Grèce : l’UE soutient le gouvernement à la veille d’une présidentielle à risque

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éen à l?Economie Pierre Moscovici (d) et le Premier ministre grec Antonis Samaras à Athènes le 15 décembre 2014 (Photo : Yiannis Liakos)

[15/12/2014 20:14:44] Athènes (AFP) Le Commissaire européen à l?Economie Pierre Moscovici est arrivé lundi en Grèce en prévenant qu’il ne se mêlerait “pas de politique” à deux jours du début d’un scrutin présidentiel qui inquiète la zone euro et les marchés parce qu’il pourrait remettre en cause l’austérité.

M. Moscovici a assuré être venu pour “saluer les progrès faits par la Grèce, défendre les réformes structurelles, travailler sur l’audit” en cours avec les créanciers du pays, mais pas pour se “mêler de politique grecque”.

“Un tel travail a été fait par les autorités grecques, tant d’efforts, tant de choses accomplies que ce serait dommage de ne pas continuer”, a-t-il ajouté à l’issue d’une rencontre avec le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, à la tête depuis 2012 d’une coalition droite-socialistes.

Quant à “l’idée d’envisager de ne pas rembourser une dette énorme”, elle est “suicidaire”, a-t-il mis en garde, sans préciser si ce propos sur l’explosive dette publique grecque (177% du PIB prévu en 2014) visait un parti en particulier.

La Grèce sort à peine de six ans de récession et de réformes très dures en échange de 240 milliards d’euros prêtés par ses créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international). Le plan d’aide de l’UE, qui devait s’achever le 31 décembre, a dû être allongé de deux mois.

Dans ce contexte fragile, M. Samaras a pris tout le monde de court, il y a une semaine, en avançant de deux mois l’élection par le Parlement du nouveau président de la République, précipitant une chute de 20,3% de la Bourse d’Athènes en quatre séances.

Car si le candidat du gouvernement ne parvient pas à se faire élire par les députés au terme des trois tours de scrutin, les 17, 23 et 29 décembre, il y aura dissolution de l’Assemblée et législatives anticipées dont le parti de gauche radicale Syriza, opposé aux mesures d’austérité, est favori des sondages.

Le risque est “potentiellement létal”, n’hésitent pas à affirmer les analystes de la banque Berenberg, qui craignent “le retour d’une possibilité de sortie de l’euro”.

La Commission européenne a voulu rassurer lundi: elle travaille à “garder la Grèce fermement dans la zone euro”, selon une de ses porte-parole.

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éen à l?Economie Pierre Moscovici (d) et le ministre des Finances grec Gikas Hardouvelis à Athènes le 15 décembre 2014 (Photo : Yiannis Liakos)

Jésus Castillo, de Natixis, observe également qu’à côté des “discours de campagne agressifs” du parti d’Alexis Tsipras, commencent à poindre au sein du parti des positions plus marquées par “le pragmatisme et le réalisme”.

– ‘Campagne alarmiste’ –

Mais l’agitation est sensible du côté du gouvernement grec: le ministre des Finances Guikas Hardouvelis a mis en garde lundi contre le “manque de liquidités” dans les caisses de l’Etat qui pourrait résulter d’un retard dans les négociations entre la Grèce et ses créanciers en cas de législatives.

Le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, a averti que “la crise des derniers jours prend maintenant des dimensions sérieuses, que les liquidités sur le marché diminuent rapidement”.

M. Tsipras a accusé ce week-end l’UE et M. Samaras de mener “une campagne alarmiste”, relevant avec ironie 15 fois le mot “peur” dans une tribune du Premier ministre parue dans la presse.

Le gouvernement, soutenu par 155 députés sur 300, n’a quasiment aucune chance de faire élire son candidat, l’ancien commissaire européen Stavros Dimas, aux deux premiers tours, où 200 “oui” sont nécessaires. Il doit en dénicher 25 pour obtenir les 180 “oui” requis au troisième tour.

La probabilité d’un succès est “faible”, selon Jésus Castillo. Syriza (71 députés), le parti communiste KKE (12), les souverainistes des Grecs indépendants (12) et le parti d’inspiration néo-nazie Aube dorée (16) ont indiqué qu’ils ne voteraient pas pour M. Dimas.

Le gouvernement va chercher le salut parmi les 24 indépendants et non-inscrits, voire chez les 10 députés du parti de gauche démocratique DIMAR.

M. Samaras peut néanmoins se réjouir de voir l’épouvantail d’une déstabilisation du pays commencer à alarmer les électeurs : selon deux sondages publiés ce week-end, près de six Grecs sur 10 redoutent un effet négatif de législatives anticipées, tandis que l’avantage de Syriza sur Nouvelle Démocratie, le parti du Premier ministre, s’est réduit récemment à trois points.