L’aluminium rogne aussi des parts de marché à l’acier dans les canettes

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écembre 2014 à Biesheim (Haut-Rhin) (Photo : Patrick Hertzog)

[18/12/2014 17:52:18] Neuf-Brisach (France) (AFP) Comme dans l’industrie automobile, l’acier et l’aluminium se livrent une bataille acharnée dans la production de canettes, avec une tendance favorable ces dernières années pour le plus léger des deux matériaux, même si le fer résiste toujours en France.

Le directeur de l’usine Constellium de Neuf-Brisach (Alsace), Ludovic Piquier, ne cache pas sa satisfaction: pour ce spécialiste de la transformation de l’aluminium, héritier d’une partie de l’activité “aval” de feu le groupe français Péchiney, l’emballage est “un marché qui continue d’évoluer positivement en prenant des parts de marché sur d’autres produit comme l’acier”, a-t-il affirmé à l’AFP.

Selon ses chiffres, le groupe connaît une croissance annuelle située entre 3 et 4% dans ce secteur, soutenu essentiellement par le marché français de la canette, en plein essor, qui devrait établir cette année un nouveau record en atteignant la barre des 5 milliards de boîtes remplies, soit une progression annuelle de 7% depuis 2008.

Plus léger, l’aluminium a remporté ces dernières années plusieurs batailles dans l’industrie de la canette face à l’acier, pourtant plus mince et plus résistant. Il a signé son succès le plus récent en Espagne où le groupe britannique Rexam a décidé d’investir 40 millions d’euros pour abandonner l’acier.

“Nos usines de Tarragone et de Madrid étaient les dernières en acier du groupe dans le monde, sur une soixantaine”, a expliqué Santiago Millet, le directeur commercial Europe du sud de Rexam, lors d’une récente présentation à la presse de l’industrie de la canette.

“L’aluminium pèse la moitié de l’acier et la consommation de matière première est donc réduite de moitié. En outre, le prix de l’aluminium a une visibilité, car il y a un marché à terme”, a-t-il affirmé pour justifier ce changement stratégique qui l’a amené à devenir client de Constellium.

Son concurrent américain Ball, pour sa part, a choisi pour l’instant de jouer sur les deux tableaux, en gardant l’acier sur son site de Dunkerque et l’aluminium dans son usine de La Ciotat. “Nous avons ainsi une certaine stabilité en fonction de l’évolution des marchés”, a affirmé Philippe Vanheist, chef des ventes France de Ball.

– “La différence, c’est le prix” –

“Les fluctuations du prix de l’acier ne sont pas aussi importantes que pour l’aluminium”, a-t-il souligné, rappelant que la France était l’une des exceptions européennes avec un marché dominé à 65% par les boîtes en fer, tout en reconnaissant que les derniers investissements ont favorisé l?aluminium.

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écembre 2014 à Biesheim (Haut-Rhin) (Photo : Patrick Hertzog)

“Du point de vue technique et technologique, les deux matériaux sont à peu près à armes égales”, constate Fabienne Freidinger, consultante du Salon de l’emballage qui s’est tenu il y a un mois en région parisienne. “Ce qui va donc faire la différence, c’est le prix, sachant que l’aluminium est coté sur une bourse unique à Londres et que l’acier ne l’est pas”, résume-t-elle.

Autre différence: l’emballage représente moins de 1% des ventes du géant de l’acier ArcelorMittal, mais il atteint un tiers du chiffre d’affaires global de Constellium et les trois quarts de celui de l’usine de Neuf-Brisach. Une différence qui explique que la conquête de nouvelles parts de marché comme en Espagne est fêtée à chaque fois comme une victoire dans l’usine du bord du Rhin.

D’autant plus que le site de Neuf-Brisach, qui compte plus de 1.500 salariés, est surtout porté aujourd’hui par le marché automobile, où l’aluminium remporte aussi des succès.

“Nous avons commencé à développer l’aluminium pour les capots il y a une dizaine d’années avec PSA, mais ce sont les constructeurs allemands qui sont arrivés en masse par la suite sur ce marché”, explique M. Piquier, en saluant “la très forte expansion” de ce marché pour son usine ces dernières années.

La bataille contre l’acier est aujourd’hui revenue sur le sol français. Le constructeur français PSA s’est approvisionné à Neuf-Brisach pour le capot de sa nouvelle 308. Quant à Renault, il vient de choisir Constellium “comme fournisseur de structures de véhicules qui sortiront d’ici un an à deux ans”, se réjouit M. Piquier.