émissement de la reprise économique (Photo : Fred Dufour) |
[06/01/2015 15:03:39] Paris (AFP) Les Français ont meilleur moral et l’activité du secteur privé rebondit selon deux indicateurs publiés mardi, peut-être révélateurs d’un frémissement de la reprise économique à laquelle le président Hollande avait fait allusion la veille.
L’indicateur mesurant le moral des ménages français, publié chaque mois par l’Insee, a continué de s’améliorer en décembre après déjà un sursaut en novembre, passant ainsi de 86 à 90 en deux mois. Il reste bien sûr en deçà de sa moyenne depuis 1987 (100) mais atteint une valeur jamais vue depuis juin 2012.
Dans le même temps, selon l’indice composite PMI des directeurs d’achat dans l’industrie comme dans les services, l’activité du secteur privé français a affiché à la toute fin 2014 sa meilleure performance depuis huit mois. Il se situe à 49,7 points, soit de plus en plus près de 50, qui délimite la sortie de récession.
De quoi donner du coeur à l’ouvrage au gouvernement, toujours en négociations avec Bruxelles qui menace la France de sanctions si celle-ci ne réduit pas son déficit public davantage que prévu en loi de finances.
Lundi, François Hollande a promis qu’il ferait “tout pour que la croissance soit la plus haute possible, pour que nous ayons plus de 1% de croissance” en 2015, laissant entendre qu’il espérait un retournement de conjoncture, aussi léger soit-il.
De quoi presque crier victoire pour Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques, interrogé par l’AFP.
Comme la plupart des autres économistes, il explique ce sursaut par le maintien durable d’un euro sous les 1,20 dollar, la baisse des prix du pétrole et la “montée en charge” des mesures gouvernementales en faveur des entreprises et du pouvoir d’achat des ménages. Soit “un alignement d’éléments favorables, exogènes et internes, avec aussi le ralentissement de la consolidation budgétaire”.
“On peut s’attendre en 2015 à être au delà de 1% de croissance sur l’ensemble de l’année, avec des trimestres autour de 0,3% ou 0,4%”, avance-t-il. Pour lui, même “le pari sur le chômage peut commencer: on est à la frontière de la stabilisation voire la légère inversion sur 2015”.
– Consommer ou épargner ? –
Mais, nuance l’économiste, il est encore trop tôt pour fanfaronner car le risque déflationniste demeure.
énages (Photo : J-M.Cornu/V.Lefai) |
“Etant donné la situation économique et le choc que l’économie a subi depuis 2008”, la conjoncture peut aussi ne pas se retourner suffisamment pour “inverser la mise en place d’une spirale déflationniste”.
Plus prudent, Michel Martinez, économiste chez Société générale, reconnaît que ces indicateurs en hausse vont “dans le bon sens mais il faut avoir en tête qu’on part d’une situation faible”. Lui-même “table” sur la poursuite de cette amélioration de la confiance mais de façon plus “graduelle”.
“Les baisses des prix du pétrole, de l’euro, les baisses d’impôts, ça met du temps à se traduire dans les faits pour les ménages et les entreprises”, justifie l’économiste auprès de l’AFP, insistant également sur la persistance de la menace déflationniste avec une inflation à son plus bas en novembre, à 0,3% sur un an après 0,5% en octobre.
“Le risque c’est le report des décisions de consommation pour les ménages et d’investissements pour les entreprises”, analyse M. Martinez.
Une autre inquiétude réside dans les choix que feront les ménages français, toujours minés par un fort taux de chômage: consommer ou épargner. Dominique Barbet, économiste de BNP Paribas estime dans une note, qu’il s’agit de “la question clé” à laquelle il est encore trop tôt pour répondre.
En décembre en effet, la proportion des Français jugeant opportun d’épargner a augmenté de neuf points alors que la part de ceux pour qui il est judicieux d’effectuer des achats importants a baissé de deux points.