Des smartphones aux montres, on est toujours plus connecté… et mesuré

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ée Samsung Galaxy Gear à Las Vegas, le 7 janvier 2014 (Photo : David Becker)

[10/12/2014 11:52:51] New York (AFP) Pouls, poids, heures de sommeil, calories dépensées… Un nombre croissant d’accessoires électroniques ont fait irruption sur le marché en 2014 encourageant l’individu à collecter des statistiques sur lui-même, et la tendance devrait s’accélérer avec l’arrivée des montres connectées.

S’auto-mesurer, on le fait depuis longtemps sur la balance de la salle de bain ou quand on utilise un bon vieux podomètre ou un stylo autopiqueur pour diabétique. La collecte de données prend toutefois aujourd’hui une ampleur et une automatisation sans précédent grâce à des appareils portés en permanence, bardés de capteurs et reliés à internet, où les informations sont stockées et analysées.

Les montres connectées (“smartwatch”) ont été les vedettes de 2014: Samsung, Huawei, Motorola, LG, Sony… se sont précipités pour occuper le terrain avant l’arrivée d’Apple, qui a annoncé une “Apple Watch” pour “début 2015”.

“Apple va aider à éduquer le marché de masse sur les raisons pour lesquelles on a besoin d’une smartwatch”, indique à l’AFP Dan Ledger, un analyste du cabinet Endeavour Partners.

– Des capteurs partout –

D’après un sondage en septembre de l’institut Gfk auprès de consommateurs chinois, coréens, allemands, britanniques et américains, 29% des acheteurs potentiels d’une montre connectée s’intéressent avant tout au suivi d’activité qu’elle permet dans le cadre d’un entraînement sportif ou d’une surveillance médicale.

Compter les distances parcourues, vérifier le pouls ou la tension, calculer les calories dépensées: c’est aussi l’objectif des bracelets électroniques de “fitness” commercialisés ces dernières années par Jawbone, FitBit ou Nike. Certains surveillent aussi la qualité du sommeil via les mouvements de l’utilisateur la nuit.

D’autres appareils corrigent la posture: le Lumo Lift de BodyTech vibre dans le dos quand on ne se tient pas bien droit, tandis que le projet de bracelet Arki, qui a déjà levé plus de 100.000 dollars sur la plateforme de financement participatif Kickstarter, est censé analyser et améliorer la façon de marcher.

Le géant internet Google travaille avec le groupe pharmaceutique Novartis sur des lentilles intelligentes vérifiant en continu la glycémie des porteurs. Des fabricants de vêtements pour sportifs ou bébés y intègrent des moniteurs cardiaques, respiratoires ou de température.

Ces fonctionnalités toujours plus sophistiquées requièrent un nombre croissant de capteurs de mouvements, de bruit, de température. Selon le cabinet de recherche IHS, le marché mondial pour ces capteurs intégrés à des accessoires connectés prêts-à-porter devrait atteindre 466 millions d’unités d’ici 2019, sept fois plus qu’en 2013. Les ventes des accessoires eux-mêmes tripleront presque sur la même période pour atteindre 135 millions.

C’est néanmoins sans comparaison avec les plus d’un milliard de smartphones qui seront encore écoulés cette année, et sur lesquels une batterie d’applications, reliées ou pas à un autre accessoire, proposent de s’auto-mesurer.

Les plus mordus peuvent même participer à des rencontres dédiées, organisées par le mouvement dit du “quantified self” (le “soi quantifié”) qui revendique “la connaissance de soi à travers les chiffres” et a essaimé sur plusieurs continents.

– Réelle utilité? –

“80% de ce qu’on voit aujourd’hui va probablement se traduire d’une manière ou d’une autre par un échec”, prévient J.P. Gownder, analyste chez Forrester, pour qui les consommateurs ne recherchent pas tant les statistiques en elles-mêmes, mais plutôt “un éclairage sur la manière de mieux vivre”.

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à Las Vegas le 7 janvier 2014 (Photo : Justin Sullivan)

Un tiers des acheteurs de bracelets fitness ont arrêté de s’en servir six mois plus tard, selon les études de Dan Ledger. “Ils fonctionnent bien pour les gens qui ne sont pas très actifs, essayent de perdre du poids… Si vous êtes déjà en forme, c’est un peu comme prendre une aspirine sans avoir mal à la tête. Ces appareils ne vont pas faire grand chose pour vous” et rapidement lasser, fait-il valoir.

L’analyste évoque surtout du potentiel à long terme, quand fonctions et formes s’amélioreront. Aujourd’hui, ce n’est “pas indispensable”, reconnaît-il. “Mais sur les 3 à 5 prochaines années, cela attirera une part plus large de la population”.

Il prédit notamment que les capteurs “vont de plus en plus disparaître dans des vêtements, des bijoux” et auront “un design plus neutre”, attractif pour les “geeks” comme pour le grand public. C’est bien d’ailleurs ce que recherchaient Google ou Intel en s’alliant cette année dans les lunettes interactives avec Luxottica, le propriétaire italien des Ray Ban.