En dépit de ses perspectives prometteuses, le secteur de l’agriculture irriguée connaît des difficultés dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, se rapportant, essentiellement, au coût des eaux d’irrigation, à la maintenance des équipements et l’écoulement du produit, selon un rapport publié par la direction régionale du développement agricole.
Les superficies irriguées (publiques et privées) dans la région s’élèvent à 50.000 hectares (ha) représentant 11% des périmètres irrigués au plan national. Le secteur irrigué à Sidi Bouzid contribue dans une proportion située entre 18 et 25% à la production nationale des légumes selon les saison et à hauteur de 67% à la production totale de la région dans le gouvernorat. Il offre 16.000 emplois permanents.
A rappeler que la superficie totale des terres labourées dans le gouvernorat de Sidi Bouzid a atteint 460.000 ha au cours de cette saison.
L’irrigation et l’écoulement en cause…
D’après le même document, le coût d’un m3 d’eau d’irrigation, dans les périmètres irrigués qui font recours à l’énergie électrique, s’élève à 100 millimes/m3, alors qu’il dépasse les 300 millimes/m3 dans les périmètres qui n’utilisent pas l’énergie électrique, ce qui représente un handicap pour le développement de la production. D’où l’impératif de continuer à électrifier les puits d’irrigation.
Le rapport a également recensé 59 périmètres irrigués publics au niveau du gouvernorat de Sidi Bouzid, souffrant de difficultés de maintenance des équipements. Ces périmètres sont gérés par les groupements de développement agricole. Les mêmes données ont fait état, en outre, de l’absence d’un système de commercialisation pour des secteurs stratégiques, en l’occurrence les céréales, l’huile et les tomates saisonnières destinées à la transformation.
La commercialisation d’autres produits comme les légumes et les fruits demeure, quant à elle, à la charge de l’agriculteur, à cause d’un manque de structures organisées (coopératives de services par exemple), de contrats de production et d’unités de transformation.
Sidi Bouzid dispose d’unités de stockage et de conditionnement d’une capacité de 6.000 tonnes et de deux stations d’exportation permettant d’exporter 6.100 tonnes, mais cette capacité demeure toutefois insuffisante pour englober toute la production.
Le secteur souffre aussi de difficultés au niveau de l’approvisionnement en semences telles que celles de la pomme terre de saison en raison du peu de quantités importées, ce qui oblige les agriculteurs à utiliser les pommes de terre de consommation comme semences.
Le groupement inter-professionnel des légumes (GIL) n’a pu installer, à cet effet, un centre de collecte des pommes de terre de saison à cause des protestations des citoyens qui revendiquent un recrutement massif dépassant la capacité d’emploi du groupement. L’abus de l’utilisation de la nappe phréatique figure aussi parmi les difficultés qui menacent le secteur de l’agriculture irriguée, face à la demande croissante des habitants de la région pour la création de nouveaux périmètres irrigués.
Selon le document de la direction régionale du développement agricole de Sidi Bouzid, la nappe phréatique, qui est en continuelle diminution, constitue 28% des ressources hydrauliques disponibles dans la région. Celles-ci sont estimées à 282 millions de mètre cube, ce qui est de nature à permettre le développement des surfaces irriguées moyennant l’épandage des eaux des oueds, jusqu’à atteindre 13.730 ha.
Les superficies équipées de techniques en économie d’eau dépassent, par ailleurs, 75%. L’extension des espaces consacrés aux légumes, à une superficie de 20.000 hectares chaque année, a contribué à l’augmentation de la production évaluée à 639.000 tonnes de légumes dont en particulier l’oignon, l’ail, les tomates, les poivrons.
Les exploitants agricoles de la région ont pu, à travers la maîtrise des nouvelles techniques, mettre à profit les conditions climatiques pour assurer une production sur toute l’année.
En plus des cultures hivernales et estivales des superficies importantes sont consacrées aux cultures de primeurs et d’arrière-saison.
Les visites de terrain et les campagnes de formation et de sensibilisation se sont intensifiées au profit des agriculteurs dans le domaine de la production des légumes en vue d’améliorer la rentabilité et la répartition des cultures selon l’alternance agricole et de mettre en place la culture des contrats de production, tout en étendant les cultures exportatrices à plus de mille de hectares.
Augmentation de la production d’amandes
Par ailleurs, le gouvernorat de Sidi Bouzid a connu, au cours de ces dernières années, une extension des superficies consacrées à la culture d’amandes ayant atteint 32.000 pour hectares pour une production de 10.000 tonnes, soit 13% de la production nationale pour la saison 2013/2014. Selon la Direction régionale du développement agricole, des semences sélectionnées ont été fournies en coopération avec le Centre régional des recherches agricoles en plus des aides techniques et matériels mis à la disposition des agriculteurs de la région. Ces différents efforts ont permis l’augmentation des superficies d’amandiers et l’amélioration de la production.
Les superficies sont réparties sur les délégations de Aouled Hafouz (8.800 ha), Regueb (6.150 ha), Sidi Bouzid-est (5.390 ha), Sidi Ali Ben Aoun (3.750 ha) et Meknassi (3.600 ha). Les superficies consacrées à la plantation d’amandiers irrigués sont estimées à 1.150 ha notamment dans les délégations de Regueb, Meknassi, et Menzel Bouzayane.
Malgré l’importance de ce secteur, le gouvernorat de Sidi Bouzid a besoin d’usines de transformation des amandes afin d’assurer une meilleure exploitation de la production et réduire les obstacles au niveau de la vente et de la transformation de la production.
Sidi Bouzid expérimente la plantation d’agrumes
La plantation d’agrumes figure parmi les nouvelles expériences adoptées par les agriculteurs dans la région. Les différentes structures agricoles spécialisées ont oeuvré à développer cette activité en élargissant les superficies de plantation des agrumes moyennant l’introduction de nouvelles variétés, tout en assurant l’encadrement technique des agriculteurs et l’exécution du programme national de lutte intégrées contre la mouche méditerranéenne des fruits (cératite).
Les superficies consacrées à la plantation d’agrumes sont de 228 ha pour la saison 2014 et la production a atteint près de 2.500 tonnes. 95% de ces superficies sont situées à Regueb. Elle devrait doubler au cours des prochaines années face à la réussite des agriculteurs qui ont mené cette expérience.