Naissance d’un géant du rail en Chine après une fusion

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à grande vitesse sur une ligne entre Pékin et Guangzhou, en 2012 (Photo : .)

[31/12/2014 08:14:31] Shanghai (AFP) La naissance d’un géant chinois du rail, avec la fusion annoncée des deux groupes CNR et CSR, a été saluée mercredi par les marchés et confirme la volonté de l’Etat chinois de rivaliser à l’international, notamment sur les lignes à grande vitesse.

Les titres des fabricants de trains chinois CNR et CSR ont bondi mercredi sur les Bourses de Hong Kong et Shanghai après la confirmation de leur fusion pour créer un géant du secteur.

CNR et CSR, contrôlés par l’Etat, produisent wagons et locomotives pour le réseau ferroviaire chinois, et leur fusion doit créer un “tout nouveau leader mondial”, fournisseur “d’équipements et de solutions système, avec le matériel roulant comme coeur de métier”, selon le communiqué commun des deux sociétés.

Leur rapprochement est censé également “améliorer l’efficacité dans l’utilisation des ressources, réduire les coûts de fonctionnement et réaliser la stratégie à l’international”, ajoute-t-il.

Fin octobre, la presse officielle avait fait état du projet de fusion en indiquant que celle-ci devait aussi empêcher toute concurrence trop “acharnée” sur le marché intérieur.

Selon le 21st Century Business Herald, la nouvelle entité se nommerait “China Railway Rolling Stock Group”, la CRRC Corp.

La fusion doit toutefois être encore approuvée formellement par les actionnaires et les autorités de tutelle, précise le communiqué.

Selon les analystes, la démarche doit mettre fin à la rivalité des deux groupes à l’international et permettre de réduire leurs prix.

“La fusion donnera un avantage compétitif à la Chine pour les contrats à l’étranger, sans que les deux groupes se fassent concurrence”, estime Shen Jun, analyste chez BOC.

Mais le processus prendra du temps, prévient-il: “Pour combiner leurs technologies et leurs effectifs, cela sera très long”.

La fusion refermera une parenthèse: CSR et CNR sont issus d’un même fabricant de matériel ferroviaire qui s’était émancipé en 2000 de la tutelle du ministère des Chemins de fer avant de se scinder.

– Se renforcer face à Alstom, Siemens et Bombardier –

La Chine possède le plus long réseau du monde de lignes à grande vitesse, qui doit atteindre 16.000 km en 2020.

Sa réalisation a été entachée de nombreux scandales de corruption, révélés à la suite d’un grave accident survenu en juillet 2011 près de Wenzhou, qui avait fait une quarantaine de morts.

Mais avec le mastodonte issu de la fusion, la Chine espère se renforcer sur le marché international, où elle affronte déjà des multinationales comme le français Alstom, l’allemand Siemens et le canadien Bombardier.

CNR avait déjà obtenu en octobre un contrat pour fournir les trains du réseau interurbain de Boston (Etats-Unis).

En revanche, CSR a connu un revers avec l’annulation récente d’un appel d’offres pour un projet de TGV à 3,75 milliards de dollars au Mexique, qu’il avait remporté dans un premier temps au sein d’un consortium.

En octobre, la Chine et la Russie ont signé un protocole d’accord pour un gigantesque projet de train à grande vitesse reliant leurs capitales, une ligne de plus de 7.000 kilomètres destinée à remplacer le Transsibérien en écourtant le trajet de six à deux jours.

La Chine vient par ailleurs d’inaugurer sa première ligne de chemin de fer à grande vitesse reliant au reste du pays le Xinjiang, son “Far west” en proie à une agitation récurrente.

Longue de quelque 1.800 kilomètres, la ligne relie en moins de 12 heures Lanzhou, la capitale provinciale du Gansu, à Urumqi, la capitale du Xinjiang, réduisant de moitié le temps du trajet.

A Hong Kong, l’action de China CNR Corp. a grimpé mercredi de 45%, pour atteindre 11,12 dollars hongkongais, tandis que le titre de CSR Corp. a pris plus de 32%, à 10,44 dollars hongkongais.

A Shanghai, où les deux groupes sont également cotés, le cours de l’action de CNR s’est hissé à 7,10 yuans et celui de CSR à 6,38 yuans, les deux titres atteignant la hausse maximale de 10% autorisée sur la place financière.