Ebola : corruption et dette privent les pays touchés de 1,4 milliard de dollars par an

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à Monrovia, le 19 décembre 2014 (Photo : Evan Schneider )

[26/12/2014 18:00:31] Washington (AFP) La corruption, l’évasion fiscale et le poids de la dette privent les trois pays africains les plus durement frappés par l’épidémie d’Ebola de 1,4 milliard de dollars par an, estime vendredi une organisation non-gouvernementale américaine.

Au cours des dix dernières années, Sierra Leone, Liberia et Guinée ont ainsi perdu chaque année 1,3 milliard de dollars (1,07 milliard d’euros) au titre des fraudes fiscales et de la corruption qui siphonnent leurs finances publiques, a jugé le collectif de lutte contre la pauvreté Jubilee USA.

Quelque 100 millions de dollars ont par ailleurs été consacrés en moyenne chaque année par ces trois pays au remboursement de leurs créanciers et notamment les grands bailleurs de fonds internationaux (FMI, Banque mondiale…), au détriment d’investissements dans la santé, déplore l’ONG dans un communiqué.

Point de départ de l’épidémie, la Guinée a ainsi alloué en 2012 davantage d’argent pour servir sa dette que pour financer ses dépenses de santé publique, ajoute-t-elle.

“La dette, la corruption et l’évasion fiscale, voilà pourquoi les populations meurent en Afrique de l’Ouest. Il y avait suffisamment d’argent pour contenir Ebola et sauver davantage de gens de maladies évitables”, déplore Eric LeCompte, directeur exécutif de Jubilee USA, cité dans le communiqué.

Privés de solides systèmes de santé publique, Sierra Leone, Liberia et Guinée ont dû lancer un appel à l’aide internationale pour tenter de contenir l’épidémie qui a déjà tué près de 7.700 personnes en Afrique de l’Ouest, selon le dernier bilan de l’OMS.

Selon Jubilee USA, seuls un allègement de la dette couplé à une lutte contre l’évasion fiscale permettront à ces pays d’investir sur le long terme “dans les soins de santé et le développement”.

“Ces trois pays ont accumulé une grande partie de leur dette actuelle durant des périodes de guerre civile, de dictature ou de régimes à parti unique”, souligne l’ONG, selon qui cette dette devrait être, en conséquence, annulée.

Récemment, les Etats-Unis ont appelé le FMI à effacer une partie de la dette que ces trois pays ont contracté auprès de lui et qui s’élève au total à environ 500 millions de dollars.