é-lès-Tours (Indre-et-Loire) appelée à fermer, le 18 décembre 2014 (Photo : Guillaume Souvant) |
[18/12/2014 17:45:56] Joué-lès-Tours (AFP) Sa main glisse délicatement sur l’enveloppe noire et s’arrête sur les sculptures du caoutchouc: “On détecte les moindres défauts. Même si seul le logo Bibendum est mal moulé, le pneu part au rebut”, explique Richard Sehili.
Cet opérateur au contrôle qualité de l’usine Michelin de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) a palpé jeudi ses derniers pneus avant la fermeture de l’usine.
Le transfert de l’activité dans d’autres usines de la manufacture clermontoise, en particulier à La Roche-sur-Yon (Vendée), a été annoncé en juin 2013.
Au cours des derniers jours, six opérateurs se sont relayés dans une usine entièrement vidée de son personnel pour assembler, cuire et contrôler les 74 derniers pneus, destinés au marché des travaux publics.
Richard Sehili, qui fait partie des 706 salariés dont les postes ont été supprimés, ne cache pas sa nostalgie.
“Nous étions tous fiers de fabriquer de beaux produits. Ce sont un peu nos bébés”, témoigne-t-il, la tête plongée dans le pneu. Pour ce salarié de 56 ans, entré chez Michelin à 17 ans, le dernier bulletin de salaire signé Michelin arrivera en février. “J’ai bénéficié des mesures d’âge, pour partir en retraite anticipée”, explique-t-il.
– ‘On ne danse pas sur un cercueil’ –
é-lès-Tours (Indre-et-Loire) appelée à fermer, le 18 décembre 2014 (Photo : Guillaume Souvant) |
Pour marquer la sortie du dernier pneu poids lourds, la direction du numéro un mondial des pneumatiques avait envisagé une petite “fête”. Les syndicats ont refusé. “On ne danse pas sur un cercueil”, explique Pascal Boisgard, représentant de la CGT au comité d’entreprise. “Le traumatisme est encore très présent, même pour ceux qui n’ont pas perdu leur emploi”, ajoute-t-il. “Il faudra sans doute une période de deuil. On vit toujours l’angoisse que Michelin décide d’arrêter du jour au lendemain les activités maintenues.”
Le site de 32 hectares situé au coeur de l’agglomération tourangelle n’est en effet pas fermé. Dès janvier, les tractopelles creuseront le sol. Un chantier de 22 millions d’euros vise à remodeler huit hectares que Michelin conserve. “Nous concentrons nos forces sur un périmètre plus restreint, pour être plus efficaces”, expose Olivier de Chassey, directeur de l’usine, qui prévoit la fin des travaux pour octobre 2015.
Le fabricant de pneumatiques maintient à Joué-lès-Tours 200 salariés pour assurer la production de membranes, qui servent à mouler les pneumatiques, de calendrages (qui consiste à couler du caoutchouc sur des fils métalliques tressés), et surtout les “flaps”, les bandes de caoutchouc que les constructeurs automobiles collent au fond des jantes pour éviter le contact des chambres à air avec le métal. “Notre usine va réaliser 90% de la production mondiale de flaps de Michelin. Nous avons même relocalisé de la production réalisée en Chine et en Thaïlande”, assure le directeur du site.
Ensuite, le géant mondial des pneumatiques va dépolluer et raser les 24 hectares restants. “Les terrains seront proposés à la vente en 2016, en priorité auprès d’autres acteurs industriels”, indique Olivier de Chassey.
é-lès-Tours (Indre-et-Loire) appelée à fermer, le 18 décembre 2014 (Photo : Guillaume Souvant) |
Sur les 706 emplois supprimés en juin 2013 à Joué-lès-Tours, 380 salariés bénéficient de départs en retraite anticipés. 162 salariés ont accepté une mutation dans une autre usine Michelin, dont une majorité à Clermont-Ferrand. Cent soixante-six salariés ont été licenciés économiques. Après un suivi par des ateliers de transition professionnelle financés par Michelin, “30% ont retrouvé du travail au bout de six mois”, assure Olivier de Chassey. Un an et demi après l’annonce de ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), une cinquantaine de salariés est toujours en recherche d’emploi ou en formation.