Tunisie – Présidentielle 2014 : Une victoire nette de Caïd Essebsi, mais une kyrielle d’enjeux!

Par : Tallel

 

wmc-elections-marzouki-bce-2014-01.jpgBéji Caïd Essebsi a été, officiellement, proclamé vainqueur du second tour de l’élection présidentielle, par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), avec un score de 55,68% des suffrages exprimés, contre 44,32% à son adversaire et président sortant, Mohamed Moncef Marzouki, soit un écart de plus de 11 points, selon les résultats préliminaires du scrutin annoncés, lundi 22 décembre 2014 à 15h00.

Et vu que le candidat malheureux, Moncef Marzouki, a décidé de ne faire aucun recours de ces résultats, Béji Caïd Essebsi devient, ainsi, le premier président de la Deuxième République et, surtout, le premier président de la République tunisienne démocratiquement élu au suffrage universel. Il a obtenu 1.731.529 voix, contre 1.378.513 à Mohamed Moncef Marzouki sur le total des 3.110.048 suffrages exprimés.

Toujours côté chiffres, l’ISIE fait état d’un nombre important de bulletins nuls et de votes blancs, respectivement 50.585 et 28.755. Le taux de participation s’est établi à 60,11%.

S’exprimant lors de la conférence de presse tenue pour la circonstance au centre de presse du Palais des congrès à Tunis, le président de l’ISIE, Chafik Sarsar, ému, n’a pu cacher ses larmes. Il s’est réjoui du fait que l’instance ait bien rempli son contrat et réussi à conduire à son terme le processus électoral, saluant au passage les efforts de toutes les parties prenantes qui ont apporté un concours actif à cette grande œuvre nationale.

A cet égard, il a notamment rendu hommage aux institutions sécuritaire et militaire, certaines organisations internationales comme le PNUD et l’Union européenne. Il a aussi remercié la présidence du gouvernement et tous les hauts cadres de l’Etat pour leur appui à l’action de l’ISIE, associant dans les mêmes éloges les organisations de la société civile “qui ont aidé, accompagné et éclairé la voie de l’instance par leurs remontrances et leur suivi tout le long des différentes étapes du processus électoral”.

Après avoir signalé la mise en ligne de tous les procès-verbaux officiels des élections sur le nouveau site Web de l’instance, Sarsar a affirmé que l’ISIE a subordonné sa décision finale de proclamation des résultats du scrutin à la stricte application de la loi électorale et aux rapports de l’unité de contrôle rattachée à l’instance, tout en s’assurant que les deux candidats se sont conformés à la législation en vigueur et que les dépassements constatés n’ont pas eu d’incidence sur les résultats.

Et maintenant ?

En attendant l’analyse plus fine de ces résultats, l’unité de tous les Tunisiens doit être le leitmotiv de la prochaine étape. C’est ce qu’a d’ores et déjà dit Béji Caïd Essebsi, en appelant tous les acteurs politiques et la société civile à regarder vers l’avenir. Malheureusement, un avenir semé d’incertitudes sociales et économiques.

Beaucoup de choses demandent du temps et surtout d’argent, mais la Tunisie n’en a pas. Alors, pour y faire face, une seule et unique solution: le travail, en s’assurant qu’il soit le moins injuste possible.

Concernant l’administration, malgré tous les griefs qu’on lui colle, elle est capable d’efficacité et d’efficience. Personne ne peut le nier. Il faut juste lui donner plus de moyens.

Ensuite, nous devons consentir d’immenses sacrifices et surtout pratiquer le patriotisme, à l’instar de tous les pays et peuples qui ont réussi. Inutile de rappeler le cas des “Quatre dragons de l’Asie“.

La Tunisie encense le monde…

En moins de quatre ans, les Tunisiens ont réussi à encenser positivement toute la planète.

D’abord, en janvier 2011, lorsque nous avons déboulonné Ben Ali et son régime, alors que personne ne s’y attendait. Ensuite, quelques mois après, en octobre de la même année, en organisation des élections transparentes et démocratiques pour élire une Constituante.

Puis, en janvier 2014, plus exactement le 26, lorsque la Tunisie s’est dotée d’une Constitution saluée par le monde entier comme une première dans le monde arabe.

Enfin, l’organisation des élections législatives et présidentielle, également saluées par tous les observateurs. Soit une leçon pour cette région arabe, bouleversée, sujette à d’importantes incertitudes.

Certes, nous avons élu un vieux pour occuper le palais de Carthage, mais ne dit-on pas que la vieillesse est synonyme de sagesse, de sérénité! Dans ces conditions, ne nous focalisons sur l’âge, ni sur un éventuel retour de la dictature, au contraire nous pensons que, justement, à cet âge il n’a ni les moyens ni le temps d’instaurer un régime dictatorial.

Par contre, il faudrait que nous respections l’Etat et ses institutions. La justice doit être indépendante. Toutes les libertés, par ailleurs garanties par la Constitution, doivent être respectées. Bannir les injustices, la corruption, essayer tant soit peu de gommer les inégalités économiques, les fractures régionales… Car, c’est tout cela l’édification d’une démocratie.