Manque de main-d’oeuvre qualifiée, cherté des matières premières et manque d’engouement pour l’achat de tapis artisanaux, ce sont là les principaux problèmes auxquels font face es tapissiers et les professionnels du tissage tunisiens.
D’après les témoignages recueillis par l’Agence TAP, à la 3ème édition de “ZARBIA”, foire nationale du tapis, des tissages ras et des fibres végétales (du 12 au 21 décembre au parc des exposition du Kram), le secteur souffre également de la désaffection de la jeune génération pour ce travail artisanal qui nécessite beaucoup de temps et de patience, en contrepartie d’une faible rémunération.
Mme Hasna (gouvernorat du Kef) la cinquantaine, évoque les difficultés rencontrées pour commercialiser ses tapis qu’elle confectionne avec l’aide d’une autre artisane, affirmant que “le métier de tissage n’est plus rentable, d’autant plus que les matières premières sont devenues très chères. Le prix de la laine est passé de 5 dinars à 7,5 dinars le kilo, en un laps de temps”.
Partageant le même point de vue, Mme Naïma (gouvernorat de Kasserine) sexagénaire possédant un atelier de fabrication de tapis, dans lequel travaille une poignée de jeune filles, pense “fermer définitivement son atelier, une fois son stock de tapis liquidé”. Elle cite plusieurs problèmes dont souffre cette activité, entre autres l’absence de mécanismes de soutien au profit des jeunes filles, afin de les encourager à continuer à exercer ce métier.
«Pour mon propre cas, les difficultés sont encore plus grandes. En fait, j’habite dans la région du Mont de Chaambi, qui devient de plus en plus désertique en raison du terrorisme. Dans ce contexte, il est aussi difficile de trouver des apprentis que de dénicher des clients», souligne-t-elle.
Elle s’interroge: «pourquoi le gouvernement soutient les entreprises étrangères qui s’implantent en Tunisie, en leur offrant des incitations financières et fiscales, alors qu’il ne fait rien pour nos propres artisans qui souffrent de problèmes financiers sérieux, d’autant que notre tapis traditionnel est en voie de disparition?»
Par contre, Issam, un jeune homme de trente ans de Djerba exerçant dans une entreprise familiale de tissage, “ne trouve pas de problèmes de commercialisation”, surtout qu’il travaille dans une zone touristique. “Mais nous vendons aujourd’hui aux Tunisiens plus qu’aux touristes. En plus, nous remarquons, chez nos clients, un retour vers les tapis traditionnels qui sont les plus demandés de nos jours», précise-t-il.
Mettant l’accent sur les problèmes du secteur, il a évoqué “l’absence d’un mécanisme d’encadrement et de formation au profit des jeunes, afin d’assurer la pérennité de ce métier, d’autant que le nombre de jeunes qui maîtrisent le métier à la perfection ne cesse de se réduire chaque jour, et les autorité concernées ne bougent pas le petit doigt pour assurer le transfert de ce savoir vers les nouvelles générations”.
Par ailleurs, il juge ce métier “à la fois fatiguant et mal rémunéré, d’où la nécessité de mettre en place un mécanisme pour encourager les jeunes à y adhérer”.
Quelque soixante exposants (producteurs et jeunes promoteurs) issus de 18 gouvernorats exposent à la foire de “ZARBIA”, des tissages faits mains, réalisés dans la pure tradition de leurs régions. Ils sont confectionnés dans des matériaux naturels -fibres animales ou végétales- comme la laine, la soie, le poil de chameau, et de chèvre, le lin…
De telles expositions sont destinées à soutenir ces professionnels qui opèrent en majorité dans les zones rurales et défavorisées et ont du mal à vendre leur production.
WMC/TAP