Banques : encore trop de freins à la mobilité des usagers, selon l’UFC

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il subsiste trop de freins au changement de banque (Photo : Jean-Sebastien Evrard)

[09/12/2014 14:38:29] Paris (AFP) L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a estimé mardi qu’il subsistait trop de freins au changement de banque et compte profiter de l’examen du projet de loi Macron pour faire passer de nouveaux dispositifs facilitant la mobilité bancaire.

“Alors qu’en moyenne près de 25% des clients bancaires se disent insatisfaits de leur banque (…) seuls 3% des clients changent de banque chaque année. C’est 3 fois moins que la moyenne européenne, et 5 fois moins que la mobilité française en téléphonie ou en assurance (avant même la loi Hamon)”, souligne l’association dans un communiqué.

Parmi les freins identifiés par l’UFC: le coût du transfert de certains produits comme le PEL, la difficulté de la procédure de sortie avec notamment le transfert des virements et prélèvements, le risque de chèques impayés ou le délai de prise en compte par les créanciers type EDF, CAF ou direction des impôts.

Par exemple, entre 250.000 et 450.000 chèques sont rejetés chaque année du fait de la clôture du compte, selon l’UFC.

Si l’association note qu’une partie des freins est d’ordre psychologique, elle met en cause la “mauvaise volonté” des banques à prendre en charge la mobilité de leur client.

Le service d’aide à la mobilité bancaire, mis en place par les banques en 2009, n’a ainsi été utilisé que dans 12% des cas de changements de banque en 2012, selon l’UFC.

“Les banques font en sorte que les chaînes qui retiennent les consommateurs ne soient pas brisées, ce qui est atypique en Europe”, a estimé le président de l’association, Alain Bazot, lors d’une conférence téléphonique.

– Portabilité ? –

“Selon les chiffres de l’Euro-baromètre 2012, les Français se situent dans la moyenne de l’Europe en matière de mobilité bancaire”, rétorque Pierre Bocquet, chargé de la banque de détail à la Fédération bancaire française (FBF).

“Le bon fonctionnement du dispositif est un intérêt partagé entre la banque d’accueil et le client”, estime M. Bocquet précisant que “beaucoup de clients préfèrent faire eux-mêmes le changement”.

N’empêche que l’association, qui met régulièrement en avant les tarifs avantageux des banques en ligne dans ses classements, estime que si leur part de marché atteignait 10% (contre un peu plus de 4% aujourd’hui) cela entraînerait une baisse de tarif généralisée dans le secteur qui ferait économiser près de 2 milliards d’euros de frais bancaires par an aux consommateurs français.

“Pour faciliter le changement, il faut mettre en place la portabilité du compte: le client qui change de banque garderait son numéro de compte comme ce qui se fait pour les téléphones”, indique M. Bazot.

Si au niveau européen la question n’est pas à l’ordre du jour, l’association souhaiterait introduire cette possibilité au niveau national par le biais de la loi Macron quand elle sera présentée aux parlementaires.

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à Paris en mars 2014 (Photo : Jacques Demarthon)

L’UFC compte également sur le rapport sur la mobilité bancaire d’Inès Mercereau, ancienne dirigeante de la banque en ligne Boursorama et magistrate à la Cour des comptes, qui doit être présenté au parlement d’ici la fin de l’année.

L’association souhaite que soit créé au niveau national un numéro spécifique personnel qui servirait d’intermédiaire entre le numéro de compte et les domiciliations bancaires (virements et prélèvements automatiques).

A défaut, elle préconise un système de redirection des opérations bancaires à la manière du transfert de courrier de la Poste: l’ancienne banque redirige virements et prélèvements vers la nouvelle banque.

M. Bocquet souligne que la mise en place de solutions de portabilité, “qui ne se pratique nulle part au monde”, “serait trop compliquée au regard des normes de sécurité et incompatible avec les standards bancaires internationaux.”

Quant à la redirection, il note que “sa mise en place au Royaume-Uni en 2013 a coûté un milliard d’euros. Aux Pays-Bas, le système de redirection temporaire des prélèvements en place depuis 10 ans n’a rien changé en terme de taux de mobilité.”