Etats-Unis : la Fed veut garder son cap monétaire

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” (Photo : Karen Bleier)

[17/12/2014 19:23:51] Washington (AFP) La Banque centrale américaine (Fed) a conservé mercredi ses taux d’intérêts inchangés pour soutenir la reprise et réaffirmé qu’elle entendait garder ce cap monétaire pour une “période considérable”, non sans susciter d’importantes dissensions dans ses rangs.

A l’issue de deux jours de réunion, le comité monétaire de la réserve fédérale (FOMC) a sans surprise annoncé le maintien de ses taux directeurs entre 0% et 0,25%, leur niveau depuis décembre 2008.

Un mois et demi après avoir tourné la page de ses injections massives de liquidités, la Fed maintient donc en l’état l’autre volet de sa politique monétaire ultra-accommodante, mise en oeuvre pour contrer la récession économique de 2008-2009.

Déjouant les attentes des marchés, la banque centrale a surtout réaffirmé qu’elle maintiendrait ses taux proches de zéro “pendant une période considérable, surtout si les projections d’inflation continuent d’être inférieures à l’objectif de 2% sur le long terme”.

Plusieurs investisseurs s’attendaient pourtant à ce que la Fed abandonne cette référence temporelle et laisse ainsi entendre qu’elle serait prête à commencer à relever ses taux avant la date prévue de la mi-2015.

Ce statu quo et cet appel à la patience ont provoqué d’importantes dissensions au sein du FOMC, trois de ses membres ayant voté contre la décision adoptée mercredi.

L’un d’eux, Richard Fisher, président de l’antenne de la Fed de Dallas a ainsi assuré que l’amélioration de la conjoncture économique aux Etats-Unis devait conduire à “avancer” la date d’un premier relèvement des taux.

Un autre dissident, Charles Plosser, président de la Fed de Philadelphie, a lui indiqué que la référence à un élément de calendrier n’était pas “compatible” avec l’amélioration de la conjoncture américaine.

– Craintes sur l’inflation –

Dans décision, le FOMC note certes que le marché du travail s’est encore amélioré aux Etats-Unis, sur fond d’embauches “solides et d’un taux de chômage plus faible”.

En novembre, l’économie des Etats-Unis a généré en novembre les plus fortes créations d’emplois depuis presque trois ans et le taux de chômage est demeuré inchangé, à 5,8%, au plus bas en six ans.

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ésidente de la Fed, la banque centrale américaine, Janet Yellen, le 2 décembre 2014 à Washington (Photo : Saul Loeb)

“L’activité économique progresse à un rythme modéré”, note également le FOMC, alors que le produit intérieur brut a crû de 3,9% en rythme annualisé au troisième trimestre.

Mais le comité monétaire relève également que les dépenses des ménages, moteur de la croissance américaine, ne progressent qu’à un “rythme modéré” et que la reprise du secteur immobilier demeure “lente”.

A l’heure d’une chute des cours mondiaux du brut, la Fed semble surtout s’inquiéter du faible niveau d’inflation aux Etats-Unis, qui tourne actuellement autour de 1,4% par an, loin de son objectif de 2%.

Ses nouvelles prévisions économiques dévoilées mercredi donnent corps à cette crainte.

Selon la Fed, les prix à la consommation aux Etats-Unis ne devraient plus progresser qu’entre 1,2 à 1,3% en 2014 contre une fourchette de 1,5% à 1,7% attendue jusqu’à présent.

En 2015, l’inflation pourrait même descendre jusqu’à 1,0% alors que la fourchette basse de son estimation de septembre était fixée à 1,6%. L’objectif de 2% d’inflation annuelle ne serait ainsi atteint au mieux qu’en 2106, selon ces projections.

Pour le reste, la Fed se montre en revanche optimiste et améliore ses projections de croissance et de chômage.

Le produit intérieur brut du pays (PIB) devrait ainsi progresser de 2,3% à 2,4% sur un an au dernier trimestre 2014, marquant une embellie par rapport aux 2,0% à 2,2% prévus en septembre, selon ces nouvelles projections trimestrielles.

L’optimisme est encore plus net sur le front de l’emploi: en 2014, le taux de chômage devrait s’établir à 5,8% alors qu’une fourchette allant de 5,9% à 6,0% était jusque-là prévue.

L’embellie devrait se poursuivre en 2015 où ce taux devrait encore baisser, entre 5,2% à 5,3%, faisant mieux que l’évaluation retenue en septembre (5,4% à 5,6%).