Dans le collimateur de Bruxelles, le Portugal ramène son déficit public à 4,9%

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entretient avec son ministre des Finances, Maria Luis Albuquerque (d), le 25 novembre 2014 (Photo : Patricia de Melo Moreira)

[23/12/2014 12:23:23] Lisbonne (AFP) Le Portugal a ramené son déficit public à 4,9% du PIB sur les neuf premiers mois de l’année, en baisse par rapport aux 5,7% enregistrés à la même période de 2013, a annoncé mardi l’Institut national des statistiques (Ine).

Cette publication intervient au lendemain d’une nouvelle mise en garde adressée à Lisbonne par Bruxelles, qui a épinglé un “relâchement” des efforts d’assainissement budgétaire du Portugal depuis sa sortie en mai de son programme d’assistance financière.

Sur l’ensemble de l’année, le gouvernement portugais prévoit un déficit à 4,8% du PIB, au-dessus de l’objectif de 4% fixé par les créanciers du pays, en raison notamment du passage du pays au nouveau système européen de comptes (SEC 2010).

L’amélioration constatée entre janvier et septembre est le résultat d’une hausse des recettes (+3,3%) plus importante que celle des dépenses (+1,6%). L’Ine relève notamment une augmentation de 5,8% des rentrées dues aux impôts sur le revenu et le patrimoine.

Sur les neuf premiers mois de 2014, les administrations publiques ont enregistré un déficit de 6,3 milliards d’euros, contre 7,1 milliards sur la même période de l’an dernier.

Très critique sur les prévisions macroéconomiques du gouvernement portugais, la Commission européenne prévoit un déficit de 4,9% du PIB en 2014, qui pourrait même atteindre 7,7% si le sauvetage en août de Banco Espirito Santo (BES) était pris en compte.

A moins d’un an des élections législatives prévues en 2015, le gouvernement de centre droit a commencé à donner des signes de fatigue en matière d’austérité, au grand dam de ses créanciers internationaux.

“L’appétit pour des réformes audacieuses semble avoir disparu ces derniers mois, et un vaste consensus sur une stratégie de croissance à moyen terme n’est pas en vue”, a regretté lundi la Commission européenne.

“L’assainissement budgétaire s’est progressivement réduit en 2014” et “est désormais moins basé sur une réduction durable des dépenses”, commente Bruxelles dans un rapport publié à l’issue d’une visite de contrôle de la troïka UE-BCE-FMI à Lisbonne en novembre.

Lors de l’adoption du budget rectificatif pour 2014, le gouvernement avait fait état d’un surplus de recettes fiscales de 1,6 milliard d’euros, dû à la reprise du marché du travail.

Grâce à cette aubaine, l’exécutif a pu renoncer à toute nouvelle mesure de rigueur et a fait marche arrière sur une hausse de la TVA et des cotisations sociales des salariés en 2015.

Le Portugal fait partie des pays de la zone euro qui se sont fait épingler par Bruxelles pour un “risque de non-conformité” de leur déficit aux règles européennes qui imposent une limite de 3% du PIB.

Les prévisions économiques d’automne publiées par Bruxelles en novembre tablent sur un déficit de 3,3% du PIB l’an prochain, bien supérieur au déséquilibre de 2,7% prévu par le budget du gouvernement.

“Nous mettons un point d’honneur à ramener le déficit sous les 3% en 2015”, a cependant assuré à plusieurs reprises la ministre des Finances Maria Luis Albuquerque.