Le prix du timbre s’envole pour compenser la chute du courrier

c26df388fe39415c59d8061e63e8df6ef9e18f08.jpg
une hausse historique du prix du timbre qui augmente de 7% (Photo : Philippe Huguen)

[30/12/2014 06:59:51] Paris (AFP) Avec l’augmentation du prix du timbre de 7% en moyenne prévue au 1er janvier, hausse la plus importante de son histoire, La Poste tente de compenser la chute régulière de son activité courrier mais prend aussi le risque de l’accélérer.

La Poste avait annoncé il y a trois mois qu’au 1er janvier 2015 la lettre prioritaire à timbre rouge passerait de 0,66 à 0,76 euros, et la lettre verte à timbre vert de 0,61 à 0,68 euros.

L’entreprise dirigée par Philippe Wahl affirme tout de même, en guise de consolation des usagers, que “l’avantage tarifaire proposé par la lettre verte, désormais majoritairement utilisée par les clients, sera donc renforcé”.

Parallèlement à la hausse de 7% des tarifs du courrier, les colis enregistreront pour leur part à partir de jeudi une hausse de 1% de leurs tarifs en moyenne, atténuée par la baisse des tarifs des colis internationaux.

Cette hausse historique accompagne une tendance de fond défavorable à La Poste: le groupe avait informé il y a un an que, pour la première fois, son activité courrier en 2014 ne couvrirait plus les coûts du service universel postal.

Le volume des plis adressés chaque année, qui s’établissait à 18,6 milliards en 2004, était de 14,5 milliards en 2012 et 13,7 milliards en 2013.

Afin de garantir l’activité courrier, une hausse substantielle du prix du timbre s’avérait nécessaire selon La Poste.

L’Arcep, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, l’a entendue en autorisant une augmentation de ses tarifs de 5,2% en moyenne par an pendant quatre ans, sur la base d’un taux moyen d’inflation d’1,7% sur la période.

– ‘Le courrier est mort’ –

Compte tenu des difficultés de l’entreprise, l’Arcep lui a également permis d’utiliser, à compter du 1er janvier 2015, jusqu’à 50% de l’enveloppe globale prévue pour l’ensemble des quatre années. La Poste en a employé environ 40%.

“Une nouvelle fois on fait payer l’usager”, déplore auprès de l’AFP Hervé Tellier (CGT). Sa réaction reflète l’inquiétude de la plupart des syndicats.

En retour, La Poste assure que cette hausse record n’aura qu’un “faible impact”, moins de quatre euros, sur le budget annuel en produits postaux des ménages français. Celui-ci s’élève actuellement en moyenne à 46 euros.

Pour Régis Blanchot (SUD), “même si le discours officiel n’est pas celui-là, la direction considère que le courrier est mort et essaie de prendre l’argent pendant qu’il y a encore un peu de trafic, et tant pis si l’augmentation tarifaire accélère la dématérialisation et cette baisse”.

“C’est d’autant plus inquiétant que lorsqu?on regarde les secteurs qui sont considérés comme les relais de croissance, ils ne sont pas au rendez-vous”, ajoute-t-il.

Selon son plan “La Poste 2020: Conquérir l’avenir”, le groupe doit notamment tripler son résultat d’exploitation à cet horizon, en accélérant le développement de ses activités existantes (la Banque postale et le colis principalement) et en misant sur de “nouveaux territoires”, comme les services à domicile et de proximité.

Au premier semestre 2014, la baisse des volumes de courrier échangés a continué de peser. Le chiffre d’affaires de l’activité Services-Courrier-Colis a enregistré un repli de 2,3% (à 5,78 milliards d’euros), qui n’était que partiellement compensé par l’augmentation tarifaire survenue il y a un an.

Poussée par l’Arcep, La Poste a également procédé à une simplification de sa grille tarifaire pour la gamme de courriers et colis, applicable elle aussi au 1er janvier.

Celle-ci doit permettre aux clients particuliers et professionnels d’affranchir au même tarif un document ou une petite marchandise dans le cas où l’envoi ne dépasse pas 3 cm d’épaisseur ou 3 kg.

Certains voient dans cette mesure un moyen de faire avaler la pilule de la hausse du timbre : “ce sont deux choses totalement différentes qui se produisent simplement au même moment”, répond Patrice Idier, directeur particuliers et professionnels du groupe.

“L’augmentation du timbre a son utilité par rapport à notre mission de service universel, au modèle économique et au changement des usages alors que la simplification des tarifs correspond à une attente des consommateurs et à une demande de l’Arcep d’une plus grande accessibilité de notre offre”, plaide-t-il.