“Scandale des noix” : l’esclandre de l’héritière qui déstabilise Korean Air

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éroport Gimpo de Séoul le 16 décembre 2014 (Photo : Jung Yeon-Je)

[16/12/2014 15:21:08] Séoul (AFP) Le caprice de la fille du PDG de Korean Air, qui a fait débarquer un chef de cabine pour des noix servies de façon trop désinvolte à son goût, tourne au cauchemar pour la compagnie aérienne, désormais menacée de lourdes sanctions.

Mardi, le ministère des Transports sud-coréen a annoncé l’ouverture d’une enquête sur le scandale dit des “noix d’apéritif”, qui pourrait déboucher sur une interdiction provisoire de vol ou une grosse amende. De son côté, le parquet de Séoul a également ouvert une enquête sur des faits supposés de violences sur le chef de cabine.

L’affaire remonte au vendredi 5 décembre. Sur un vol New York-Séoul, Cho Hyun-Ah, la fille du PDG de Korean Air, est assise en première classe et se voit servir des noix de macadamia qu’elle n’avait pas demandées et qui, de surcroît, ne sont pas présentées dans un bol mais dans leur sachet.

Inacceptable pour l’héritière de 40 ans, cadre dirigeante de cette compagnie privée, qui entre dans une colère noire et demande au commandant de bord de faire demi-tour alors que l’avion est déjà engagé sur la piste de décollage, pour faire débarquer le chef de cabine responsable de l’affront.

Ce dernier, Park Chang-Jin, a affirmé à la télévision coréenne avoir été poussé contre le cockpit par Cho Hyun-Ah qui le frappait à l’aide d’un manuel de bord. Une fois l’avion immobilisé, le responsable de cabine et une autre collègue auraient été forcés de s’agenouiller devant elle pour lui présenter leurs excuses.

Une passagère a confirmé pour l’essentiel ce témoignage, déclarant avoir vu les deux membres d’équipage à genoux. “J’étais désolée pour eux, ils avaient l’air terrifiés”, a raconté cette femme à la chaine KBS après avoir rencontré les représentants du parquet samedi à Séoul.

Le chef de cabine a dit s’être senti profondément humilié. “Elle a dit ‘contactez immédiatement les contrôleurs aériens pour arrêter l’avion. Je ne vais pas laisser partir cet avion’. Comment pouvais-je désobéir à la fille du propriétaire de la compagnie?”, a-t-il demandé.

L’intéressée a pour sa part nié lui avoir demandé de s’agenouiller mais a présenté des excuses publiques devant les caméras du pays avant de démissionner la semaine dernière de toutes ses fonctions au sein du groupe familial Hanjin Group, qui englobe notamment la compagnie Korean Air.

L’affaire a provoqué un tollé national et choqué la société coréenne, sensible aux abus de pouvoir des plus riches. Elle pourrait également avoir de lourdes conséquences pour Korean Air.

“Nous prévoyons d’infliger une interdiction de vol” qui pourrait durer jusqu’à un mois sur des destination pas encore précisées, “ou une amende à Korean Air” qui pourrait atteindre 2 millions de dollars, a annoncé mardi le ministère des Transports dans un communiqué.

Le ministère a ajouté avoir demandé l’ouverture d’une enquête pénale, tandis que ses enquêteurs ont d’ores et déjà conclu que le comportement de Cho Hyun-Ah avait enfreint les règles de sécurité aérienne.

L’incident pourrait éclabousser l’entreprise au-delà des sanctions : le ministère a demandé une enquête sur la “culture de l’entreprise” Korean Air, critiquée pour la place prise par les caprices de la famille dirigeante, afin de déterminer si elle posait des problèmes pour la sécurité des passagers.

Face à l’émotion et les critiques suscitées par l’affaire, le PDG Cho Yang-Ho s’est également publiquement excusé, fait rarissime, pour “le comportement stupide” de sa fille, et a pris une part de responsabilité en suggérant qu’il l’avait peut-être mal élevée.

Pour le Tong-A Bilbao, un journal sud-coréen, son comportement ne faisait qu’illustrer “ce sentiment de supériorité” prévalant chez les plus riches, cette “idée que tout leur est dû”. “Apparemment, certains considèrent leur entreprise comme leur royaume”.