Entrée triomphale à Wall Street du prêteur alternatif LendingClub

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ée en bourse à Wall Street de LendingClub, le 11 décembre 2014 à New York (Photo : Don Emmert)

[11/12/2014 18:27:43] New York (AFP) La startup LendingClub, fondée par le français Renaud Laplanche, pionnier du prêt entre particuliers, a fait une entrée tonitruante à Wall Street jeudi, auréolée de la bénédiction de grands noms de la finance américaine comme l’ancien secrétaire au Trésor Lawrence Summers.

Basée à San Francisco, LendingClub a vu son titre, coté sous le symbole (“LC”) sur le New York Stock Exchange, flamber de plus de 60% dans les premières minutes avant de reculer.

Il s’échangeait à 23,10 dollars vers 17H25 GMT, ce qui représente un bond de 54% comparé à son prix d’introduction fixé la veille à 15 dollars.

Premier prêteur alternatif à tenter le saut boursier, LendingClub valait ainsi quelques 8,4 milliards de dollars, une consécration pour une entreprise fondée il y a seulement 7 ans.

– “Etape importante” –

Signe de l’intérêt que le groupe suscite, il a réussi à lever 870 millions de dollars et pourrait même récolter près d’un milliard si l’option de surallocation portant sur 8,7 millions d’actions supplémentaires était exercée dans les 30 prochains jours par les banques conseil.

“C’est une étape importante après sept ans de travail et de construction”, a confié soulagé à l’AFP M. Laplanche, 44 ans, sur le plancher de Wall Street.

Ce diplômé d’HEC, champion de France dans sa jeunesse de laser (dériveur barré en solitaire) et qui rêvait de participer aux Jeux Olympiques de Barcelone en 1992, a eu le privilège quelques minutes plus tôt de sonner la cloche, marquant l’ouverture officielle de la séance boursière.

Jean, chemisette et blouson rouge, fabriqué pour la “consécration” et distribué à une centaine d’utilisateurs invités à venir partager ce baptême boursier, Renaud Laplanche a du mal à retenir ses larmes.

Entouré de ses collaborateurs survoltés, il délivre difficilement le “Thanks (Merci!)” dans les allées du “Parquet” où on lui donne du “Congratulations! (félicitations). Il regarde de temps en temps les écrans qui affichent pour certains noms d’entreprises et chiffres, et pour d’autres le nom de sa société. Le temps semble s’arrêter.

Ancien avocat d’affaires à Paris puis à New York au sein du cabinet Cleary Gottlieb, Renaud Laplanche n’en est pas à sa première entreprise.

Il a crée TripleHop Technologies en 1999, entreprise rachetée en 2005 par le groupe informatique américain Oracle. Il quittera Oracle un an plus tard pour fonder LendingClub, plateforme opérant pour l’instant seulement aux Etats-Unis.

L’idée lui est venue en examinant son relevé de carte de crédit américain. Il s’aperçoit alors que le taux d’intérêt est de 18%. Or le taux de rémunération de son compte épargne est, lui, de seulement 1% environ.

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ée en bourse à Wall Street de son entreprise, le 11 décembre 2014 à New York (Photo : Don Emmert)

Il décide de réduire cet écart en mettant en relation les épargnants et les emprunteurs.

Les sommes prêtées vont aujourd’hui de 35.000 à 100.000 dollars, avec un taux annuel moyen d’environ 6,78% contre une moyenne nationale de 9,06%.

LendingClub a généré plus de 4 milliards de dollars de prêts aux particuliers et aux petites entreprises sur les neuf premiers mois de l’année 2014.

Le groupe gagne de l’argent en prélevant entre 1,11 et 5% de la somme prêtée, selon son site internet. Il impose aussi des commissions aux prêteurs auxquels elle promet un retour sur investissement de 4,74 à 7,56%, selon les documents boursiers.

Son chiffre d’affaires de janvier à fin septembre s’élevait à 143 millions de dollars, soit plus du double comparé à un an plus tôt (64,5 millions de dollars).

Le succès de la start-up s’explique par un contexte d’abondantes liquidités et le durcissement des conditions de prêts par les banques classiques, confrontées à une régulation plus stricte.

– Cap à l’international ? –

L’aventure ne s’est pas faite sans accroc puisque Renaud Laplanche a été contraint de fermer pendant six mois la plateforme pour obtenir l’aval des autorités américaines, notamment du gendarme de la Bourse, la SEC

Mais il a réussi à séduire des grands noms des milieux d’affaires américains. L’ex-secrétaire au Trésor Lawrence Summers et John Mack, l’ancien patron de la banque d’affaires Morgan Stanley, siègent ainsi à son conseil d’administration.

Le géant internet Google détient une participation dans le capital du groupe, ainsi que les fonds d’investissements BlackRock et T. Rowe Price.

L’entrée en Bourse va permettre à LendingClub de poursuivre son développement.

La société se diversifie depuis quelques mois en s’adressant aux petites entreprises. Elle vient de racheter Springstone, un groupe spécialisé dans les prêts de santé.

“On a des projets pour offrir des prêts étudiants, des prêts automobile, des crédits hypothécaires aux Etats-Unis avant l’international” dans deux-trois ans, dit M. Laplanche.