Une page internet affichant des magasins de vente de vins en ligne (Photo : Karen Bleier) |
[24/12/2014 09:25:13] Paris (AFP) Une résolution du conflit entre la France et l’Icann, le régulateur mondial d’internet, sur la question du .vin “passera par un compromis”, explique à l’AFP Akram Atallah, en charge de l’expansion des noms de domaine sur le Web à l’Icann.
QUESTION: Où en est le contentieux vous opposant à la France sur la question des noms de domaine liés au vin (.vin), qui a été relancé récemment par la secrétaire d’Etat au Numérique Axelle Lemaire?
REPONSE: “Même si mon travail concerne en priorité l’application de toutes les procédures que la communauté développe, j’ai pu constater que les relations avec le gouvernement français se sont un peu tendues à cause du .vin et .wine. parce que la façon dont le programme a été développé par la communauté n’a pas pris en considération les appellations d’origine contrôlée.
Celles-ci sont protégées par l’Icann de la même façon que toutes les autres marques mais le fait qu’elles n’aient pas une protection spéciale n’a pas été accepté par la France et la ministre l’a répété à plusieurs reprises ces derniers temps. Malgré ces tensions, je crois qu’on essaie ensemble de trouver des solutions. Peut-être qu’on pourra arriver à une solution commerciale, qui permettra à tout le monde d’avoir le confort de se dire que les choses sont enfin réglées à ce sujet.
Il ne faut pas oublier que ces appellations vendent une grande partie de leurs vins grâce à internet même si, bien sûr, de faux vignerons ne doivent pas être autorisés à faire de la publicité. Dans l’idéal, par exemple la communauté des vins de Bordeaux devrait acheter bordeaux.vin et ensuite contrôler elle-même les inscriptions pour ne valider que les producteurs locaux. Mais il y a également beaucoup de sites en ligne qui expliquent qu’ils vendent du Bordeaux et du Champagne et qu’ils aident donc les producteurs à réaliser leur bénéfice.
Des décisions économiques devront être prises pour élargir les canaux de distribution sans déstabiliser le marché. Personne n’obtiendra tout ce qu’il veut dans ce dossier, cela passera par un compromis”.
Q: Qu’en est-il du programme d’extension des nouveaux noms de domaine lancé en juin 2011, et de l’argent récolté?
R: “Le programme fonctionne comme prévu. Le plan visait à augmenter le choix des consommateurs, la concurrence et l’innovation. Nous avons réussi au niveau du choix. Cela reste à voir concernant la concurrence mais c’est en bonne voie. Les petites entreprises seront en mesure de s’investir plus sur internet car pouvoir acheter un nom de domaine pour moins cher affecte également le coût de fonctionnement d’un site.
Enfin, nous attendons beaucoup en terme d’innovation de la part de marques dès l’année prochaine, par exemple dans la promotion de leur image et la fidélisation de leurs clients.
Nous prévoyons qu’il restera environ 78 millions de dollars (64 millions d’euros) à la fin du programme actuel en 2017. Etant une organisation sans but lucratif, cette somme sera utilisée principalement pour couvrir nos frais de fonctionnement”.
Q: L’Icann a entamé un processus de transition qui doit la conduire à devenir indépendante de la tutelle américaine en septembre 2015, ce délai sera-t-il respecté alors que les discussions sont très difficiles?
R: “En seize ans, le nombre d’utilisateurs d’internet est passé de 150 millions à 3 milliards de personnes, accentuant d’autant plus les besoins d’une réforme de la gouvernance du réseau, de qui est responsable de la prise de décisions. La communauté dans son ensemble, à savoir les entreprises, les techniciens, les gouvernements, la société civile et les utilisateurs finaux, s’est donc mise au travail.
Elle est actuellement en train de développer des propositions concernant les processus nécessaires pour que la transition soit effective, notamment des nouveaux mécanismes de responsabilisation. En effet, s’il en existe déjà aujourd’hui, lorsqu’une décision du conseil d’administration de l’Icann est examinée, ceux-ci ne sont pas contraignants et le conseil peut choisir de les accepter ou non.
Ces propositions globales seront dévoilées dans les prochains mois et j’espère que nous allons mener à bien cette réforme avant la date requise.