Italie : réforme du travail et budget adoptés mais janvier chargé pour Renzi

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à Bruxelles le 18 décembre 2014 (Photo : John Thys)

[23/12/2014 14:09:37] Rome (AFP) Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi vient de faire passer dans la douleur sa réforme du travail et son budget, et s’attaque désormais à la réforme électorale, tout en cherchant un nouveau président de la République.

Lui qui promettait “une réforme par mois” à son arrivée au pouvoir en février avant de se résigner en septembre à changer le pays “pas à pas” a eu besoin de poser la question de confiance samedi à l’aube au Sénat et de batailler ferme à la Chambre des députés pour faire adopter lundi soir son budget 2015.

Un exercice périlleux puisqu’il faut satisfaire aux exigences européennes sans plomber un pays connaissant sa troisième année de récession.

“La loi de stabilité supprime 18 milliards d’impôts. Plus d’argent pour le social, moins d’impôts sur le travail. Tout est améliorable, mais l’Italie change de direction”, s’est félicité M. Renzi mardi matin sur Twitter.

Le texte prévoit aussi 11 milliards de réductions de dépenses, essentiellement dans les collectivités locales, et promet que le déficit budgétaire restera sous la barre des 3% du PIB.

Le bonus annuel de 80 euros instauré au printemps est pérennisé pour les salaires modestes, et un “bonus bébé” de 80 euros par mois sera versé pendant trois ans pour chaque enfant né à partir du 1er janvier.

Le texte prévoit aussi les baisses de charges salariales annoncées dans la réforme du droit du travail.

Malgré la fronde de l’aile gauche de son Parti démocrate et des syndicats — qui ont réuni des centaines de milliers de manifestants à l’automne et décrété une grève générale le 12 décembre –, M. Renzi a réussi à faire adopter cette réforme sensible début décembre.

Pour favoriser l’emploi dans un pays où le chômage des jeunes atteint des sommets, le “Jobs Act” prévoit des incitations fiscales et une limitation des contraintes pour les entreprises embauchant à durée indéterminée.

L’étendue de la réforme dépendra cependant surtout des décrets d’application. Le premier doit être présenté mercredi matin en conseil des ministres.

Parallèlement à ces deux succès, l’effritement de la cote de popularité du gouvernement semble marquer le pas. Passée de 69% en juin à 43% en novembre, elle est remontée à 46% en décembre, selon un sondage publié dimanche par La Repubblica.

– Course au président –

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à Rome le 17 décembre 2014 (Photo : Antonio di Gennaro)

Mais janvier s’annonce ardu pour le chef de gouvernement. Dès la rentrée, le Sénat doit examiner une nouvelle fois la réforme électorale sur laquelle il s’est accordé il y a près d’un an avec Silvio Berlusconi.

Cette nouvelle loi devrait donner une majorité parlementaire claire au parti arrivé en tête aux législatives, une révolution dans un pays où l’instabilité gouvernementale est un mode de vie.

Pourtant, le gros morceau de la rentrée devrait rester la course à la présidence, l’actuel chef de l’Etat, le respecté Giorgio Napolitano, ayant lui-même évoqué une démission “imminente”.

Réélu en avril 2013 faute d’accord au Parlement sur un autre candidat, M. Napolitano, 89 ans, n’a jamais fait mystère de son intention de ne pas rester longtemps en poste. Selon la presse, il devrait démissionner juste après le passage de témoin formel de la présidence italienne de l’UE le 13 janvier.

Le Parlement aura alors 15 jours pour se réunir en session conjointe — députés, sénateurs et 58 délégués régionaux — pour élire son successeur. Une majorité des deux tiers est requise, mais à partir du 4e tour, la majorité simple (505 voix) suffit.

Le Parti démocrate de M. Renzi compte 460 grands électeurs et devra donc proposer une personnalité qui rassemble dans ses rangs et séduise au-delà. Ce n’est pas impossible, et Silvio Berlusconi s’est même dit prêt à voter pour un candidat du centre-gauche. Mais il est peu probable que les noms qui circulent dans la presse, au premier rang desquels son vieil opposant Romano Prodi, obtiennent son approbation.

“Quand viendra le moment, nous devrons déposer les armes du +je veux mettre celui-là+ et comprendre de qui l’Italie a besoin pour les sept prochaines années (…). Je suis très tranquille, nous trouverons une bonne solution”, a assuré M. Renzi mardi matin à la radio.