à Donetsk, le 1er décembre 2014 (Photo : Eric Feferberg) |
[10/12/2014 15:45:07] Donetsk (Ukraine) (AFP) Bassin houiller de l’Ukraine ravagé par des mois de guerre, le Donbass pourrait pourtant manquer de charbon pour ses centrales électriques, entre des transports paralysés et des mines illégales produisant des ressources de piètre qualité.
Le charbon de cette partie de l’Est de l’Ukraine alimente en temps normal des centrales thermiques produisant près de 40% de l’électricité ukrainienne.
Prise entre deux feux (autorités rebelles et celles loyalistes), la société des chemins de fer de la région de Donetsk a interrompu le transport de cette ressource naturelle. Nombre de wagons remplis de charbon sont ainsi à l’arrêt à Debaltseve (nord-est de Donetsk), théâtre d’intenses combats.
“A Debaltseve il y a plusieurs wagons chargés de charbon. Mais nous ne sommes pas en mesure de parler des moyens techniques pour l’exporter. C’est la prérogative des employés de la société des chemins de fer”, confirme à l’AFP le service de presse de la police de la région de Donetsk.
La société locale des chemins de fer répond toujours officiellement aux ordres de Kiev mais sa direction se trouve à Donetsk, un des bastions des rebelles prorusses, et toute décision doit désormais de facto être prise en accord avec les autorités de la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR).
En raison de cette position ambiguë, l’approvisionnement en charbon des centrales thermiques situées dans les zones contrôlées par l’armée ukrainienne dans le Donbass est devenu problématique.
Outre le transport, l’extraction même de charbon devient compliqué.
Sur les territoires contrôlés par les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, seules 40 mines fonctionnent encore, la plupart ayant été mises à l’arrêt à cause du conflit, qui a fait plus de 4.300 morts en huit mois selon l’ONU.
Et selon Alexandre Maltsev, directeur de la mine Troudovska, bombardée à trois reprises, la région subit justement une pénurie de charbon du type nécessaire à l’alimentation des centrales électriques.
ée de travail dans la mine de Kalinina, à Donetsk, le 1er décembre 2014 (Photo : Eric Feferberg ) |
“Nous avons démarré la construction d’un nouveau tunnel pour extraire un tel charbon mais à cause des combats tout a été arrêté”, souligne-t-il.
“On trouve ce type de charbon dans d’autres mines aussi, mais non seulement beaucoup de gens ont peur de travailler sous les bombardements, et ensuite, il n’y a toujours pas d’organisation au sein de la république concernant les infrastructures, le transport et le chargement”, ajoute-t-il.
– Mines illégales –
Pour pallier ce manque, les autorités de la République autoproclamée par les rebelles à Donetsk (DNR) semblent se tourner vers les mines illégales, dont le charbon extrait est pourtant réputé de mauvaise qualité.
Le président de la DNR Alexandre “Zakhartchenko est venu nous voir à la mine. (…) Il nous a aussi dit qu’il avait donné l’ordre de travailler avec les mines non-officielles pour alimenter les centrales, chauffer les écoles. Car de nombreuses mines ont été détruites et le charbon manque dans la région”, a raconté à l’AFP Alexandre, 42 ans, un employé de Makiïvouguillia, une mine officielle.
“L’extraction illégale se développe comme jamais. Nous observons que les mines illégales sont en activité sur tout le territoire sous contrôle de la DNR”, confirme Mikhaïlo Volynets, président d’un syndicat indépendant des mineurs.
Mais cette stratégie pourrait s’avérer peu efficace. La plupart des centrales de la région utilisent du gaz, et celles utilisant du charbon ont besoin d’une production de bonne qualité.
Le charbon extrait des mines illégales ne pourra servir qu’à répondre aux premiers besoins des habitants, ajoute M. Volynets.
“Le charbon de bonne qualité, en provenance des mines gouvernementales, est livré à la Russie par les rebelles, et pour les habitants de la région il y a du charbon illégal”, conclut pour sa part Mykola Volynko, président d’un autre syndicat indépendant de mineurs.