à Moscou, le 16 septembre 2014 (Photo : Alexander Utkin) |
[15/12/2014 23:06:49] Moscou (AFP) La Banque de Russie a fait bondir dans la nuit de lundi à mardi son taux directeur à 17%, soit une hausse de six points et demi, alors que le rouble a connu un krach lundi, perdant 10% de sa valeur.
“La décision a pour but de limiter la considérable dépréciation du rouble”, a indiqué dans un communiqué la banque centrale russe, qui avait déjà relevé d’un point son taux directeur jeudi dernier, à 10,5%.
La monnaie russe a atteint lundi des niveaux de faiblesse jamais vus: l’euro a atteint 80,09 roubles contre 72,81 roubles la veille au soir et le dollar 64,23 roubles contre 58,18 roubles.
En chute libre depuis plusieurs semaines, le rouble a connu l’une de ses pires journées depuis la période suivant le défaut de la Russie en 1998.
La nouvelle dégringolade de la monnaie russe, affaiblie par les sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne et la chute des cours du pétrole, signifie qu’elle a perdu depuis le début de l’année 42% de sa valeur face à l’euro et 49% face au dollar.
La banque centrale est pourtant intervenue quasi quotidiennement depuis le début du mois pour soutenir le rouble, dépensant au total 5,9 milliards de dollars, sans succès.
En augmentant son taux à 17%, soit le triple de son niveau du début de l’année (5,5%), la Banque de Russie espère juguler la dépréciation du rouble, mais aussi l’inflation qui en résulte, et qui devrait atteindre 11,5% sur un an selon elle.
Quelques heures avant d’annoncer la hausse de son taux directeur, la banque centrale avait dressé un tableau cauchemardesque de l’année à venir pour la Russie, avertissant que le produit intérieur brut du pays pourrait chuter de 4,5% à 4,8% si les prix du pétrole se maintenaient autour de 60 dollars le baril, leur niveau actuel.
L’effondrement des cours du pétrole pèse lourdement sur le rouble et sur l’économie de la Russie, qui tire de l’or noir la moitié de ses revenus budgétaires.
D’autres facteurs politiques, comme une série de sanctions européennes et américaines sans précédent contre Moscou dans le cadre de la crise ukrainienne, plombent l’économie russe, qui devrait entrer en récession dès 2015.
Ils placent la Banque de Russie, à la réputation d’indépendance face aux autorités russes, dans une situation délicate: elle doit tenter de calmer une tempête causée par des facteurs qui ne dépendent pas d’elle, la crise ukrainienne et l’effondrement des cours du pétrole.