Une sortie de la Grèce de la zone euro pourrait coûter cher aux Français

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ènes quitte la zone euro, la France pourrait avoir à régler une facture salée, selon plusieurs experts (Photo : Philippe Huguen)

[06/01/2015 18:14:46] Paris (AFP) Si Athènes quitte la zone euro, un chiffon rouge agité par Berlin à l’approche des législatives en Grèce, la France pourrait avoir à régler une facture salée, selon plusieurs experts : théoriquement jusqu’à 644 euros par habitant, avance l’un d’eux.

Entre le prêt bilatéral de 11,39 milliards d’euros accordé en 2010 et les garanties apportées sur l’emprunt octroyé par le FESF (Fonds européen de stabilité financière) en 2012, à hauteur de 31,02 milliards d’euros, ce sont 42,41 milliards d’euros de l’État qui sont en jeu, détaille Éric Dor, directeur des études économiques à l’Ieseg School of Management.

Pour les Allemands, l’exposition à la Grèce représente selon ses calculs 56,47 milliards d’euro, ou 699 euros par habitant. L’institut allemand IFO, qui ajoute à cette somme diverses contributions versées depuis 2012, estime que l’addition pour Berlin pourrait s’élever au total à près de 76 milliards d’euros.

“C’est une image de l’exposition globale de la dette à la Grèce”, commente Éric Dor. “Mais on risque de ne pas aller jusqu’aux extrémités”, nuance-t-il aussitôt. Si le scénario, encore très hypothétique, d’une sortie de la Grèce de la zone euro se réalisait, “on irait sûrement vers une renégociation de la dette plutôt que vers un méchant défaut pur et simple” du pays.

Athènes vit en effet depuis 2010 sous perfusion de ses créanciers internationaux qui se sont engagés à lui prêter environ 240 milliards d’euros en échange d’une austérité drastique.

Au-delà de la perte liée à la dévalorisation des actifs grecs, la menace d’une sortie d’Athènes de la zone euro est porteuse de risques plus diffus pour les contribuables français.

“On craint surtout un emballement financier”, relève Thomas Grjebine, économiste au CEPII, centre de recherche français dans le domaine de l’économie internationale.

“Si les investisseurs ne sont pas rassurés sur la solidité réelle de la zone euro, on pourrait connaître une augmentation des taux d’intérêt, actuellement très faibles, et donc des coûts d’emprunt”, explique le spécialiste. “C’est le principal risque” pour le portefeuille des Français, avance-t-il.

La France, qui bénéficie en ce moment de taux d’emprunt au plus bas, pourrait alors aussi être victime d’une “pression accrue” de la part de la Commission européenne pour la réduction du déficit, ajoute Thomas Grjebine. Un frein supplémentaire à la reprise de la croissance, une autre mauvaise nouvelle pour les Français.

Du côté des banques hexagonales, qui se sont beaucoup désengagées du pays ces dernières années, c’est le Crédit Agricole qui est le plus exposé avec 3,5 milliards d’euros de prêts accordés au secteur privé, selon une note de JPMorgan Cazenove. Une exposition importante liée à des crédits accordés essentiellement à des armateurs grecs.

Suivent BNP Paribas (700 millions d’euros), Société Générale (400 millions) et Natixis (200 millions).