Le merveilleux spectacle d’un président qui s’en va et d’un nouveau président qui arrive a tendance à devenir une tradition heureuse en Tunisie consacrant la passation pacifique du pouvoir, et partant, une des principales composantes de la démocratie, l’alternance.
La passation pacifique, aujourd’hui, au palais de Carthage, entre le nouveau président, Béji Caïd Essebsi, élu au suffrage universel, et le président sortant, Mohamed Moncef Marzouki, élu par les députés de l’Assemblée nationale constituante (ANC) laquelle intervient après celle qui a eu lieu, le 13 décembre 2012, entre Mohamed Marzouki et Foued Mebazaa, un thuriféraire de la dictature du président déchu, vient concrétiser le succès de la première étape de la transition démocratique en Tunisie et consacrer de la plus belle manière l’entrée de la Tunisie dans le cercle des nations démocratiques.
La démocratie tunisienne, un cas d’école
Il s’agit de toute évidence d’une première dans le monde arabe. Elle vient «dédiaboliser le changement» dans ces contrées et prouver que les Arabes sont eux aussi capables d’évoluer et d’être un jour des démocrates.
Le succès du processus démocratique engagé par les Tunisiens, depuis le soulèvement du 14 janvier 2011, en vue de mettre en place un Etat de droit et des institutions, est, désormais, un cas d’école, voire un exemple heureux à suivre par tous les pays épris de paix et de démocratie. La Tunisie, «héritière de la glorieuse cité de Carthage qui a mis l’Afrique dans la lumière de l’Histoire (Ifriguia)», est aujourd’hui un exemple heureux de démocratie pour tous les pays arabes et du reste du tiers monde.
Après tout, la compétition pour le pouvoir peut être assimilée à un simple duel entre deux équipes, voire à un match de football qui suppose à sa fin qu’il y ait un gagnant parce qu’il a bien joué et un perdant qui a mal joué.
Marzouki, les séquelles de ses erreurs sont toujours là
Dans le cas du duel Caïd Essebsi-Marzouki a été sanctionné parce que le sortant était «un anti-président par excellence». Durant son mandat, il a été le chef d’un clan et non d’un peuple. C’est pour dire qu’il a commis beaucoup d’erreurs. Entre autres, il a accepté, sans réagir à un aucun moment, que la Troïka déstructure, dans l’impunité la plus totale le pays, sa diplomatie et son économie. Pis, pour des raisons électoralistes, il a été scissionniste. Il a divisé le pays entre sudistes et nordistes. Mais l’intelligence des Tunisiens et leur homogénéité ethnique ont été plus fortes que ses desseins séparatistes.
Aujourd’hui, il fait partie de l’Histoire mais les séquelles de ses erreurs sont toujours là. Après son départ, la Tunisie est toujours confrontée au terrorisme et à la contrebande. Des centaines de jeunes djihadistes tunisiens sont en train de mourir en Syrie pour une cause qui n’est pas la leur, des journalistes sont kidnappés en Libye alors que la Tunisie héberge plus de eux millions de Libyens. Et la liste des bourdes est loin d’être finie…
BCE est attendu au tournant
Quant au gagnant Béji Caïd Essebsi, il est certes en ce moment le premier président élu au suffrage universel. Il se doit, néanmoins, de comprendre que son élection n’a été possible que grâce à un vote massif utile et que ce vote n’est pas un chèque en blanc. Plus simplement, sa survie dépend de sa capacité à honorer les engagements qu’il a pris en prêtant serment conformément à l’article 76 de la Constitution.
Ces mêmes engagements qui lui font assumer la lourde responsabilité de préserver l’indépendance de la Tunisie et son intégrité territoriale, de respecter sa Constitution et sa législation, de veiller sur ses intérêts et de lui être loyal. Faute de quoi, il sera soumis à la grande technique made in Tunisia, «Dégage».