Eliminer les barrières à la concurrence, supprimer progressivement la dichotomie onshore- offshore dans le secteur industriel, moderniser le secteur bancaire, mettre en place un nouveau régime régissant la faillite et réformer le système de subvention. Ce sont là entre autres réformes urgentes que la Banque mondiale demande à la Tunisie.
L’économiste en chef à la BM, Jean-Luc Bernasconi, a présenté une lecture du rapport de la Banque mondiale sur la Tunisie intitulé “La révolution inachevée”, publié au mois de septembre 2014, lors d’un débat organisé dans l’après-midi de mercredi 10 décembre à Tunis, entre la Banque mondiale et le Cercle Kheireddine.
M. Bernasconi estime que la Tunisie fait face à plusieurs barrières qui ont mené notre pays vers la stagnation économique, dont une paralysie du secteur privé et une intégration incomplète au marché mondial (activités à faible productivité et assemblage au profit de l’Union européenne).
Cette situation, a-t-il expliqué, est le résultat d’un environnement économique qui limite la concurrence et freine l’investissement et le développement du secteur privé, de règles de marché de travail qui ne favorisent pas la montée en valeur sans pour autant protéger les emplois, d’un secteur financier trop peu performant pour orienter les ressources vers les projets les plus productifs, et d’une politique industrielle qui a segmenté l’économie en dichotomie onshore et offshore, avec un impact sur la performance globale de l’économie.
Soulignant l’impératif d’opter pour un nouveau modèle de développement, M. Bernasconi a avisé, toutefois, que “ce changement du modèle ne sera pas facile”. Ainsi, il a recommandé de créer des tasks forces pour étudier les mécanismes à mettre en place pour faciliter l’introduction des réformes, d’opter vers une intégration commerciale régionale et internationale, ce qui permettra de soutenir la transition vers une économie plus ouverte et compétitive, et de poursuivre le programme du dialogue national.
De son côté, le président du Comité d’orientation stratégique du Cercle Khéreddine, Afif Chelbi et ancien ministre de l’Industrie sous Ben Ali et du gouvernement Ghannouchi, a présenté une lecture critique du rapport de la Banque mondiale.
Il a reconnu que durant la période 1960-2010, la Tunisie a perdu 2 à 3 points de croissance du fait de l’absence de la démocratie et de transparence, mais “cela ne veut pas dire que rien n’a été fait en Tunisie durant les 50 dernières années”.
M. Chelbi a passé en revue les grands axes du rapport, entre autres les réformes recommandées, tout en mettant en évidence les aspects controversés, dans ce document. “Aujourd’hui notre pays n’a plus droit à l’erreur, et doit concevoir un modèle de développement renouvelé de manière autonome, en fonction de ses intérêts nationaux et de ses spécificités sociales, historiques et géopolitiques”.