ésident vénézuélien Nicolas Maduro, le 25 octobre 2014 à Caracas (Photo : Juan Barreto) |
[06/01/2015 17:08:50] Caracas (AFP) Le président vénézuélien Nicolas Maduro se rend en Chine mardi dans l’espoir d’obtenir un nouveau soutien financier pour le pays sud-américain, extrêmement fragilisé par la chute des cours du pétrole.
Le géant asiatique est devenu un allié stratégique de Caracas pendant les quinze années de la présidence d’Hugo Chavez, le prédécesseur de Nicolas Maduro.
Il est aujourd’hui son principal investisseur et le deuxième importateur de pétrole vénézuélien derrière les Etats-Unis, avec un volume moyen de 640.000 barils par jour.
L’objectif est de porter ce total à un million de barils/jour dans les prochaines années et de stimuler le commerce bilatéral, qui atteignait 20 milliards de dollars en 2012.
Cette visite survient alors que le pays, en récession, est dans une impasse, avec une inflation astronomique (64% en un an fin 2014) et la pénurie de près d’un tiers des produits de première nécessité.
Le Venezuela serait proche du défaut de paiement, selon de nombreux analystes, et sa situation s’aggrave de jour en jour avec la chute des cours du pétrole, même s’il dispose des plus importantes réserves de brut au monde.
C’est “une tournée très importante”, “pour s’attaquer à de nouveaux projets dans les circonstances qui frappent notre pays, dont la perte de revenus due à la chute spectaculaire des prix du pétrole”, a déclaré le président.
Selon l’économiste Asdrubal Oliveros, Nicolas Maduro profitera de ce déplacement pour réclamer un nouveau coup de pouce de la part de la Chine, qui lui a déjà octroyé ces dernières années 42 milliards de dollars de prêts à long terme, dont au moins 24 milliards ont été versés, selon les chiffres officiels.
L’un des prêts accordés par Pékin en échange de pétrole vénézuélien, de 4 milliards de dollars, doit être renouvelé en février, mais Caracas “veut obtenir davantage de ressources que le renouvellement de cette ligne de crédit”, assure l’économiste à l’AFP, car “les besoins de financement du Venezuela dépassent les 20 milliards de dollars en 2015”.
Toutefois, “la Chine est réservée” quant à la perspective d’augmenter son aide en raison de “la façon dont sont gérés ces fonds et de l’usage qui en est fait, des manquements du Venezuela dans ses livraisons de brut et de l’absence d’un plan structuré d’ajustement économique, clairement nécessaire dans la conjoncture actuelle”, souligne-t-il.
– Les Vénézuéliens désabusés –
ésident vénézuélien Nicolas Maduro, le 20 juillet 2014 à Caracas (Photo : Federico Parra) |
Le président vénézuélien devrait aussi, au cours de sa tournée, faire valoir une fois de plus ses arguments en faveur d’une réduction de la production de brut afin de faire repartir les prix à la hausse.
Après une étape lundi en Russie, pays producteur mais non membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), il se rendra, outre en Chine, dans “plusieurs pays de l’Opep pour poursuivre les efforts au plus haut niveau en vue d’une stratégie de reprise” des cours, a-t-il annoncé dimanche, sans préciser lesquels ni à quelles dates.
Cependant, les Vénézuéliens sont désabusés : 86% d’entre eux jugent mauvaise la situation, selon une enquête de Datanalisis, et la popularité de Nicolas Maduro a chuté à 22,6%.
“La situation que nous vivons est due aux mauvaises politiques appliquées pendant de nombreuses années”, raconte à l’AFP une habitante de Caracas, Jacqueline de Velasquez.
“Ils nous parlent depuis l’année dernière de mesures (…) mais nous ne savons même pas sur quoi elles vont porter et encore moins, quel impact elles auront sur nous”, ajoute-t-elle dans un soupir.
Dans ce pays qui applique un contrôle strict des changes depuis 2003, les économistes prévoient que le gouvernement dévaluera bientôt le bolivar pour compenser l’effondrement des prix du pétrole, qui représente 96% de ses ressources en devises mais dont le cours a chuté de moitié en 2014, à 47,05 dollars le baril.
Toutefois si Caracas réduit encore la valeur du bolivar, les prix de nombreux produits, majoritairement importés, devraient grimper.
Ainsi, alors que l’essence ne coûte dans ce pays que 0,015 dollar par litre, l’eau minérale est pour sa part vendue deux dollars le litre.
“L’essence ils nous en font cadeau, mais pour tout le reste ils nous volent!” peste Angel Montilla, employé d’une station-service de la capitale.
“Que fait-on avec de l’essence offerte, si la nourriture est hors de prix? Nous sommes en faillite, il n’y a rien à faire!”.