écoute de musique sur une smartphone (Photo : Lionel Bonaventure) |
[11/12/2014 10:57:30] New York (AFP) L’écoute en flux ou “streaming” a déjà révolutionné le paysage de la musique mais elle devrait continuer à conquérir le monde, les entreprises musicales visant à présent l’énorme potentiel des marchés émergents.
Spotify et ses rivaux ont fait couler beaucoup d’encre en 2014, attirant toujours plus d’utilisateurs, mais aussi de critiques, notamment de la part de la pop-star Taylor Swift.
La chanteuse ayant vendu le plus de disques aux Etats-Unis cette année a en effet fait une sortie fracassante du site de musique en ligne.
Swift et les autres détracteurs des sites de streaming, qui permettent à leurs utilisateurs d’écouter de la musique à volonté à partir d’un très vaste catalogue, depuis leur ordinateur ou leurs appareils mobiles, gratuitement ou contre un faible montant d’abonnement mensuel – accusent en effet ces services de ne pas rémunérer assez les artistes et de contribuer à la mort du disque.
L’entrée en jeu des pays émergents pourrait toutefois changer la donne.
Pour des pays comme la Chine, l’Indonésie ou l’Inde, le streaming pourrait représenter le vecteur parfait, comme le fut le téléphone mobile, pour séduire une classe moyenne naissante qui n’a pas encore l’habitude de constituer des collections de musique, que ce soit sous forme de vinyls, CD ou MP3.
Warner Music vient ainsi de signer un contrat avec le chinois Tencent qui comprend du streaming, premier accord du genre pour une des trois “majors” musicales mondiales dans le pays le plus peuplé du monde.
Vuclip, une start-up californienne fondée en 2008, première sur le secteur des vidéos à la demande dans les marchés émergents, a observé de près l’accélération de la demande dans ces pays.
– Ruée vers l’or –
“C’est la ruée vers l’or là-bas”, remarque Nickhil Jakatdar, directeur général de Vuclip.
“Il y a un an et demi, on n’avait presque aucun concurrent, mais maintenant chaque matin en me levant j’apprends qu’un nouveau rival vient de se lancer”, a-t-il expliqué à l’AFP.
Il l’attribue au meilleur accès à internet, devenu plus rapide et meilleur marché, ce qui permet à une population moins aisée de regarder des vidéos ou d’écouter de la musique en ligne à partir d’un appareil mobile.
Vuclip, qui dit avoir 120 millions d’utilisateurs, se targue aussi d’avoir simplifié la facturation pour des clients qui n’ont pas l’habitude des cartes de crédit ou des abonnements mensuels.
L’entreprise californienne n’est pas encore présente en Chine mais voit une croissance particulièrement forte en Inde, Indonésie, Malaisie, Thaïlande, Egypte, Arabie saoudite ou aux Emirats.
L’un des défis à surmonter pour conquérir de nouveaux territoires, c’est la diversité des goûts, et la pop occidentale n’est pas appréciée dans toutes les régions du monde.
“Les contenus que les consommateurs apprécient sont très régionaux par nature. Un Indien s’intéresse aux (musiques) indiennes, et chaque Etat a son propre marché”, ajoute M. Jakatdar.
L’arrivée des pionniers du streaming comme Spotify, Deezer et Rhapsody a été relativement facile en Amérique du sud où les goûts musicaux se rapprochent plus des tendances occidentales.
Les recettes de l’industrie musicale d’Amérique latine ont bondi de 124% entre 2010 et 2013, bien plus que la moyenne mondiale, d’après la fédération internationale de l’industrie phonographique.
La pénétration en Asie reste plus ardue. Spotify, présent dans 58 pays, n’est disponible que dans une petite poignée de pays asiatiques, où des concurrents locaux tiennent pour l’instant le haut du pavé.
Ganaa.com, filiale du groupe de médias The Times of India, permet ainsi à ses utilisateurs d’accéder à des milliers de listes musicales et de radio, y compris les top-20 en hindi.
L’Inde est partie pour dépasser les Etats-Unis comme deuxième plus grande population sur internet au monde, et sa consommation numérique de musique devrait croître de 22% par an d’ici à 2016, d’après le cabinet de conseil KPMG.