Une cash machine. Et c’est sous cet angle que les Tunisiens Résidents à l’Etranger (TRE) ont, pendant très longtemps, été perçus et présentés. Il est vrai que les transferts d’argent de 1,2 milliards de dinars de nos concitoyens jouent un rôle important comme source de revenus principale ou complémentaire de leurs familles en Tunisie et de devises pour le pays.
D’après Fatma Ben Moussa, gestionnaire de projets à la Délégation de l’Union européenne à Tunis, qui intervenait lors du Forum d’affaires DiaMed, organisé jeudi 27 novembre 2014, par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT), présidée par Tarek Chérif, et l’Agence pour la coopération internationale et le développement locale en Méditerranée (ACIM, basée à Marseille), ces transferts se sont élevés à trois milliards de dinars en 2012, soit 29% de l’épargne nationale.
Mais une partie des TRE étant devenus dans leurs pays de résidence, tout comme les émigrés des autres pays, des entrepreneurs, ils peuvent, en plus de leurs capitaux, apporter à la Tunisie la compétence acquise dans ce domaine et les réseaux qu’ils se sont constitués au fil des ans.
D’ailleurs, certains organismes publics –dont l’Agence de Promotion des investissements agricoles (APIA)- se sont mis à organiser à leur intention des manifestations d’information et de conseils pour les encourager à persévérer et, pourquoi pas, aller plus loin sur cette voie.
En 2010, 900 projets de Tunisiens résidant à l’étranger ont été approuvés, avec un volume global d’investissement de près de 42,2 millions de dinars, qui ont généré plus de 2.400 emplois.
En 2012, année qui a vu les transferts des TRE progresser de 23% par rapport à 2011 -à près de 3,5 milliards de dinars-, 157 projets ont été réalisés, avec une enveloppe d’investissements de près de 22 millions de dinars ayant permis de créer plus de 1.000 emplois.
A ce jour, les TRE ont, selon Kamel Bennaceur, ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, investi 330 millions de dinars dans 10.000 projets qui se sont soldés par la création de 40.000 emplois.
Pour aider la Tunisie à mieux et plus profiter de tous ces capitaux, la CONECT s’est investie, avec des partenaires méditerranéens (ACIM, Ader Méditerranée en partenariat et ANIMA Investment Network –France-, Medafco –Algérie-, et la FCE -Maroc), dans le projet DiaMed, doté d’un budget de 2,3 millions d’euros sur trois ans, et financé à hauteur de 80% par la Commission européenne, qui vise à soutenir la création d’entreprises, donc d’emplois, dans les pays du Maghreb, en combinant les capacités des acteurs institutionnels et économiques locaux, des diasporas, et des jeunes diplômés de ces pays.
Selon Guy Guistini, coordinateur, ce projet, qui se poursuit jusqu’en 2015, a déjà prouvé son utilité: 60% des jeunes formés dans le cadre de DiaMed ont trouvé un emploi au bout d’une année, 19% ont créé leur propre entreprise et 90 à 95% sont satisfaits de l’acquisition de nouvelles compétences.
La diaspora tunisienne à l’étranger et plus particulièrement en Europe –qui représente 85% du total- peut, estime Mme Ben Moussa, «jouer un rôle dans l’attraction des investisseurs» en Tunisie.