ésentés par un diamantaire indien le 5 décembre 2014 dans son bureau à Surat, dans le Gujarat en Inde (Photo : Sam Panthaky) |
[10/12/2014 12:52:29] Bombay (AFP) L’industrie diamantaire indienne espère rapidement donner un éclat supplémentaire aux relations entre New Delhi et Moscou en convainquant la Russie d’accroître ses exportations directes de diamant vers les ateliers de taille indiens.
Vladimir Poutine arrive mercredi pour une visite de deux jours à New Delhi qui doit être marquée par la signature d’accords dans le nucléaire et le gaz naturel.
Il doit aussi assister à la World Diamond Conference qui débute jeudi dans la capitale indienne, un congrès visant à promouvoir Bombay comme place majeure du commerce de diamants.
La Russie est le premier producteur mondial de diamants bruts tandis que l’Inde, grâce à sa main d’oeuvre bon marché, taille et polit l’essentiel de ces pierres avant de les réexporter pour la fabrication de joaillerie.
Mais un cinquième seulement de la production brute part directement des mines de la Russie vers l’Inde, l’essentiel transitant vers les grands centres diamantaires que sont Anvers ou Dubaï, un circuit que l’Inde espère faire évoluer.
A Delhi, le groupe minier public russe Alrosa doit signer une dizaine de contrats long terme avec des groupes indiens, selon le conseil indien pour la promotion des exportations de joaillerie et de pierres (GJEPC).
“Nous essayons de convaincre le président russe qu’Alrosa a besoin d’accroître l’approvisionnement direct des groupes indiens, l’Inde étant le partenaire naturel des Russes”, dit le président du GJEPC Vipul Shah à l’AFP.
Poutine se rend en Inde pour la première fois depuis l’accession au pouvoir en mai de Narendra Modi.
En dépit de solides relations bilatérales, les échanges entrent les deux pays plafonnent à 10 milliards de dollars et l’industrie diamantaire semble l’un des vecteurs de croissance les plus prometteurs.
La Russie exporte pour 4 milliards de dollars de diamants bruts mais seulement 800 millions vers l’Inde directement, selon Shah, bien que 14 diamants bruts sur 15 dans le monde soient taillés et polis en Inde.
– Intermédiaires méfiants –
Selon les diamantaires, la Russie vend traditionnellement peu de diamants directement à l’Inde en raison d’obstacles bureaucratiques et fiscaux, préférant passer par des intermédiaires en Belgique et aux Emirats Arabes Unis.
Les récentes sanctions européennes prises contre la Russie et les efforts de l’Inde pour attirer les investisseurs pourraient modifier la donne.
“Il y a des discussions pour que Bombay devienne un carrefour mondial du commerce” diamantaire, a dit un haut responsable indien à des journalistes.
“La discussion porte sur le moyen d’accroître les importations de diamants bruts russes en Inde”.
é indien examine un diamant partiellement taillé dans un atelier à Surat, à 300 km au nord de Bombay, le 5 décembre 2014 (Photo : Sam Panthaky) |
Les ateliers indiens sont concentrés à Surat, à environ 300 km au nord de Bombay mais le coeur névralgique du commerce est la Bharat Diamond Bourse installée dans la capitale financière indienne depuis quatre ans.
Quelque 55.000 personnes fréquentent quotidiennement ce centre où sont installés banques, services douaniers et groupes de messagerie, tournés vers l’exportation de pierres polies, essentiellement vers les Etats-Unis, selon le président de la Bourse, Anoop Mehta.
Mais, pour Mehta, la réglementation freine le développement de l’industrie indienne.
– Zones spéciales –
Pour attirer les groupes miniers étrangers, les professionnels proposent la création d’une zone spéciale au sein de la Bourse, bénéficiant d’une fiscalité favorable, afin de permettre la vente aux enchères de diamants bruts.
“Nous aurions ainsi des diamants bruts à notre porte, ce qui nous aiderait à développer nos exportations”, dit Shah.
écembre 2014 à Surat, à 350 km de Bombay (Photo : Sam Panthaky) |
L’industrie diamantaire mondiale traverse une période agitée depuis 2008. Selon le président de la Bourse indienne, la demande est au ralenti depuis 18 mois et les prochains mois devraient rester “difficiles”.
A long terme la demande indienne et chinoise devrait soutenir le marché mais la production mondiale devrait continuer de baisser en raison de l’absence de production nouvelle.
Le GJEPC veut par conséquent élargir la palette de services de l’Inde en développant la fabrication de joaillerie et la vente de diamants au détail, qui génèrent plus de valeur ajoutée.
“Nous restons un producteur de matière première”, relève Mehul Choksi, président de Gitanjali Group, un groupe fondé sur la taille de diamants qui s’est ensuite développé dans la joaillerie.
“La Chine est un fabricant de joaillerie bien plus important et l’Inde doit croître” pour développer une telle offre, selon lui.