Maghreb – Energies : La chute des cours du pétrole n’inquiète pas Alger

Par : Tallel

Tandis que le prix du baril de pétrole poursuit sa baisse, des questions sur le budget de l’Etat commencent à se poser à Alger, dans la mesure où les recettes en devises du pays proviennent à 99% de la rente pétrolière.

Mais les autorités affirment contrôler la situation.

“Les équilibres financiers de l’Algérie ne seront pas affectés par la chute des cours du pétrole [car] le gouvernement dispose de mécanismes à même de faire face à ce genre de situation”, a ainsi affirmé, le 1er décembre, le ministre des Finances, Mohamed Djellab.

Selon lui, “l’’Algérie a réussi, grâce à sa politique prudente depuis plus de dix ans, à rembourser ses dettes et par conséquent à se doter d’une plus grande capacité à faire face à la nouvelle donne économique et à accumuler d’importantes réserves de change”.

Dimanche 7 décembre, le PDG de la Sonatrach a déclaré que le géant pétrolier maintiendrait son programme de développement 2015-2019, d’un montant de 90 milliards de dollars, malgré la baisse des prix.

Les mêmes propos rassurants ont été repris par Amar Benyounes, ministre du Commerce, qui a souligné que la chute des prix du pétrole n’aura aucun impact sur les aides et les subventions inscrites dans le cadre du programme du gouvernement destiné aux couches sociales les plus défavorisées.

“Cette année, nous allons avoir plus de 60 milliards de dollars de transferts sociaux et des dizaines de milliers de logements seront attribués”, a-t-il précisé devant les journalistes.

Malgré ces assurances, des inquiétudes perdurent sur la capacité de l’économie algérienne à résister à la chute du prix du baril.

Sid Ahmed Ghozali, ancien chef du gouvernement et ancien PDG de Sonatrach, a déclaré dans un entretien accordé le 3 décembre à “Tout sur l’Algérie” qu’une baisse des prix “ne fera qu’aggraver le processus de dégradation de notre économie qui est déclenché depuis longtemps pour des raisons plus fondamentales que les cours de pétrole“.

“Ce prix du pétrole est loin de constituer le seul paramètre dont dépendent nos ressources financières”, a-t-il expliqué, citant, entre autres facteurs, “le mode d’exploitation de nos gisements, le taux de récupération des réserves existantes, puis les ressources hors-pétrole, qui sont dramatiquement faibles. Ces facteurs réunis sont plus déterminants que le prix.”

Nazim Zouioueche, expert en énergie, estime que l’Algérie n’a d’autre choix que de puiser dans ses réserves en devises pour éloigner toute perspective de déficit.

Ce recours s’impose d’autant plus “que les revenus du pétrole pour l’année en cours sont estimés à 60 milliards de dollars, alors que les importations seront légèrement supérieures. Cela signifie qu’on va dépenser plus que ce que l’on gagne”, dit-il.

L’ancien candidat à la présidentielle Ali Benflis exprime, pour sa part, sa “profonde préoccupation née de la chute continue des prix des hydrocarbures face à laquelle les pouvoirs publics n’ont pris aucune mesure et dont ils continuent à minimiser les effets, alors que le spectre d’une grave crise financière pointe à l’horizon”.

Une inquiétude que partagent les citoyens.

“L’Algérie doit penser à diversifier son économie nationale”, affirme Amine Saouli, étudiant en sciences économiques. “Le potentiel économique du pays est grand. Des secteurs tels que l’industrie, l’agriculture, la pêche et le tourisme pourraient constituer des palliatifs efficaces et sûrs”.

Imène Bechouche, fonctionnaire, espère pour sa part que cette baisse du prix du pétrole “n’amènera pas le gouvernement à opter pour une politique économique restrictive qui remettrait en cause les acquis sociaux réalisés ces dernières années”.

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