écembre 2014 au Parlement, à Athènes (Photo : Angelos Tzortzinis) |
[08/12/2014 23:26:48] Athènes (AFP) Le gouvernement grec, fragilisé par le blocage des négociations avec la troïka, va devoir jouer à quitte ou double: accélérer la procédure d’élection du président de la République en espérant le succès de son candidat, avec le risque d’un échec qui entraînerait des législatives anticipées difficiles.
Tout va se jouer autour de Noël: l’exécutif a annoncé lundi un premier tour le 17 décembre pour que les 300 députés se prononcent sur le successeur du chef d’État sortant Karolos Papoulias. Deux autres tours sont prévus, le cas échéant, les 22 et 27 décembre.
Cette accélération du calendrier pour une élection qui devait se tenir en février ou en mars a été provoquée par la décision de la zone euro de prolonger de deux mois le programme d’aide dont bénéficie la Grèce depuis 2010 et qui arrive à échéance le 31 décembre.
“La période à venir est
pour empêcher l’élection du Président de la République” et de transmettre des messages d’incertitude sur les marchés”.
“L’incertitude politique doit se terminer maintenant!”, exhorte le gouvernement.
La majorité parlementaire de la coalition conservateurs-socialistes au pouvoir dispose de 155 sièges, ce qui rend quasiment impossible l’élection du président aux deux premiers tours de ce suffrage indirect qui exigent une majorité qualifiée des deux tiers des députés, soit 200 voix.
Un troisième tour est donc fort probable dans lequel le vote favorable des trois cinquièmes de l’assemblée, soit 180 voix, suffit.
– “Date piège” ? –
Mais, s’il n’y a pas d’élu au troisième tour, le parlement sera dissous dans les dix jours et les élections législatives sont organisées, dans le cas présent entre le 25 janvier et le 8 février, pronostiquent les analystes, alors que le mandat de l’assemblée court normalement jusqu’en juin 2016.
Pour atteindre 180 voix, le gouvernement du conservateur Antonis Samaras, au pouvoir depuis juin 2012, va devoir rassembler très au-delà de son parti de la Nouvelle Démocratie, chez la vingtaine de députés indépendants, ceux du petit parti de centre gauche DIMAR ou de la droite souverainiste des “Grecs indépendants”.
Pour parvenir à les convaincre de voter en faveur d’un candidat dont on ignore encore le nom, l’accélération du vote est habile, juge le politologue Ilias Nikolakopoulos: “Le gouvernement va pouvoir poser un dilemme aux indécis: +élisez le président pour permettre à la négociation avec la troïka d’arriver à son terme+”.
Le calendrier du marathon électoral grec va en effet se superposer avec la course de fond engagée pour résoudre les différends avec les bailleurs de fond du pays: d’ici fin février, Athènes et la troïka UE-BCE-FMI doivent s’accorder sur le périmètre des réformes encore nécessaires pour sortir du plan d’assistance internationale en vigueur depuis 2010.
Le FMI restera engagé jusqu’en 2016, et la mise en place d’une ligne de crédit de précaution devrait prendre le relais du plan de sauvetage pour rassurer les marchés.
“Le piège est double pour Syriza qui, s’il arrive au pouvoir en février, n’aura aucune marge de temps pour négocier avec la troïka”, avance M. Nikolakopoulos.
“a montré qu’il n’existe aucune majorité de 180 voix pour le gouvernement”.
“La décision -prise avec la troïka- d’accélérer l’élection présidentielle est une tentative désespérée de dissimuler les nouvelles mesures (d’austérité, ndlr) et un chantage au vote des députés”, ajoute-t-il.