont fait grève pour la première fois. Des secteurs qui sont compliqués à mobiliser ont répondu à l’appel, comme les maisons de repos, les hôtels ou les banques”, s’est réjoui Nic Görtz, un responsable du syndicat chrétien CSC, le premier syndicat belge.
La Chambre de commerce de Bruxelles a déploré le blocage de la capitale, estimant à “200 millions d’euros” le coût d’une mise à l’arrêt de l’activité économique pendant une journée.
Alors que le gouvernement prône la “concertation” entre les partenaires sociaux, les syndicats dénoncent un “leurre”. “Dès que l’on aborde un sujet de discussion, que ce soit le saut d’index ou la fiscalité, on nous rétorque que la N-VA refusera toujours d’y toucher”, a regretté un dirigeant de la FGTB, Philippe Van Muylder.