égringolé sous le seuil de 1,20 dollar pour la première fois en près de neuf ans (Photo : Vasily Maximov) |
[05/01/2015 14:59:29] Londres (AFP) L’euro est tombé lundi sous le seuil de 1,20 dollar pour la première fois en près de neuf ans, et poursuivait sa dégringolade, plombé par des spéculations sur la mise en place prochaine de nouvelles mesures de soutien monétaire et sur la sortie de la Grèce de la zone euro.
La monnaie unique européenne, qui vient d’achever sa pire année depuis 2005 face au billet vert mais valait encore 1,2097 dollar le 31 décembre, est tombée lundi à 1,1864 dollar, son niveau le plus faible depuis mars 2006.
“2015 débute avec fracas pour l’euro”, a commenté Angus Campbell, analyste chez FxPro.
“Le début de la séance en Asie a vu l’euro avancer toujours plus bas, passant sous 1,20 dollar alors que les courtiers revenaient à leur bureau (après le weekend mais aussi les fêtes, ndlr) en s’attendant de plus en plus à un assouplissement quantitatif de la BCE (Banque centrale européenne)”, a observé M. Campbell.
ésident de la Banque centrale européenne Mario Draghi à Bruxelles, le 8 décembre 2014 (Photo : Emmaneul Dunand ) |
Ces attentes étaient accentuées lundi par de récents propos dans la presse allemande de Mario Draghi, le président de la BCE, qui a signalé que l’institut d’émission se préparait “techniquement pour modifier début 2015 l’ampleur, le rythme et le caractère des moyens à mettre en place s’il devenait nécessaire de réagir à une trop longue période d’inflation trop faible”.
Selon lui, le risque pour la BCE de ne pas parvenir à contrer une éventuelle déflation est plus grand qu’il y a six mois.
Un programme d’assouplissement quantitatif se traduirait par des rachats d’actifs massifs, sur le modèle de ce qu’a fait la Réserve fédérale américaine (Fed) ces dernières années et jusqu’à octobre dernier.
Il reviendrait à injecter des liquidités dans le système financier de la zone euro pour stimuler l’activité économique, mais cela tendrait également à diluer la valeur de la monnaie unique, la rendant moins attrayante pour les investisseurs.
Surtout, la BCE pourrait ainsi acheter des obligations de pays de la zone euro en grande difficulté financière, considérées comme des actifs à grand risque.
Le but de se programme serait aussi d’enrayer la désinflation (le ralentissement de la hausse des prix) pour éviter la déflation (une durable baisse des prix).
– Un loup dans la bergerie –
Mais la réalité risque d’avoir devancé la BCE et de nombreux observateurs estiment que l’inflation est déjà passée en territoire négatif en décembre en zone euro. Une première estimation officielle sera publiée mercredi.
“Le marché s’attend à ce que (la zone euro) tombe en déflation pour la première fois depuis 2009”, a prévenu Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com. “Et il y a même un risque de voir un repli plus important que le 0,1% attendu”, a poursuivi Mme Brooks.
“La baisse de l’euro est une bonne nouvelle pour M. Draghi, qui cherche à faire baisser l’euro depuis des mois”, a toutefois relevé M. Campbell. Des responsables gouvernementaux européens, notamment français, avaient aussi appelé ce repli de leurs voeux. Une devise plus faible tend en effet à rendre plus compétitifs les produits des exportateurs de la zone euro, donc à soutenir sa reprise économique.
“La prochaine réunion de la BCE aura lieu le 22 janvier, alors l’euro devrait rester le point central de l’attention du marché, et la volatilité devrait croître à l’approche de cette date, qui sera aussi quelques jours avant les élections en Grèce”, a estimé l’analyste.
La Grèce occupait ainsi les esprits également lundi. Pour Connor Campbell, analyste chez Spreadex, une information de presse selon laquelle la chancelière Angela Merkel était prête à laisser sortir la Grèce de la zone euro en cas d’arrivée au pouvoir de la gauche radicale dans ce pays a précipité la chute de l’euro.
“La zone euro apparaît menacée par la possibilité d’une victoire de la gauche radicale en Grèce car elle est vue, avec ses velléités de renégociations de la dette grecque, comme un loup qui s’introduirait dans la bergerie de la zone euro”, a commenté Connor Campbell.
D’ici au scrutin législatif du 25 janvier, les déclarations du parti de gauche radicale anti-austérité Syriza, favori de l’élection, seront particulièrement suivies, alors que le marché redoute que son éventuelle arrivée au pouvoir remette en cause les négociations avec l’Union européenne (UE), le Fonds monétaire international (FMI) et les créanciers du pays.