OPA Club Med : une nouvelle surenchère du chinois Fosun attendue

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ôle-titre et un scénario presque banal de nouvelle surenchère (Photo : Stéphane de Sakutin)

[19/12/2014 07:08:41] Paris (AFP) Tout le monde espère un épilogue, mais ce vendredi n’apportera vraisemblablement qu’un nouvel épisode dans le feuilleton de l’OPA sur Club Med, avec le chinois Fosun dans le rôle-titre et un scénario presque banal de nouvelle surenchère.

“Vous connaissez le film +Un jour sans fin+?”, ironise une source de ce dossier ouvert depuis mai 2013 et devenu le plus long des annales de la Bourse de Paris.

Le milliardaire chinois Guo Guangchang, qui préside le conglomérat Fosun, lutte depuis le printemps face à l’homme d’affaires italien Andrea Bonomi.

Fosun et ses partenaires sino-brésilo-franco-portugais ont jusqu’à 18H00 ce vendredi pour déposer auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) un dossier mieux-disant que l’offre de 24 euros par action (et 25,35 euros par obligation Oceane) faite le 5 décembre par M. Bonomi et ses alliés.

Le suspense n’est pas insoutenable puisque le Brésilien Nelson Tanure, nouvel allié du Chinois, a déjà prévenu la semaine dernière que Fosun allait surenchérir pour prendre le contrôle du spécialiste français de villages de vacances.

La dernière main a été mise jeudi soir au dossier, en vue d’une annonce vendredi matin. Côté calendrier, l’AMF est tentée d’accorder ensuite un nouveau délai au camp Bonomi pour surenchérir.

Fosun doit proposer environ 24,50 euros par action pour que son offre soit recevable, soit au moins 2% de plus que la dernière proposition.

La précédente offre de Fosun valorisait Club Med à 897 millions d’euros, ce sur quoi Andrea Bonomi a surenchéri à 915 millions.

Fosun devrait relever la barre d’un petit cran. “On est dans la politique des petits pas”, relève une source proche du dossier. “On arrive à près d’un milliard d’euros de valorisation pour un groupe qui depuis cinq ans fait 30 millions d’euros environ de résultat net courant avant exceptionnels et impôts. C’est très élevé”, soulignait-on.

D’autant que Club Med est dans le rouge. Le groupe a essuyé 12 millions euros de perte nette part de groupe en 2014, pour un chiffre d’affaires de 1,38 milliard d’euros.

Fosun est désormais soutenu par le brésilien Tanure, en plus de sa filiale portugaise d’assurances Fidelidade et de quelques partenaires très minoritaires dont le français Ardian.

“L’idée est que Fosun assume d’abord l’ensemble des opérations de financement avec sa filiale Fidelidade et les partenaires réunis dans Gaillon II, puis qu’il ouvre la porte à Nelson Tanure pour qu’il monte au capital”, explique un acteur du dossier. “Il n’y a pas d’ambiguité: M. Tanure va entrer au capital de Club Med. Il s’est engagé à prendre environ 10%”, assure-t-on.

Sur le fond, Fosun ne veut pas renoncer à Club Med. Entré au capital dès 2010, le conglomérat chinois est particulièrement intéressé par la perspective de développer rapidement des “resorts” touristiques en Chine, pour profiter de l’explosion du tourisme dans ce pays.

– La messe n’est pas dite –

Appuyé par le PDG du Club Med, Henri Giscard d’Estaing, il se pose comme la seule alternative crédible à long terme pour la marque au trident, par opposition à une offre Bonomi présentée comme “financière”.

Récusant cette vision, l’Italien et ses partisans, dont le fonds américain KKR et l’ex-PDG du Club Med Serge Trigano, mettent en avant un projet “industriel” qui prône un rééquilibrage des activités entre l’Asie, l’Europe et l’Amérique, avec plus de France et moins de Chine, et davantage d’accent mis sur les villages-clubs de moyenne gamme.

De source proche de l’Italien et de ses soutiens, on soulignait jeudi avoir demandé par courrier le report de l’assemblée générale ordinaire du Club Med convoquée pour le 12 janvier, estimant que “le calendrier n’est pas propice à un climat sain et serein”.

Club Med compte 70 villages dans 26 pays et emploie environ 13.000 salariés en équivalent temps plein. Sa stratégie depuis dix ans est de monter en gamme et s’internationaliser.

Parmi les actionnaires du Club Med, les camps Bonomi et Fosun détiennent chacun plus de 18%. Le fonds Polygon est monté mi-décembre à 9,23% en vendant des produits dérivés et en acquérant des actions hors marché. La Caisse des Dépôts, muette sur ce dossier, détient plus de 5%. La messe n’est pas dite.