Etats-Unis : la Fed pourrait changer de ton sur les taux

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ège de la réserve fédérale américaine, à Washington, en 2011 (Photo : Karen Bleier)

[17/12/2014 07:52:52] Washington (AFP) La Fed pourrait modifier mercredi son message d’orientation de politique monétaire au vu de la reprise économique aux Etats-Unis mais devra aussi tenir compte des turbulences provoquées par la chute des prix du pétrole sur les marchés financiers internationaux.

De nombreux économistes estiment que la Réserve fédérale (Fed) pourrait signaler plus fermement qu’elle s’apprête à relever les taux en 2015 en abandonnant son engagement à les laisser proches de zéro “pendant une période considérable”.

Sa présidente, Janet Yellen, se livrera à une explication de texte à l’issue de la réunion mercredi à 19H30 GMT. Il s’agira de la première conférence de presse de la présidente de la Fed depuis septembre.

La banque centrale divulguera également ses nouvelles prévisions économiques qui pourraient être revues à la hausse à la faveur de la chute des prix de l’énergie qui dynamise la consommation. Jusqu’ici la Fed mise sur une croissance de 2,6% à 3% pour 2015.

Les taux d’intérêt devraient être laissés inchangés, entre 0% et 0,25%, comme ils le sont depuis décembre 2008.

Lors de leurs deux dernières réunions, les membres du Comité de politique monétaire (FOMC) s’étaient déjà montrés divisés sur l’opportunité de garder cette promesse de laps “de temps considérable” dans le communiqué. Les marchés l?interprètent généralement comme l’assurance que les taux resteront en l’état pendant six mois après la fin des achats d’actifs intervenue en octobre.

La formule, utilisée depuis septembre 2012, avait été conservée lors de la dernière réunion d’octobre mais la Fed avait signalé que si les progrès de l’emploi et de l’inflation étaient plus rapides, une première hausse des taux le serait aussi.

“Nous nous attendons à ce que le FOMC abandonne cette formule de +période considérable+ pour dire qu’il se basera désormais sur les données économiques”, indique Steven Ricchiuto, économiste en chef pour Mizuho Securities USA.

“Ce changement va être vu comme un compte à rebours pour la première hausse des taux”, assure-t-il.

Pour Dorothy Weaver, qui dirige le fonds d’investissement Collins Capital, il ne faut “pas attacher trop d’importance à ce changement de vocabulaire”. “Ce qu’ils cherchent à faire, c’est garder leurs options ouvertes et fournir un message d’orientation monétaire sans effrayer les marchés”, selon elle.

Sur le plan intérieur, le marché du travail, avec la baisse du taux de chômage (5,8%, un plus bas en six ans) et la vitalité des créations d’emplois (321.000 en novembre), est devenu une moindre source d’inquiétude pour la Fed que la faible inflation, notent les analystes.

“L’emploi privé a augmenté d’au moins 200.000 au cours des dix derniers mois, ce qui n’était pas arrivé depuis les années 90”, se sont encore félicités les économistes de la Maison blanche mardi.

– L’impact de la chute des prix du pétrole –

Au niveau de l’évolution des prix, la Fed vise un objectif d’inflation de 2%. Or, celle-ci ne dépasse pas 1,4%, selon l’indice PCE, la référence retenue par la banque centrale américaine. Elle guette un signe d’augmentation des salaires pour commencer à normaliser sa politique monétaire.

Car ce qu’il se passe dans le reste du monde ne plaide pas pour une augmentation des taux d’intérêt précoce aux Etats-Unis.

La forte chute des prix du pétrole, si elle a l’avantage de doper la consommation en libérant un budget pour les foyers américains, risque d’avoir un impact à la baisse sur les prix en général, soulignent certains économistes.

“L’influence du pétrole bon marché sur les coûts des transports va encore faire baisser l’inflation sous-jacente (hors prix de l’énergie et de l’alimentation, NDLR) au cours des prochains mois”, estiment dans une note les économistes du gestionnaire de patrimoine Northern Trust.

L’appréciation du dollar de 5% depuis septembre peut également “importer de la déflation”, en rendant les importations moins chères, signale Steven Ricchiuto, alors que les économies d’Europe et d’Asie tournent au ralenti. Sans compter la crise monétaire et la récession en Russie. “On ne peut pas seulement considérer nos chiffres, il faut regarder par dessus notre épaule pour voir si ce ralentissement risque d’avoir des conséquences sur notre croissance”, souligne Mme Weaver, de Collins Capital.