Tout laisse entrevoir une nette victoire de Béji Caïd Essebsi au deuxième de l’élection présidentielle tunisienne, devenant ainsi le premier président de la IIème République tunisienne. A 88 ans, le vieux routier de la politique tunisienne, peut désormais, à partir de Carthage, donner ses instructions à son parti, vainqueur des législatives, et au gouvernement qu’il formera pour remettre sur orbite la Tunisie. La tâche sera difficile, sans aucun doute.
Oui, la tâche sera même extrêmement ardue pour le prochain gouvernement. Nul besoin d’être expert pour le savoir. Cependant, avec la volonté, nous pouvons nous approprier cette devise de Jacques Cœur: “A cœur vaillant rien d’impossible“. Autrement dit, s’il y a le courage, la conviction, la foi et parfois la compétence, on vient à bout de tout, on peut réussir tout ce qu’on entreprend.
Il faut tout de suite mettre en musique le programme électoral de Nidaa Tounes et les promesses de campagne de BCE. Car, à n’en pas douter, désormais ils auront toute latitude pour affronter, au cours des cinq prochaines années, la crise économique, sociale et sécuritaire.
Pour ce faire, la première priorité sera bien évidemment d’édifier, comme l’a promis BCE, “un Etat fort“ avec son corolaire “l’ordre“. Non seulement c’est le chantier le plus urgent mais c’est également le plus difficile à réaliser, tant les gouvernements successifs depuis 2012 ont miné et sapé les fondements d’un Etat fort. Mais là aussi, c’est naturel, on ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs.
Ensuite, il va falloir très vite s’atteler à redonner confiance aux jeunes, ces grands absents du vote. Là aussi ce ne sera pas une sinécure. Pour y parvenir, une bonne pédagogie à même de leur inculquer la valeur travail.
Il faut également les faire aimer la chose politique, puisqu’il sera difficile de réformer l’Etat quand l’électeur a boudé les urnes à hauteur de 44%, essentiellement les jeunes. Or, la révolution tunisienne a été menée spontanément par les jeunes des régions intérieures. Malheureusement, ces derniers ne s’y reconnaissent plus dans la classe politique, considérant même qu’on leur a volé cette révolution.
Mais la valeur travail doit être impérativement généralisée dans notre pays (administration, entreprises publiques et privées…), comme l’a souvent exigé Wided Bouchamaoui. La Tunisie ne peut sortir de la précarité qu’en redoublant d’effort et d’abnégation. En cela, plusieurs peuvent nous servir d’exemple, en termes de travail et de patriotisme: Corée du Sud, Taiwan, Singapour, et même la Chine…
Enjeux politiques et sociaux…
Nous pensons que, avec cette très probable victoire, Nidaa Tounès contrôlant l’Assemblée des représentants du peuple (avec 86 députés sur 217) et la présidence, c’est une pan entier des leviers du pouvoir politique qui se trouve entre leurs mains.
En attendant, les regards –tunisiens et étrangers- sont pratiquement rivés sur la composition du futur gouvernement qui sera un indicateur précis pour comprendre les choix faits par BCE et Nidaa Tounes.
Alors une question fondamentale: le chef du gouvernement sera-t-il un technocrate ou un fidèle de Béji Caïd Essebsi? Difficile de répondre à cette question, toujours est-il que BCE l’a rappelé dimanche soir que «… l’avenir aussi proche que lointain exige de nous de travailler ensemble»; un clin d’œil à Marzouki, bien entendu pas pour entrer dans le prochain gouvernement.
Mais il faut souligner qu’en faveur de ces élections, sont apparues de flagrantes divisions au sein de notre Tunisie, socialement, économiquement, électoralement. Ces fractures, nord-sud, est-ouest, riches-pauvres… ne seront pas comblées dans cinq ans, mais il faudra donner dès à présent des signes forts tous azimuts.
De ce fait, BCE ne peut ignorer qu’il est élu pratiquement un Tunisien sur cinq en âge de voter. Lui et son parti se doivent dès lors de prendre en compte ce chiffre; cela dit, un chiffre conforme aux standards démocratiques internationaux.
Quant à la direction de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), elle sait ce que le mot “consensus“ veut dire; elle qui a obligé les acteurs politiques à trouver un consensus sur les problèmes auxquels était confrontée la Tunisie, notamment en 2013.
Alors, le syndicat acceptera-t-il de signer la paix des braves avec le prochain gouvernement? Ce n’est pas gagné de ce côté là, mais l’espoir est permis.
Wait and see !