çaise Happn bouscule le monde de la rencontre en ligne et veut concurrencer son rival américain Tinder (Photo : Lionel Bonaventure) |
[16/12/2014 16:10:38] Paris (AFP) Mettre en relation des gens qui se sont croisés simplement dans la rue: c’est ce que propose l’application française de rencontre en ligne Happn, qui a conquis un million d’utilisateurs en moins d’un an et veut maintenant concurrencer sur ses propres terres son rival américain, Tinder.
Une page d’accueil épurée, sur laquelle défilent sous forme de trombinoscope les profils des utilisateurs croisés dans la journée. Pour entrer en contact avec l’un deux, il faut “aimer” son profil, puis attendre. Si le coup de coeur est réciproque, la discussion peut s’engager.
Au premier abord, le concept de Happn est banal. Depuis que l’application américaine Tinder a ringardisé la concurrence en misant sur la drague de proximité en 2012, aucun site de rencontre ne peut se passer de la géolocalisation proposée par les smartphones.
Mais l’application française pousse l’idée bien plus loin. “Nous fonctionnons comme une version 2.0 des petites annonces de Libération”, sourit le fondateur de Happn, Didier Rappaport, un pionnier du web français ayant participé au lancement de Dailymotion, en 2006.
Car si la précision de la géolocalisation offerte par Tinder ne descend pas sous le kilomètre, “quand on se connecte à Happn, on ne voit que les gens que l’on a croisés dans un rayon de 250 mètres”.
L’ambition, selon Didier Rappaport, est de “ramener la réalité dans le monde très virtuel des rencontres en ligne. Par exemple, si vous visitez une exposition, vous pouvez rencontrer des personnes s’y rendant aussi”.
Happn surfe sur le fantasme de l’occasion manquée et sur une question: et si ce regard échangé, au coin d’une rue ou dans le métro, avait pu mener plus loin ?
– Une levée de fonds pour accélérer la croissance –
Lancée à Paris en février 2014, Happn a séduit 130.000 personnes en moins d’un an dans la capitale française. Ils sont déjà aussi 160.000 utilisateurs à Londres, devenu le premier marché de Happn, qui a également lancé son service dans les principales capitales européennes.
Après l’Europe, Happn accélère sa croissance et compte bien devenir une “application mondiale”. Début novembre, neuf mois à peine après son lancement, la start-up a levé huit millions de dollars (6,45 millions d’euros) auprès de deux fonds d’investissement, le français Alven Capital et le britannique DN Capital.
Grâce à cette prise de participation minoritaire, l’application, qui compte passer de 26 à 50 salariés d’ici la fin de l’année, ouvrira son service dans trois grandes villes par mois.
Déjà, Sydney, Los Angeles et Chicago ont vu débarquer Happn en décembre. Avant San Francisco, Boston et l’Italie en janvier.
A New York, où est né Tinder, Happn a conquis 80.000 utilisateurs et fait le sel de la presse branchée, qui l’a consacrée application la plus “tendance” du moment.
Et si Happn ne semble pas encore en mesure de concurrencer Tinder, dont Didier Rappaport estime que le fonctionnement est “complémentaire” à celui de son application, la start-up française n’a pas peur de s’attaquer au marché du mastodonte américain, qui revendique plus de 15 millions de mises en relation quotidiennes.
Pour durer, Happn devra également trouver son modèle économique. L’application table sur un modèle “freemium”, en vogue sur ce segment.
Concrètement, si l’application est gratuite et que deux utilisateurs ayant aimé leurs profils respectifs peuvent discuter librement, il faudra payer (entre 12 et 17 centimes d’euros) pour avoir le droit d’envoyer un message à un utilisateur n’ayant pas répondu à votre “like”.
Quant à ceux qui s’inquièteraient de voir leur trajets tracés en temps réel, Didier Rappaport tient à se montrer rassurant: “Happn n’enregistre pas les trajets des gens mais uniquement les points de croisement entre les personnes”, souligne-t-il.